BLOOM est une association de loi 1901 à but non lucratif fondée en 2005 par Claire Nouvian. Entièrement dévouée à l’océan et à ceux qui en vivent, BLOOM a pour mission d’œuvrer pour le bien commun, la préservation de la biodiversité, des habitats marins et du climat en inventant un lien durable et respectueux du vivant entre les humains et la mer.
Les océans sont exsangues. Surexploités, pollués et dévastés par des méthodes de pêche destructrices, ils sont méthodiquement vidés de leurs extraordinaires richesses. Longtemps pensés inépuisables, les océans sont pillés jusqu’à épuisement, loin des regards et des préoccupations de l’opinion publique comme des décideurs politiques.
Le réveil est amer : méduses, algues et bactéries remplacent progressivement les poissons dans les écosystèmes1 Voir par exemple le cas de la Mer Noire : Bănaru et al. (2010) Man induced change in community control in the north-western Black Sea: the top-down bottom-up balance. Marine Environmental Research 69(4) : 262–275.. Les océans ne peuvent plus assurer les innombrables « services » qu’ils fournissaient en silence : outre une nourriture abondante – qu’il suffit de « cueillir » et non de produire-, l’absorption du CO2 et la régulation du climat.
Les pays industrialisés ont dû étendre leurs activités vers le large et les profondeurs2 Swartz et al. (2010) The spatial expansion and ecological footprint of fisheries (1950 to present). PLOS ONE 5(12): e15143.; des accords de pêche ont vu le jour pour accéder aux zones exclusives économiques des pays en développement 3 Le Manach (2014) Past, present and future of publicly-funded European Union’s fishing access agreements in developing countries. PhD thesis, University of University of British Columbia, Vancouver (Canada). xiii + 174 p.; des chercheurs estiment même que l’exploitation commerciale des poissons marins est telle (les grands prédateurs sont particulièrement touchés)4Christensen et al. (2003) Hundred-year decline of North Atlantic predatory fishes. Fish and Fisheries 4(1): 1-24. que leur pêche pourrait avoir disparu d’ici le milieu du siècle. 5 Worm et al. (2006) Impacts of biodiversity loss on ocean ecosystem services. Science 314(5800) : 787–790.
Ce qui se déroule est une catastrophe écologique, socio-économique et sanitaire. Le compte à rebours est enclenché pour endiguer la crise climatique et l’extinction des espèces.
Nos sociétés ont donné un blanc-seing aux industriels qui ont pris de très mauvaises habitudes et se comportent désormais en maîtres des lieux alors que les océans forment le plus grand bien commun de notre planète. Aucun de nous ne devrait accepter qu’un groupe restreint d’acteurs privés détruise un bien public sans autre motif que la quête de profit individuel. Nous voici face à une situation sans précédent : alors que la crise écologique met les écosystèmes sous tension et qu’il faudrait agir urgemment et avec détermination, un réseau très puissant d’industriels a phagocyté les structures de pouvoir et réussit à accroître chaque jour un peu plus son emprise sur les océans.
L’impact de cette pêche industrielle intensive ne se limite pas à la diminution de la taille des populations de poissons : certains engins de pêche tels que les chaluts de fond 6Watling and Norse (1998) Disturbance of the seabed by mobile fishing gear: a comparison to forest clearcutting. Conservation Biology 12(6) : 1180–1197., les filets maillant dérivants7Northridge (1992) La pêche aux filets dérivants et son impact sur les espèces non visées : étude mondiale. Document technique sur les pêches 320, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Rome (Italie). 124 p. et autres dispositifs de concentration de poissons8Dagorn et al. (2013) Is it good or bad to fish with FADs? What are the real impacts of the use of drifting FADs on pelagic marine ecosystems? Fish and Fisheries 14(3) : 391–415. ont un terrible effet sur la biodiversité marine et la structure des habitats.
Ce sont aussi de nombreux « services écosystémiques » gratuits qui sont perdus :
Cette surexploitation des ressources entraîne une perte d’emplois, le délitement du tissu social le long du littoral, et une iniquité croissante dans la répartition des captures et de la consommation des produits de la mer dans le monde. C’est donc une catastrophe écologique, socio-économique et sanitaire qui se profile.
La vision de BLOOM est de refuser cette fatalité, en prouvant que la mobilisation peut retourner la tragédie environnementale et humaine en cours. Seules une connaissance approfondie des enjeux et une mobilisation citoyenne massive sont de nature à défier la domination écrasante des industriels. Ces derniers ne sont pas les dieux de l’Olympe : ils ne détiennent aucun autre pouvoir que ceux qu’on accepte qu’ils aient. A nous de refuser la tragédie et d’écrire notre destin collectif. A nous d’être la voix des écosystèmes marins, des territoires et des peuples exploités, dans un même mouvement de défi de la logique industrielle méprisant la nature comme les humains.
Ensemble, il est permis d’aspirer à un autre rapport à la nature, de faire le vœu d’un équilibre harmonieux entre humains et non humains.
Ensemble, il est possible de rêver à l’avènement d’un monde qui perdure, qui utilise le défi du changement climatique pour repenser de fond en comble ses rapports malsains à l’altérité humaine et animale.
Ensemble, nous avons le pouvoir de réaliser nos rêves. L’union fera notre force et notre force sera notre humanisme.
Avant, nous chuchotions notre rêve d’un monde meilleur. Aujourd’hui, le monde sera meilleur ou il ne sera pas. Nous affirmons avec fierté nos préférences éthiques. Nous dénonçons haut et fort les malheurs d’un monde gouverné par le profit pour le profit. Un monde qui piétine la beauté, le bon et le bien. Nous rêvons d’un monde qui rende grâce aux vulnérabilités du vivant et des êtres humains et prenne en compte chaque individu, humain ou non humain.
BLOOM a fait le choix stratégique de conserver une petite taille et de focaliser son énergie et expertise autour de trois sujets clés :
Nos objectifs sont de protéger l’océan et les espèces marines tout en maximisant les emplois durables dans la pêche et l’aquaculture.
En premier lieu, nous devons prendre soin, restaurer, protéger.
Simultanément, nous devons lutter, résister, empêcher et opposer.
Enfin, nous devons transformer, inventer et construire.
Nous ne croyons pas à l’action « unique et magique » qui permettrait de résoudre seule les problèmes évoqués ci-dessus. Ainsi, nos progrès sont tangibles car nos objectifs se traduisent en trois axes d’action stratégique, chacun permettant de faire un effet de levier sur l’autre et d’augmenter ses chances de succès, sa visibilité, son efficacité.
Nos actions ciblent :
Découvrez le livret édité pour les 10 ans de BLOOM, une compilation de nos actions et de nos succès.
En anglais, « bloom » signifie fleurir, s’épanouir.
Ce mot caractérise le printemps et le retour de la vie après le sommeil de l’hiver. Dans l’océan, le « bloom » correspond au moment où le plancton se développe très vite et forme le premier échelon de la chaîne alimentaire.
Mais ce cycle vertueux peut être déséquilibré par les activités humaines, la pollution, la surpêche… Apparaissent alors des « blooms » d’algues, parfois toxiques, qui peuvent couvrir des surfaces gigantesques de l’océan et causer l’asphyxie des écosystèmes marins ou la prolifération de méduses.
Helicocranchia, petit calamar cochonnet qui a inspiré le logo de BLOOM
L’emblème de BLOOM est un petit calamar cochonnet, précisément du genre Helicocranchia. C’est l’une de ces créatures profondes minuscules, totalement méconnues de nous, victimes silencieuses du massacre de la biodiversité que nous laissons faire avec nos flottes de pêche industrielle. Ses yeux regardent en arrière comme s’il était traqué… car il l’est !
Un immense MERCI et BRAVO à Nathalie Fauchille qui a créé ce logo-mascotte. Depuis la création de BLOOM en 2005, notre petit calamar cochonnet a séduit, ému, amusé, intrigué… et n’a laissé personne indifférent !
*Stock : fraction de la population totale d’une espèce donnée, dans une région donnée, à l’exclusion des individus trop petits pour être capturés ou hors de portée des engins de pêche. Un « stock » correspond à une « unité de gestion », par exemple le « bar en Manche » ou la « plie en Mer du Nord ».