En 2007, Claire Nouvian dénonce, avec l’exposition « Abysses » dont elle est la créatrice et commissaire, les dégâts engendrés par les pêcheurs industriels en eaux profondes.
La pêche profonde résulte directement de l’épuisement des ressources marines dans les eaux de surface. Après avoir surexploité les stocks de poissons en surface, les flottes de pêche industrielles se sont tournées vers les grands fonds pour trouver la ressource qui leur faisait défaut. Cette logique inexorable de la surexploitation des ressources et de la destruction des milieux connaît un épisode particulièrement douloureux dans les grandes profondeurs car là, plus que n’importe où, existe un contraste violent entre l’immense efficacité technologique de l’outil industriel et l’excessive vulnérabilité de la faune et de l’environnement. La pêche en eaux profondes met en jeu le monde de la rapidité contre celui de la lenteur, le profit à court terme réservé à quelques-uns contre le bénéfice à long terme pour tous.
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Le chalutage profond a été unanimement reconnu par la communauté scientifique comme une aberration écologique pourfendant tous les principes de préservation de l’environnement, de partage équitable du bien commun entre nations et comme une entorse au principe de précaution. Seul le fait que ces pêches soient apparues historiquement dans un contexte de béance juridique internationale et d’ignorance scientifique les a rendues légales, mais en aucun cas légitimes.
Le principal acteur en Europe de la pêche profonde est… français ! Il s’agit de la Scapêche, la flotte de pêche du Groupement Les Mousquetaires (Intermarché, Netto, etc.), basée à Lorient (Morbihan).
En 2009 et 2010, lors du Grenelle de la Mer, BLOOM entame une bataille quotidienne contre le mensonge, la mauvaise foi, la manipulation politique et scientifique qui règnent au sein de la «mission» pêche profonde. Une bataille rangée de plusieurs années s’installe entre BLOOM et les lobbies industriels ; entamée en France, cette bataille va se poursuivre au niveau des institutions européennes jusqu’à la victoire, le 30 juin 2016.
La dessinatrice Pénélope Bagieu dénonce dans une BD savoureuse le scandale de la pêche profonde
Après quatre années de procédures législatives et près de quatre années supplémentaires de combat et de campagne de BLOOM contre le lobbying intense mené par les industriels de la pêche pour tenter d’empêcher, en amont, l’État français puis la Commission européenne de proposer l’interdiction du chalutage profond, un accord est enfin trouvé, le jeudi 30 juin 2016, entre les trois institutions européennes (Parlement, Conseil, Commission) scellant la réforme du règlement encadrant la pêche profonde européenne.
Les trois institutions adoptent une série de mesures importantes pour la protection des écosystèmes profonds européens, notamment l’interdiction du chalutage profond dans toutes les eaux européennes au-dessous de 800 mètres de profondeur et un mécanisme juridiquement contraignant de fermeture de zones abritant ou susceptibles d’abriter des écosystèmes marins vulnérables tels que des coraux.
Le règlement « pêche profonde » remplace celui de 2002, faible et inadapté, qui sert de cadre légal à la pêche profonde. Grâce à la campagne de BLOOM, l’Union européenne se dote ainsi d’un cadre règlementaire à la hauteur des résolutions votées par l’Assemblée générale des Nations Unies sur la pêche profonde.
Le discours de Claire Nouvian lors de la remise du Goldman Prize récompensant le combat de BLOOM pour l'interdiction du chalutage profond
Le Goldman Prize : un prix qui récompense Claire Nouvian et l’équipe de BLOOM
Je découvre les réglementations et grands principes qui encadrent la pêche profonde
Le chalutage profond : la méthode de pêche la plus destructrice de l'histoire, déficitaire et pourtant subventionnée