08 septembre 2023
La prestigieuse revue scientifique internationale Nature a publié, ce mardi 5 septembre, un édito intitulé « L’hypocrisie qui menace les océans du monde » reflétant l’inquiétude de la communauté scientifique qui assiste, impuissante, à la destruction accélérée de l’océan et du climat en raison de l’incurie des politiques.
L’éditorial de Nature souligne « l’incohérence entre les promesses et les actions des champions auto-proclamés de l’océan » en citant nommément le Président de la République Emmanuel Macron qui a organisé la conférence « One Ocean Summit » à Brest de février 2022, devenue un symbole du greenwashing environnemental, et qui a multiplié les efforts diplomatiques pour que la France accueille la prochaine Conférence des Nations unies sur l’Océan à Nice en juin 2025, alors que le gouvernement s’oppose à toute mesure de protection des écosystèmes marins en France et jusque dans l’océan Indien.
Cet article révèle que malgré le matraquage de communication écologique du gouvernement et les proclamations de « Haute Ambition pour la Nature et les Peuples », l’imposture de la politique française en matière de protection de l’océan ne trompe plus personne sur la scène internationale.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a fait une masterclass de la « méthode Macron » à la matinale de France Inter le 7 septembre en invoquant comme preuve de leur performance écologique une liste de conférences organisées par la France. Mais organiser des conférences et proclamer des annonces n’est pas protéger l’océan.
Charge au gouvernement de se ressaisir et de prendre les mesures nécessaires pour que la Conférence des Nations unies sur l’océan ne se transforme pas en malaise diplomatique international en se résumant à une opération de marketing environnemental de plus.
Depuis son discours de juin 2017 pour #MakeOurPlanetGreatAgain, le Président de la République Emmanuel Macron a multiplié les initiatives et sommets internationaux en matière de protection de l’environnement, sur le climat, les forêts, la finance… et l’océan. Grand régulateur du climat, ce dernier est devenu ces deux dernières années une pièce maîtresse dans l’opération de marketing environnemental menée par l’Élysée (voir « Pour aller plus loin »).
Mais, face aux efforts diplomatiques mettant en scène une France et un Président de la République déterminés à protéger l’océan et à « faire de la France cette grande nation océanique », la communauté scientifique voit surtout une série de renoncements et de manœuvres qui « sapent le progrès vers une durabilité globale de l’océan ». Et la revue Nature de conclure :
« il ne s’agit pas ici seulement d’évoquer la larme à l’œil notre attachement à l’égard de notre belle planète bleue : les moyens de subsistance de centaines de millions de personnes dépendent des océans et de la vie qu’ils abritent. Les scientifiques peuvent faire beaucoup pour assurer la viabilité des océans. Mais pour remettre l’ODD 14 sur les rails d’ici à 2030, les dirigeants mondiaux doivent tenir les promesses qu’ils ont faites dans leur discours. »
Car, au-delà des grandes annonces, la France a pris fait et cause pour les lobbies de la pêche industrielle à Paris, à Bruxelles, et dans les instances internationales. Une politique cynique et sans concession, qu’il s’agisse de se battre contre l’interdiction des méthodes de pêche destructrices dans les aires marines « protégées », ou de défendre coûte que coûte, de façon non démocratique, les intérêts de la pêche thonière française dans l’océan Indien (voir « Pour aller plus loin »).
C’est cette politique publique française, qui dédaigne les recommandations scientifiques et bafoue l’intérêt général en corrompant les processus démocratiques afin de contenter un lobby de la pêche industrielle arc-bouté sur la défense du statu quo, que la revue scientifique Nature dénonce dans son dernier numéro.
Dans son éditorial, Nature dénonce explicitement ce double jeu de la France en amont de la Conférence des Nations unies sur l’océan : « La France, qui accueillera la prochaine Conférence des Nations unies sur l’océan en 2025, s’oppose à une mesure visant à exclure des zones marines protégées de l’Union européenne une pratique de pêche destructrice, le chalutage de fond. »
De même, Nature alerte sur les décisions antiécologiques prises par l’UE afin de défendre les intérêts des flottes industrielles françaises et espagnoles : « L’UE elle-même (…) s’est opposée aux mesures de conservation dans l’océan Indien qui permettraient d’enrayer la surpêche chronique du thon albacore. Les navires français et espagnols pêchent jusqu’à un tiers du thon dans ces eaux à l’aide de dispositifs de concentration de poissons – de grandes structures flottantes en bois ou en plastique qui attirent les poissons, y compris les juvéniles, et sont associées à des pêcheries non durables. »
Un tel éditorial devrait constituer, à Paris et à Bruxelles, un signal d’alarme, tant la multiplication des initiatives diplomatiques ne peut cacher le caractère néfaste de l’action présidentielle. Pour que la prochaine Conférence des Nations unies sur l’océan ne tourne pas au fiasco, la France doit se ressaisir.
Il y a urgence.
Dans les tous prochains mois, la France définira sa « Stratégie nationale mer et littoral », ses « Documents stratégiques de façade » et son « Plan d’action pour l’océan ». Avant le lancement annoncé pour septembre 2024 d’une « Année de la Mer », Emmanuel Macron a toutes les cartes en main pour démontrer que sa volonté affichée de protéger l’océan n’est pas le dernier avatar d’une politique de marketing environnemental contredite point par point dans les faits.
Accueillir des conférences et faire des promesses n’a aucun impact sur la protection de l’océan. Ce qui compte, ce sont les politiques publiques, et dans ce domaine, la France contribue sciemment à sa destruction. En février 2023, lorsque la Commission européenne appelait les États membres de l’UE à mettre en œuvre une législation européenne vieille de trente ans pour la protection de nos aires marines supposément « protégées », les masques tombaient. Durant tout le mois de mars 2023, dans le sillage d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne, le Secrétaire d’État à la mer Hervé Berville enchaînait les mensonges, au Sénat, à l’Assemblée nationale, au Conseil de l’Union européenne, affirmant sans trembler que la France était « totalement, clairement et fermement opposée à l’interdiction des engins de fond dans les aires marines protégées ». Une campagne de communication mensongère de grande ampleur qui prenait fin avec le blocage des ports, l’incendie des bureaux de l’Office français de la biodiversité à Brest, une défaite diplomatique à Bruxelles, et une remise en cause de toute ambition en matière de protection des écosystèmes marins.
Au même moment, les États côtiers de l’océan Indien arrachaient une première victoire pour la protection des écosystèmes marins et des économies côtières, en adoptant à l’arrachée une résolution d’interdiction d’une méthode de pêche ultra destructrice, adulée par les pêcheurs de thon français et espagnols pour son ultra-efficacité : les « dispositifs de concentration de poissons ». Sous pression des lobbies industriels et de leurs relais politiques au niveau européen et français, 11 pays — tous intimement liés aux intérêts économiques de ces lobbies — ont obtenu l’annulation de cette résolution cruciale. La lutte contre la surpêche et le néocolonialisme attendra bien quelques années de plus.
La France a joué un rôle de premier plan dans cette folie destructrice : elle a même mis à disposition du lobby thonier européen la personne clé de son administration dans le but de court-circuiter toute ambition environnementale ; mise à disposition pour laquelle le Parquet national financier a ouvert une enquête en décembre 2022 pour conflits d’intérêts, à la suite des révélations de BLOOM et d’Anticor.
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