31 mars 2023
Dans la nuit du 30 au 31 mars 2023, les bureaux de l’Office français de la biodiversité (OFB), l’administration publique en charge de la protection de la biodiversité et de la gestion des aires marines protégées (AMP), brûlaient à Brest.
Cet incendie intervient après dix jours de mobilisation des pêcheurs, alimentée par les mensonges pyromanes du Secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville, qui a soufflé sur les braises du mécontentement de la réforme des retraites pour rendre impossible une véritable protection de l’océan et de la pêche artisanale.
Décryptage des mensonges successifs d’Hervé Berville.
« Le gouvernement est totalement opposé à cette communication et à la mise en œuvre de l’interdiction des engins de fond dans les aires marines protégées. Totalement, clairement, et fermement. (…) C’est une prime aux mauvais élèves, parce que tous les pays qui ont mis des AMP se retrouvent désormais sanctionnés et obligés d’interdire ces engins de fond. »
Décryptage : après s’être fait passer pour la championne de la protection maritime et avoir clamé sur toutes les scènes internationales que nous protégions « plus de 30% de nos eaux », la France fait tomber les masques et assume désormais de s’opposer formellement à la protection de l’océan et même à la protection… des zones protégées ! C’est kafkaïen.
Mensonge : Le secrétaire d’Etat assume publiquement son prisme inversé : pour lui, les « bons élèves » sont ceux qui, comme la France, ont mis en place des aires marines protégées (AMP) complètement bidon qui ne servent strictement à rien puisqu’elles n’interdisent aucune activité destructrice. Les « bons élèves » selon Hervé Berville sont donc ceux qui détruisent l’océan et ont créé des « parcs de papier » comme en France où moins de 0,1% des eaux métropolitaines sont réellement protégées au sens de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Remettons les choses dans l’ordre, les seuls « bons élèves » sont ceux qui protègent réellement l’océan et ont mis en oeuvre le droit européen en appliquant la « Directive Habitats » (1992) qui requiert, entre autres, de protéger les fonds marins, notamment dans les zones Natura 2000. Si nous étions un tant soit peu sérieux, nous aurions déjà un réseau d’AMP dignes de ce nom, qui aurait régénéré la vie marine et les captures des pêcheurs.
Si nous avions de vraies AMP, les pêcheurs en seraient les premiers défenseurs car ils ne sauraient plus s’en passer.
« Je vais le redire très clairement, la France est opposée à ce plan de la Commission car, littéralement, ce plan condamnerait la pêche artisanale française et l’amènerait à disparaître. Pas dans 10 ans, demain (…) et surtout amènerait, ce qui a été évoqué par Pierre Karleskind, par Sébastien Jumel et par d’autres aussi, à ce qu’on ait simplement de la pêche industrielle dans nos territoires. »
Mensonge ENORME 1 : Les AMP permettent précisément de protéger la pêche artisanale puisqu’elle seule est autorisée à pêcher dans les aires protégées ! C’est tout le contraire de ce que prétend H. Berville dans un mensonge sidérant.
Les AMP forment l’assurance vie de la pêche artisanale et permettent justement de mettre fin à la concurrence déloyale que les pêcheurs artisans subissent en étant confrontés sur leurs zones de pêche quotidiennes à des machines de guerre industrielles, des navires monstrueux de plus de 80 m de longueur parfois, qu’Hervé Berville refuse de chasser des eaux côtières malgré nos demandes, conjointement portées avec les pêcheurs, parce que le seul mandat auquel il est fidèle, c’est la protection des intérêts industriels.
Quant à la pêche côtière semi-industrielle (12-25 m), tout l’enjeu d’une planification visant non seulement la minimisation des impacts écologiques mais le maintien et même la création d’emplois (ce qui est parfaitement possible si on choisit d’en faire une prioritié plutôt que de soutenir la destruction des emplois générée par l’échelle industrielle), est de donner les moyens à la pêche côtière de se convertir vers des techniques à faible impact. C’est un impératif écologique et social qu’il serait facile d’atteindre si le pouvoir politique ne protégeait pas les industriels qui veulent faire les marges maximales sur les achats les moins chers possibles.
Mensonge ENORME 2 : Avec des AMP, on aurait donc exactement l’inverse de ce qu’affirme H. Berville : on mettrait fin à l’emprise de la peche indsutrielle sur au moins 30% de notre territoire d’ici 2030. En revanche, si on laisse faire ce membre de gouvernement se comportant en lobbyiste décomplexé des industriels, on garantit en effet à la pêche artisanale sa disparition.
Pour rappel, Hervé Berville a trahi les pêcheurs français qui avaient gagné, avec BLOOM, l’interdiction de la senne démersale au Parlement européen mais qu’Hervé Berville a refusée en trilogue à Bruxelles en favorisant les industriels néerlandais destructeurs et en abandonnant les pêcheurs français à leur disparition programmée, comme le gouvernement l’avait fait pour la pêche électrique. Relisez notre communiqué pour vous rafraîchir la mémoire.
« La France, par rapport à cette proposition d’interdire les arts trainants dans les zones Natura 2000 en 2024 et dans les AMP en 2030, est opposée, simplement et fermement. (…) [Cette proposition] ne créé aucune distinction dans les différentes techniques de pêche utilisées et elle demande une interdiction aveugle en ne prenant pas en compte la nécessité, comme c’est d’ailleurs demandé dans les règles européennes, d’avoir un traitement individualisé « AMP par AMP » avec une vraie prise en compte des spécificités. Et donc, pour être très clair et très simple, si cette proposition venait à être mise en œuvre, ce serait la condamnation pure et simple de la pêche artisanale française, de la pêche artisanale européenne, pas dans 20 ans, pas dans 10 ans, demain, en 2024. (…) Ce plan aurait pour conséquence, vraiment, une fragilisation voire une disparition totale de nos pêcheries artisanales. (…) On peut et nous devons baser toutes nos décisions sur la science. Et la science a démontré que nous pouvons concilier plusieurs objectifs en même temps. » (A partir de 10:37:56)
Mensonge 1 : L’échéance de 2024 s’applique uniquement aux aires Natura 2000 désignées pour la protection des fonds marins (« designated under the Habitats Directive that protect the seabed and marine species »).
Mensonge 2 : Pour l’ensemble des aires marines protégées, l’échéance est 2030.
Mensonge 3 : Ce plan opère une distinction très nette, puisqu’il ne cible QUE les techniques de pêche qui raclent les fonds marins (« mobile bottom fishing »). Toutes les autres techniques de pêche peuvent être pratiquées dans les aires marines protégées comme si de rien n’était.
Mensonge 4 : La nécessité de mettre fin aux techniques de pêche qui raclent les fonds fait l’objet d’un consensus scientifique mondial, entériné lors du Congrès mondial de l’UICN de Marseille en 2021, qui fait référence en la matière. Voir également l’appel de 300 scientifiques adressé à la Commission européenne en septembre 2022.
« Le gouvernement comprend et partage les inquiétudes des pêcheurs », assure @HerveBerville, avant d’affirmer que lui-même partage leur colère face à la décision de la Commission européenne d’interdire des « techniques de pêche vitales pour l’économie de nos territoires ». #QAG pic.twitter.com/8LsC4VKTOo
— LCP (@LCP) March 28, 2023
« Le gouvernement comprend et partage les inquiétudes des pêcheurs et surtout je partage l’exaspération et la colère face à la proposition de la Commission qui viserait à interdire, pas dans 10 ans, demain, la drague notamment et d’autres techniques de pêche qui sont vitales pour l’économie de nos territoires et surtout qui ont fait la démonstration qu’on pouvait concilier activités économiques et préservation de l’habitat. C’est pourquoi, dès le 8 mars, j’ai annoncé au Sénat que la France était totalement opposée à ce plan de la Commission et que le Président de la République et la Première Ministre au Salon de l’agriculture l’ont également redit. »
Mensonge 1 : L’interdiction de la drague et du chalut de fond ne concerne pas toutes les eaux mais uniquement les aires marines protégées. Mais étant donné qu’il n’y a, en résumé, quasiment aucune AMP en France, le sujet serait de commencer par arrêter d’appeler AMP tout et n’importe quoi.
Mensonge 2 : La drague détruit l’habitat, cette pratique n’est pas compatible avec la protection du fond marin;
Mensonge 3 : La pêche à la drague n’est pas envisageable dans les *vraies* aires marines protégées. Mais si la drague est vitale à l’emploi dans certaines zones de production de coquilles (qui s’apparentent plus à de l’aquaculture en mer avec ensemencement), alors la question est double :
Notre vision est que les derniers lieux à devoir être protégés en France du point de vue des habitats marins sont sans doute les zones de production majoritaires de la coquille. Il n’y a pas de raison qu’une transition écologique y soit impossible mais cela demande beaucoup de dialogue, de réflexion, de recherches de solutions alternatives et de confrontations avec la réalité économique. Il y a bien d’autres endroits à protéger en priorité que les zones à coquilles. Si la France arrêtait de mentir sur ses AMP, on retirerait ces appellations fantasques et on commencerait le vrai travail : aujourd’hui, il y a 0,005% d’AMP sur la côte Manche et Atlantique. Tout reste à faire en matière de désignation de *vraies* zones protégées. On part de presque zéro.
« En la matière, il faut être précis sur le sujet. Cette décision ne vise pas à interdire le chalutage, mais à interdire tous les engins mobiles de fonds. Et donc ça voudrait dire, pour les Bretons qui nous écoutent, qu’en 2024, nous devons dire à nos pêcheurs à la coquille, qui ont montré depuis des décennies qu’ils protègent la ressource, qui la valorisent, qu’ils doivent arrêter purement et simplement leurs activités. Il faudrait aussi dire aux producteurs d’huîtres plates du sud de la Bretagne qu’il faut stopper toute activité en 2024, aux pêcheurs artisanaux côtiers, qu’il faut arrêter toute activité. »
Mensonge : En ‘freestyle’ total, Hervé Berville laisse roue libre à son imagination, dans une forme de délire sans filtre, sans plus aucune retenue éthique ou ne serait-ce que souci de vraisemblance, le secrétaire d’Etat à la mer prend une posture de prédicateur médiéval apocalyptique et annonce la mort de la toute la filière pêche.
Hervé Berville a quitté le réel. Il n’évoque plus les aires marines protégées, mais parle d’une interdiction sur l’ensemble du littoral qui s’appliquerait à toutes les techniques de pêche utilisées par les pêcheurs artisanaux côtiers. Cette prétendue interdiction de tous les engins de fond d’ici 2024, sortie de sa seule imagination fertile, révèle un exercice du pouvoir dangereux pour la France. La propension pathologique au mensonge d’Hervé Berville a mis les ports de pêche à feu et à sang. Les conséquences de propos aussi faux sont concrètes, douloureuses, coûteuses et dangereuses : les pêcheurs sont matraqués et gazés par la police, les bureaux de l’office français de la biodiversité ont brûlé à Brest. Hervé Berville doit répondre de ses propos incendiaires et mensongers qui ont échauffé les esprits et semé le chaos.
« La France « dépend à plus de 80 % des importations pour les produits de la pêche », avait également rappelé Hervé Berville. Interdire les engins de fond des aires marines protégées relèverait donc d’une « folie pour la souveraineté alimentaire ». »
Mensonge : La souveraineté alimentaire ne dépend pas de la coquille St Jacques et de l’huitre plate, données systématiquement en exemple par Hervé Berville. Au contraire, le chalutage détruit l’habitat et engendre une forte part de captures accessoires (jusqu’à 75% pour la pêche au chalut à perche).
« Le gouvernement se bat depuis des mois pour la filière, a affirmé Hervé Berville. Que ce soit pour la civelle ou les aides carburants, nous agissons. Mais il reste beaucoup à faire. La proposition de la Commission européenne (NDLR : d’interdire les arts traînants dans les aires marines protégées) a été ressentie comme un coup de massue par la profession. Nous allons continuer à soutenir les pêcheurs, à affirmer que cette proposition n’est pas acceptable et signifierait la condamnation de la pêche artisanale. »
« Arrêtons de caricaturer ! Les pêcheurs sont les premiers protecteurs de la ressource, ils n’ont pas attendu les ONG pour s’y mettre. Ils vont la chercher au péril de leur vie ! Interrogeons-nous plutôt, tance le secrétaire d’État. Que veut-on pour notre pays ? Nous voulons que cette filière existe et qu’elle reste la plus durable du monde. »
« Nous sommes fiers de nos pêcheurs. Il faudra un arbitrage : la politique de la pêche ne se fait pas devant les tribunaux, nous sommes une démocratie. J’irai d’ailleurs à Bruxelles la semaine prochaine (NDLR : Hervé Berville, déjà présent à Bruxelles lundi 20 mars dans le cadre du conseil pêche, doit s’y rendre cette fois-ci avec une délégation de pêcheurs pour parler spécifiquement du plan de la commission, le jour reste à définir) pour vous défendre. En attendant, il y a notamment 20 millions d’euros alloués pour moderniser les navires, il faut aller les chercher ! »
Mensonge 1 : Le gouvernement français a trahi les pêcheurs sur la senne démersale et laisse des chalutiers géants ravager les eaux territoriales françaises.
Mensonge 2 : Les aires marines protégées ne détruiront pas la pêche artisanale. Au contraire, 20% des eaux seront réservées à la petite pêche artisanale.
Mensonge 3 : « Les pêcheurs sont les premiers protecteurs de la ressource » ? La pêche industrielle est la première cause de destruction de l’océan selon l’IPBES, le panel d’experts sur la biodiversité.
Mensonge 4 : « La politique de la pêche ne se fait pas devant les tribunaux, nous sommes une démocratie. » Lorsqu’un État ne respecte pas des lois votées démocratiquement, la justice devient le dernier garant de l’intérêt général.
Mensonge 5 : Ce n’est pas la modernisation des navires qui va sauver le secteur. L’argent public doit être utilisé pour entamer une vraie transition du secteur. L’hémorragie ne s’arrêtera pas avec un pansement sur une jambe de bois.
« Je viens écouter les pêcheurs et représentants de la filière. Leur dire ce qu’on va continuer de faire pour les défendre et porter le combat contre la proposition de la Commission européenne, qui condamnerait la pêche française. »
Mensonge : Dans un mensonge paroxystique et un immense cynisme politique, Hervé Berville a instrumentalisé la question des AMP pour aller défendre les industriels en répétant les recettes de la ruine qui ont mené le secteur et l’océan à la faillite écologique et sociale à laquelle il fait face.
Retirez les politiques de l’équation, laissez les ONG, les citoyens, les pêcheurs et les scientifiques discuter avec méthode et données objectives, et nous trouverons des solutions concertées et ambitieuses.
Au lieu de régler les problèmes de la société, le gouvernement les génère.
La faillite politique est totale.
07 octobre 2022
Aujourd’hui, près de la moitié de la pêche industrielle ayant lieu dans la Zone économique exclusive française (ZEE) se déroule dans des zones dites « protégées », en dépit de l’urgence absolue de répondre à la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Ainsi, malgré les engagements de l’Union européenne et de la France de protéger 30% de leurs eaux, dont un tiers en « protection stricte », la vaste majorité des aires marines dites « protégées » françaises ne limite aucunement les pratiques de pêche les plus destructrices et les plus énergivores.
24 novembre 2022
Une analyse réalisée par BLOOM révèle aujourd’hui que la « zone de protection renforcée » des Terres australes, dont le Président Macron s’est enorgueilli d’avoir triplé la surface au Sommet de Brest en février 2022, se trouve dans une zone qui n’a jamais été soumise à la pêche industrielle.
29 septembre 2022
C’est une trahison aux intérêts de la nation. Une trahison aux promesses faites à la jeunesse sur le climat. Un « accord sale » – un « dirty deal » – dont la France a l’habitude à Bruxelles. Aujourd’hui, lors de la réunion de trilogue qui s’est conclue au Conseil de l’UE à Bruxelles à 20h ce soir, la France s’est entêtée à défendre une technique de pêche dévastatrice, la senne démersale, contre la demande unanime des pêcheurs français, des citoyens et de 143 députés. L’interdiction de la senne démersale était une mesure urgente très attendue par les pêcheurs côtiers face à l’urgence de sauvegarder les ressources marines et leur fragile équilibre économique.