05 juin 2024
Le journaliste Erwan Seznec, qui publie notamment dans le journal « Le Point », publie, une nouvelle fois, un article à charge contre BLOOM.
Après un premier article en juillet 2023 faisant état de nos supposés conflits d’intérêts et à la suite duquel nous avons saisi la justice contre Le Point et M. Seznec pour diffamation, un nouvel article publié le 12 avril 2024, intitulé « La guerre du thon est déclarée (et c’est la fête du greenwashing) » s’inscrit dans la même veine.
Cet article accumule les allégations, approximations et erreurs, dans le but manifeste de nuire à BLOOM, tout en soulignant de prétendues dérives des “ONG [qui] témoignent de leur volonté de faire échouer toute politique visant à miser aussi sur le génie humain”. Une telle présentation passe sous silence les graves conséquences du déploiement de ce “génie humain”, à savoir des techniques pêche aux conséquences néfastes, notamment les fameux dispositifs de concentration des poissons (DCP). En l’occurrence, les industriels européens qui pêchent le thon dans l’océan Indien sont des entreprises françaises et espagnoles qui répètent à l’envi (par exemple le syndicat des thoniers français, Orthongel) que le problème ne provient pas d’eux, mais des Chinois !
Notre réponse détaillée aux affirmations mensongères et diffamatoires d’Orthongel
Notons que ces mêmes entreprises thonières françaises et espagnoles sont les seuls relais de l’article produit contre BLOOM. Par ailleurs, le timing de cet article se présentant comme une « enquête » n’a rien de fortuit : du 13 au 18 mai 2024, s’est tenue à Bangkok en Thaïlande, la réunion annuelle de la Commission thonière de l’océan Indien (CTOI), où les intérêts des industriels européens — qui ont aussi colonisé le secteur des pêches à Maurice et aux Seychelles, mais aussi en partie en Tanzanie et à Oman — sont écrasants. En parallèle, c’est aussi la région du monde où le thon tropical est le plus surpêché et où les industriels européens ont l’impact le plus important.
Depuis sa création en 1996, la CTOI a en effet régulièrement pointé du doigt la responsabilité des thoniers européens dans l’état de dégradation avancé des populations de thon de l’océan Indien, tout particulièrement à cause de leur utilisation incontrôlée des « dispositifs de concentration de poissons » (DCP), qui ne capturent quasiment que des individus juvéniles (qui ne sont donc pas encore reproduits), aux-côtés de nombreuses espèces fragiles de tortues marines et de requins. Encore en 2023, plusieurs documents produits dans le cadre de la CTOI démontrent, sans ambiguïté, que si les DCP étaient interdits, ou a minima drastiquement contrôlés, la reconstitution des populations de thons deviendrait rapidement une réalité.
notre série de rapports « TunaGate » pour plonger dans le détail de cette industrie destructric
Malgré ce contexte, d’après l’article et les experts qu’il cite (par exemple Xavier Leduc, Président de l’organisation de producteurs Orthongel (qui regroupe les thoniers senneurs tropicaux des entreprises Saupiquet/Via Océan, Sapmer et la CFTO), Président de l’Union des armateurs à la pêche de France, et ancien PDG de l’un des plus gros armements chalutiers français, Euronor), cette situation catastrophique ne serait en réalité due qu’à une seule personne : M. John Burton.
Oui, nous connaissons bien M. Burton. Ses intérêts dans la pêche à la canne aux Maldives (dont une fraction des captures est exportée au Royaume Uni par le biais de son entreprise World Wise Foods) explique que nous échangions avec lui depuis plusieurs années, que ce soit sur la question des pêches thonières dans l’océan Indien ou au sujet du très controversé label MSC (lire notre réponse aux affirmations mensongères et diffamatoires d’Orthongel pour plus d’informations). Notons que d’après l’article du « Point », l’entreprise de M. Burton ne pèse « que » 96 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 (ce chiffre inclut aussi des tomates, des pommes de terre, du saumon, etc.), alors que la pêche au thon dans l’océan Indien représente 2,6 milliards. Soit… 2 600% de plus ! À titre de comparaison, la CFTO, l’une des trois entreprises représentées par M. Leduc et qui ne fait, quant à elle, que de la pêche au thon (dans l’océan Atlantique également), a généré 101 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Aucune donnée plus récente n’existe pour cette entreprise, puisque — contrairement aux obligations légales — la CFTO n’a pas publié ses comptes depuis (nous avions d’ailleurs saisi le Tribunal de commerce en 2021 pour déjà forcer la CFTO à publier ses comptes de l’année 2020). Pour la Sapmer, une autre entreprise française qui pratique la pêche au thon dans l’océan Indien,[1] ce sont 80,4 millions en 2021, et Via Océan (anciennement Saupiquet ; la troisième entreprise thonière française) 19, 4 millions. À ces entreprises françaises doivent être ajoutés les acteurs espagnols, encore plus puissants dans la région. Citons par exemple l’entreprise Albacora, 129 millions de chiffre d’affaires en 2022, une entreprise bien connue pour ses activités illégales (lire notre réponse détaillée aux affirmations mensongères et diffamatoires d’Orthongel pour plus d’informations) et dont l’un des actionnaires majoritaires n’est autre que Javier Garat, patron du tout-puissant lobby de la pêche européenne Europêche (considéré comme l’un des plus climaticides et écocides au niveau européen), qui a recruté l’ancienne administratrice des pêches françaises contre laquelle le Parquet national financier a ouvert une enquête pour prise illégale d’intérêts en décembre 2022, à la suite de nos révélations. Malgré les faits accablants, ces entreprises n’auraient rien à voir avec le problème, qui serait tout entier la responsabilité des pêcheurs illégaux chinois et des pêcheurs à la canne aux Maldives, et surtout ce fameux M. Burton qui a eu l’audace de prendre quelques parts de marchés aux intérêts français et espagnols.[2]
En définitive, ce nouvel article à charge contre les ONG sert les intérêts d’Europêche et Orthongel.
John Burton a des intérêts commerciaux dans la pêche thonière. Cela doit-il empêcher quiconque de discuter avec lui ? Non. En tant qu’ONG, nous discutons avec l’ensemble des acteurs d’une filière et des responsables politiques ouverts à l’échange.
Comme nous l’expliquons dans notre réponse au communiqué de presse d’Orthongel, BLOOM n’a jamais touché le moindre centime de John Burton ou de son entreprise, par principe. Nous n’acceptons aucun financement venant du secteur de la pêche ni d’aucun secteur extractif, contrairement aux attaques dont nous faisons régulièrement l’objet.
Notre indépendance est totale, et le restera.
[1] Cette entreprise pêche aussi la légine et la langouste dans les eaux australes françaises. L’entreprise s’est récemment séparée de ses navires thoniers, cf. notre réponse détaillée aux affirmations mensongères et diffamatoires d’Orthongel pour plus d’informations.
[2] Dans le cadre de la campagne On The Hook, à laquelle BLOOM a participé au lancement en août 2017 mais n’a plus été membre actif depuis au moins deux ans.
05 novembre 2024
Depuis nos révélations sur la contamination des thons au mercure, la rédactrice en chef du pôle « Environnement » du magazine Le Point, Géraldine Woessner, publie des contenus à charge contre BLOOM, mettant en cause notre intégrité, la validité scientifique de nos travaux et minimisant le risque que présenterait le mercure, un puissant neurotoxique, pour la santé humaine.
29 octobre 2024
Du mercure dans chaque boîte de thon : c’est la découverte alarmante qu’a faite BLOOM en analysant près de 150 conserves prélevées dans cinq pays européens. Considéré par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme l’une des dix substances chimiques les plus préoccupantes pour la santé publique mondiale, au même titre que l’amiante ou l’arsenic, ce neurotoxique présente des risques graves pour l’organisme humain (1).
20 décembre 2023
Le 4 juillet 2023, un article signé du journaliste M. Erwan Seznec et intitulé « L’étrange président de l’ONG de défense des océans Bloom » paraissait dans les colonnes numériques du magazine Le Point. Par des propos à teneur diffamatoire et mensongère, il s’attachait manifestement à dénigrer BLOOM. Nous avons décidé d’agir en justice et de porter plainte pour diffamation.