Association Bloom

Contre la destruction de l'océan, du climat et des pêcheurs artisans

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05 juillet 2023

Diffamation, discrédit et complotisme : les armes d’une industrie destructrice aux abois

« Si l’on s’aperçoit que l’adversaire est supérieur et que l’on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers. Être désobligeant, cela consiste à quitter l’objet de la querelle (puisqu’on a perdu la partie) pour passer à l’adversaire, et à l’attaquer d’une manière ou d’une autre dans ce qu’il est ».

Arthur Schopenhauer, « L’Art d’avoir toujours raison ».

Procédant en tous points comme au moment de notre campagne finalement victorieuse contre la pêche profonde (une grande partie des protagonistes industriels n’a d’ailleurs pas changé), un article du magazine Le Point, en date du 4 juillet 2023, réanime les mêmes arguments complotistes et diffamatoires pour attenter à notre réputation, nous discréditer dans l’espace public, attaquer nos intentions, jeter le doute sur notre intégrité et nos financements, et évidemment, in fine, amoindrir notre portée et permettre le maintien d’activités de pêche destructrices injustifiables à l’heure du changement climatique, de l’effondrement des écosystèmes marins et d’un réchauffement sans précédent de l’océan.

L’article du Point, rédigé par Erwan Seznec, intitulé « L’étrange président de l’ONG de défense des océans BLOOM » s’attaque à notre président pour jeter le doute sur nos intentions, qui selon l’article, seraient cachées et radicalement différentes de ce que BLOOM donne à voir. Cette accusation inacceptable intervient pile au moment où les amendements que nous proposons pour juguler la destruction de l’environnement marin et le déclin de la pêche artisanale par les flottes industrielles s’apprêtent à être votés dans le cadre de la Loi sur la restauration de la nature.

Cet article n’a d’ailleurs été relayé et diffusé que par les représentants de la pêche industrielle sur les réseaux sociaux ainsi que dans les organes de presse qui leur sont fidèles comme Undercurrent News. Le journal anglais spécialisé dans le secteur de la pêche titre dès le 6 juillet 2023 que c’est Europêche, le plus important lobby industriel européen, qui accuse BLOOM de vouloir « pousser les pêcheurs hors de leurs zones de pêche au bénéfice d’autres acteurs qui cherchent à implanter des éoliennes et des plateformes pétrolières ». Europêche assume ainsi publiquement cette salve diffamatoire contre BLOOM.

La coordination entre le gotha de la pêche industrielle est parfaitement réussie.

Incapables de gagner le débat sur le fond (voir plus bas le nombre de cas de fraude, corruption et pêche illégale que nous avons dénoncés devant les tribunaux), les lobbies industriels Europêche, Opagac, le Comité national des pêches français (entre autres) et leurs porte-voix politiques et médiatiques en viennent aux attaques ad personam et ont utilisé l’article du Point pour resusciter leurs vieilles lanternes où élus bretons et lobbies industriels affabulaient sans le début d’un fondement factuel sur les financements de BLOOM supposément issus du secteur pétrolier. Nos comptes étaient déjà publics et transparents, il était donc aisé de vérifier que ces attaques étaient des « fake news » créées de toutes pièces pour nous nuire, mais en discréditant BLOOM, ils pensaient glaner les bénéfices du dicton « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » du philosophe précurseur de la pensée scientifique moderne Francis Bacon.

Tout ce que les lobbies ont glané en ayant recours à des méthodes indignes allant parfois jusqu’à des intimidations explicites (voir les menaces du président du Comité des pêches Olivier Le Nézet à l’encontre de la députée EELV Caroline Roose et le témoignage de notre fondatrice Claire Nouvian sur linkedIn),1https://www.linkedin.com/posts/claire-nouvian-b6bb3920_la-pr%C3%A9sidente-de-sea-shepherd-france-ugcPost-7058372749404053504-Wx48 c’est de révéler au grand jour que leurs pratiques destructrices dans l’eau se doublent de pratiques destructrices sur terre : menaces, mensonges, mauvaise foi, insultes, désinformation et attaques des personnes.

En agissant ainsi, ils soudent un tout petit groupe de lobbyistes de l’intérieur (les élus qui œuvrent sans relâche pour détruire la pêche artisanale et couvrir les ravages des industriels) mais ils se discréditent eux-mêmes auprès des interlocuteurs sérieux. Observer qui relaie leurs « fake news » en dit long sur la cartographie de leurs alliés politiques et des bénéficiaires de ces campagnes de discrédit.

En s’attaquant à nous, ils nous reconnaissent le statut de l’ONG la plus efficace d’Europe pour lutter contre le désastre environnemental, socio-économique et démocratique que la pêche industrielle représente. In fine, nous avions gagné dans la bataille des grands fonds.

Ces attaques contre BLOOM augurent donc d’une victoire écrasante des citoyens contre les destructeurs de l’océan. Élargissons nos rangs pour leur opposer une armée citoyenne indestructible !

Car oui à la fin, nous gagnerons.

Pourquoi ? Car abandonner un modèle économique qui repose sur la destruction du vivant pour la seule optimisation des profits individuels n’est pas une « option » pour l’humanité et le plus grand « Commun » et espace sauvage que la planète comporte : l’océan. C’est un impératif catégorique dicté par la biosphère et le climat.

Les pratiques permettant de nourrir l’humanité sans anéantir les écosystèmes existent déjà, il s’agit juste de leur faire de la place et de permettre leur déploiement. Maximiser les emplois en minimisant les impacts, telle est la cohérence de notre action. C’est précisément ce que refusent les lobbies industriels. Le modèle extractiviste industriel est périmé, condamné, mais ils n’entendent pas cesser de profiter d’un système autorisant leurs abus et leurs crimes écologiques. Leur hargne ne fait que commencer. Mais notre détermination est SANS FAILLE.

Jusqu’à présent, les attaques des lobbies étaient circonscrites à leurs journaux et à quelques blogs complotistes de défenseurs du chalut en Bretagne ou aux Pays-Bas. Nous n’avons donc pas pris la peine de réfuter les écrits délirants nous accablant étant donné leur portée nulle au-delà des cercles industriels. Étant donné la dimension nationale et jusqu’ici sérieuse du magazine Le Point, nous avons décidé de prendre enfin le temps ci-dessous de décrypter la guerre sale que les lobbies de la pêche industrielle mènent contre BLOOM depuis des années.

Nous ne pouvons pas nous empêcher d’aborder cette séquence avec la méthode scientifique qui est la nôtre : en utilisant des données objectives pour quantifier et déconstruire les accusations complotistes actuelles des lobbies industriels mais aussi leurs accusations passées.

Retour aux faits pour éclairer des années de diffamation.

La mission secrète de BLOOM au service des géants du pétrole : paroxysme du délire complotiste

À l’époque de notre campagne contre la pêche profonde, BLOOM et ses partenaires avait déjà été la cible de ces mêmes lobbies, qui avaient même constitué une structure de toute pièce pour organiser leur contre-attaque : « Blue Fish ».

Cette pseudo association « de promotion de la pêche durable et responsable » soutenue par le Maire de Lorient (Norbert Métairie)2https://lemarin.ouest-france.fr/articles/detail/items/blue-fish-vers-un-lobby-pour-la-peche-en-europe.html et parrainée par la députée européenne Isabelle Thomas voit le jour au Parlement européen le 8 mars 2013.3https://www.dailymotion.com/video/xzcn87 Elle regroupe les plus ardents défenseurs de la pêche industrielle : Olivier Le Nézet, Norbert Métairie, l’élue PS Isabelle Thomas, Nicolas Teisseire, un lobbyiste de Lorient payé sur fonds publics… de la même façon que l’UIPP (l’Union des industries de la « protection » des plantes) regroupait les multinationales de la chimie de synthèse sous couvert de « protection » de la nature.

> Voir notre actu détaillée de l’époque

Qui finance et orchestre le lobbying des industriels ?

Visiblement, la municipalité de Lorient dont l’agence d’urbanisme Audélor (« l’Agence d’urbanisme et de développement économique du pays de Lorient », présidée par Norbert Métairie) accueille « Blue Fish » dans ses locaux.4Audélor et Blue Fish avaient à l’époque la même adresse et le même numéro de téléphone : 12 avenue de la Perrière 56324 Lorient cedex. Tél. : 02 97 88 22 44 C’est Audélor qui avait mené une « enquête » sur les ONG dans un climat inacceptable de suspicion (novembre 2012)5https://www.bloomassociation.org/wp-content/uploads/2013/12/AUDELOR-Letter-7-NOV-2012.pdf contre lequel les ONG s’étaient insurgées dans un courrier qui ne reçut jamais de réponse.

Toute trace et affiliation directe de « l’enquête » de Lorient est perdue, à l’exception de la mention d’une étude sur le « rôle des ONG » dans le rapport d’activités 2011 d’Audélor. Cette « étude » ne nous fut jamais adressée malgré nos demandes. En revanche, est apparue peu après une longue charge complotiste contre les ONG sous la forme d’une théorie du « Blue Charity Business » tentant de démontrer avec une suite de faits supputés que les ONG françaises croulent sous l’argent du pétrole américain !. La Mairie de Lorient n’a jamais répondu aux courriers des ONG lui demandant de s’expliquer au sujet de ces enquêtes et financements occultes.

L’ensemble de cette supercherie sera dénoncé par « Le Canard Enchaîné » le 4 décembre 2013 dans un article intitulé « Intermarché touche les fonds ».6https://www.bloomassociation.org/wp-content/uploads/2013/12/4-dec-2013-Canard-Enchaîné.pdf

Au centre de leur délire : la fondation américaine Pew, que l’on retrouve dans les fondations qui soutiennent certaines de nos campagnes, qui utiliserait BLOOM pour exclure les pêcheurs de l’océan et permettre le développement de champs d’exploitation.

Dès 2014, Claire Nouvian clarifiait la situation : « À l’origine de ce mythe, le fait que l’ONG américaine Pew, fondée sur une fortune pétrolière dans les années 50, a financé des coalitions d’ONG pour obtenir des mesures réglementaires essentielles comme l’interdiction en Europe de la découpe des ailerons de requins en mer. Selon eux, les origines de la dotation de Pew en font nécessairement le cheval de Troie du lobby pétrolier mondial. Croient-ils vraiment eux-mêmes à leurs élucubrations ? Même pas sûr« .7https://www.bloomassociation.org/wp-content/uploads/2013/04/223.pdf

Ayant constitué le lobby industriel de défense de la pêche profonde « BlueFish », encore à l’œuvre aujourd’hui, les complotistes industriels avaient ainsi alimenté des rapports entiers d’auto-fiction qui n’ont évidemment convaincu que ceux qui les avaient produits.

En janvier 2015, le rapport au Président de la République sur l’exemplarité des responsables publics « Renouer la confiance publique » de Jean-Louis Nadal épingle d’ailleurs le lobby Blue Fish qui tente de se faire passer pour une ONG.

La dernière attaque en date sur les liens supposément cachés de BLOOM avec les intérêts pétroliers

Mardi 4 juillet 2023, Le Point publiait donc un article intitulé « L’étrange président de l’ONG de défense des océans BLOOM », écrit par Erwan Seznec. Avant d’aller sur le fond pour déconstruire les plus gros des mensonges et manipulations, allons sur la forme, puisqu’en l’occurrence, elle n’est pas anodine.

Le vrai du faux sur notre président et notre gouvernance

M. Flavien Kulawik occupe la fonction de président de notre association depuis juin 2019.

Il réfute totalement l’allégation comme quoi il aurait « amassé sa fortune » comme prestataire pour les industries du plastique et du pétrole. Depuis 1995, il a cofondé sept sociétés de services aux entreprises, dont KLB Group est la seule qui travaille effectivement pour ces secteurs, pour une faible part de son activité. Les activités de KLB Group n’ont pas de lien avec les activités personnelles et bénévoles de Flavien Kulawik. Il consacre en effet du temps à plusieurs causes dont l’éducation, l’entrepreneuriat et l’environnement. M. Kulawik est le premier à dire que son passé ne le prédestinait pas à s’investir dans des causes écologiques. En 2019, il déclarait ceci : « Il y a 15 ans, si l’on m’avait dit que j’allais soutenir une association environnementale… j’aurais dit que ce n’était pas pour moi. » Selon nous, c’est une aubaine que certains entrepreneurs aient connu un « réveil écologique » cette dernière décennie. Ce que nous trouvons inquiétant, c’est que ce réveil ne soit pas transversal et unanime. Lorsque les lobbies industriels incriminent les individus qui ne sont pas des écolos « purs et durs », ils se comportent en marchands de doutes irresponsables.

Précisons que le rôle du président est, avec l’appui de son conseil d’administration, de s’assurer de la bonne gouvernance, de la bonne gestion, et que les dons des milliers de donateurs de BLOOM soient consacrés efficacement à des projets dans notre objet social statutaire. Rappelons factuellement que le président n’interfère pas dans les opérations ni la ligne éditoriale, contrairement aux insinuations de l’article du Point.

Le soutien de Flavien Kulawik pour les actions de BLOOM a toujours été sans faille. En acceptant le statut de président, il a également pris le risque de s’exposer aux attaques ad personam auquel il est confronté aujourd’hui. Nous lui apportons ainsi tout notre soutien et notre gratitude.

Qui est le « journaliste » Erwan Seznec ?

Lorsque M. Seznec nous a contactés avec ses questions, son nom a ravivé quelques vagues souvenirs parmi les membres de l’équipe. En l’occurrence, M. Seznec nous avait déjà contactés en 2019 en se faisant passer pour un pigiste du journal Marianne. Nul article n’apparut dans Marianne, en revanche, nous avions, à notre grande surprise, découvert peu de temps après un article à charge dans la revue classée d’extrême-droite Causeur 8https://www.causeur.fr/bloom-claire-nouvian-enquete-ecologie-lobby-ong-peche-167414 Cet article n’était visiblement pas une pige accidentelle, puisqu’entre mars 2017 et avril 2022, M. Seznec y a publié en moyenne deux articles par mois, totalisant 122 articles à la teneur réactionnaire, résolument hostile aux « écolos ».9https://www.causeur.fr/author/eseznec/

La directrice de la rédaction de Causeur, Elisabeth Lévy, n’avait manifestement pas digéré son altercation avec Claire Nouvian quelques mois plus tôt sur le plateau de Pascal Praud sur CNews.10https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/video-je-me-suis-retrouvee-dans-un-guet-apens-climatosceptique-l-ecologiste-claire-nouvian-repond-apres-un-clash-sur-cnews_3432795.html

Fact-checking des attaques complotistes

Nous nuire pour empêcher la protection de l’océan

Le timing des attaques récentes n’a rien d’anodin : d’un côté, BLOOM a commencé en novembre 2022 une campagne au long court contre la pêche thonière tropicale française et espagnole, dont les pratiques — soutenues sans aucune réserve par les États français et espagnols ainsi que par la Commission européenne — menacent gravement les écosystèmes marins et les économies côtières tout autour de l’Afrique (voir notre page de campagne « TunaGate »).11https://bloomassociation.org/nos-campagnes/peche-en-afrique/notre-campagne/ Dans le cadre de cette campagne, la directrice du « groupe thon » du lobby Europêche est sous le coup d’une enquête du Parquet national financier pour prise illégale d’intérêts.12https://bloomassociation.org/conflit-dinterets-dans-la-peche-thoniere-le-parquet-national-financier-ouvre-une-enquete/ De l’autre côté, BLOOM est également en campagne au niveau européen pour la mise en place d’aires marines réellement protégées, notamment par le biais de l’interdiction immédiate du chalutage de fond dans ces aires ; mesure portée dans le cadre des négociations sur la « Loi pour la restauration de la nature », dont le vote aura lieu le mercredi 12 juillet en plénière du Parlement européen.13https://bloomassociation.org/victoire-detape-pour-locean-au-parlement-europeen/

Aucune surprise, donc, de voir tous les protagonistes pris à la gorge par nos deux campagnes se jeter sur cette fausse information. Ayant perdu la bataille des arguments, ils attaquent désormais ad personam, et en se retweetant entre eux, ils dressent la cartographie des réseaux toxiques :

Pour en savoir plus sur ces réseaux de lobbyistes, vous pouvez lire deux de nos rapports de notre campagne « TunaGate » : « Le far-west de la pêche thonière en Afrique »20https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2022/11/Dossier-BLOOM-La-Far-West-de-la-peche-thoniere.pdf et « Les lobbies thoniers font la loi ».21https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/01/Les-lobbies-thoniers-font-la-loi.pdf

Bien sûr, aucun de ces journaux n’a fait son travail en nous demandant au moins notre avis. Ou alors, ils l’ont fait mais n’en ont eu cure, à l’instar d’Undercurrent News,22https://www.undercurrentnews.com/2023/07/06/europeche-accuses-ngo-blooms-president-of-conflict-of-interest/ qui n’a même pas pris la peine de relever que nous menions une campagne contre TotalEnergies en ce moment (nous avions pourtant fourni un lien assez explicite dans notre réponse).23Réponse disponible à : https://www.dropbox.com/s/c729grqi9rk315o/Re%20Demande%20presse%20Undercurrent%20news.pdf?dl=1

Qu’à d’autres moments nous soyons taxés de « négationnistes verts » par ces mêmes acteurs et leurs relais politiques n’a que peu d’importance.24https://twitter.com/Laeti_Bisiaux/status/1581323912981291009?s=20 La cohérence n’est clairement pas le fort des complotistes.

Cette recette vieille comme le monde ne s’abattant que sur les adversaires efficaces, nous prenons comme une marque de reconnaissance de la part du secteur que l’on combat l’importance qu’ils veulent bien nous donner.

Mais revenons-en aux faits, car nous ne pouvons pas nous en empêcher. Sur cette page, nous allons quantifier et déconstruire, avec l’approche scientifique qui est la nôtre, les accusations complotistes des lobbies industriels actuelles mais aussi passées. Ce sera un processus au long cours et cette page est donc amenée à être complétée de manière régulière, afin de raconter cette histoire de manière rigoureuse.

Les attaques

Cette fois-ci, nous y sommes : les attaques de cet article truffé d’erreurs et d’incohérences.25Exemple d’erreur grossière mais peu importante : M. Seznec donne la parole à Xavier Leduc (voir son profil LinkedIn : https://fr.linkedin.com/in/xavier-leduc-aa06a380), directeur général d’Euronor (un armement chalutier de Boulogne-sur-Mer, fortement impacté par notre campagne contre la pêche profonde ; un ami, donc), président de l’union des armateurs thoniers français Orthongel (fortement impactée par notre campagne contre la pêche thonière tropicale ; un ami bis, donc), et président de l’Union des armateurs à la pêche de France (vous connaissez la chanson). Il est indiqué dans l’article : « en septembre 2022, la Commission européenne interdit le chalutage en eau profonde en zone ouest de l’Écosse ». Deux erreurs grossières en une phrase. Il s’agit d’un Règlement du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne datant de 2016 (https://bloomassociation.org/leurope-interdit-enfin-chalutage-profond/)… La référence à la Commission européenne et à septembre 2022 fait en réalité référence à la fermeture de 16 000 km2 d’écosystèmes marins vulnérables dans tout l’Atlantique Nord-Est (https://bloomassociation.org/victoire-16-000-km2-decosystemes-fragiles-enfin-epargnes-par-les-peches-profondes/).

1)    « BLOOM s’acharnerait sur [les pêcheurs], afin qu’ils lâchent du terrain, au profit d’autres acteurs qui ont besoin de place pour installer en mer des éoliennes ou des plateformes pétrolières »

Comment dire… le premier venu sur notre site internet peut comprendre en moins d’une minute que cette déclaration est tout simplement fausse.

Depuis le mois d’octobre 2022, répondant à l’alerte de l’ONG sud-africaine The Green Connection, BLOOM est engagée contre le projet d’exploitation gazière offshore de TotalEnergies en Afrique du Sud. Le 17 octobre, nous sortions notre premier dossier d’enquête « L’océan : destruction TOTAL »26https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2022/10/Dossier-presse-TOTAL-OCEAN-FR.pdf sur la triple menace — pour la biodiversité, pour le climat et pour les pêcheurs artisans — posée par cette véritable bombe climatique, ainsi qu’une pétition, qui a recueilli près de 100 000 signatures.27https://ocean-total-destruction.bloomassociation.org/

Alors que M. Seznec prétend que nous nous contentons de « déclarations de portée assez générale contre les projets pétroliers ou gaziers off-shore », en novembre, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a jugé utile de répondre à notre campagne. Alors qu’il continuait de mettre en avant le « portefeuille d’énergies renouvelables » de son entreprise, nous publiions en mai un second rapport démasquant le greenwashing systématique de TotalEnergies.28https://bloomassociation.org/une-analyse-inedite-revele-le-greenwashing-des-projets-climaticides-de-totalenergies-par-les-energies-renouvelables/ De plus, BLOOM soutient activement l’initiative des parlementaires européens Raphaël Glucksmann (S&D) et Karima Delli (Les Verts) pour une législation européenne interdisant tout nouveau financement d’exploitation fossile par des entreprises européennes.

Concernant les éoliennes, notre positionnement est très clair : notre campagne sur les aires marines protégées concerne aussi très clairement les éoliennes et toute autre activité industrielle, conformément aux recommandations scientifiques de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Nous sommes allés jusqu’à attaquer l’État français pour défendre cette position29https://bloomassociation.org/amp-conseil-etat/ et réserver les aires marines protégées à la pêche artisanale dans le cadre de la « Loi pour la restauration de la nature ».

Par ailleurs, nous suggérons à M. Seznec, qui nous reproche de chasser les pêcheurs au profit des éoliennes, d’aller lire les débats concernant la localisation des différents parcs éoliens maritimes prévus,  que les Comités des pêches soutiennent régulièrement surtout quand ils sont implantés dans les zones proches des côtes (eaux intérieures et mer territoriale) plutôt qu’en zones éloignées, pourtant préférées par les citoyens, les communes, les pêcheurs artisans, et où les vents sont plus stables. Ce sont ces mêmes comités des pêches qui collectent alors une part non-négligeable de la taxe obtenue sur ces projets en vertu du Code général des impôts. On parle alors de millions d’euros. Les Comités censés défendre les pêcheurs ne se soucient alors plus vraiment des éoliennes.

2)    « La surpêche est la première menace qui pèse sur l’océan, avant le réchauffement climatique et la pollution plastique, une position loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique »

M. Seznec aurait tout aussi bien pu poursuivre : « tout comme l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique est loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique ».

Les actions de BLOOM contre la pêche industrielle se basent sur une réalité scientifique : la surpêche est bien la première cause de dommage à la biodiversité marine. Ce n’est ni une invention de BLOOM, ni « une position loin de faire l’unanimité », puisque c’est le diagnostic de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), qui fait référence en la matière comme le GIEC pour le climat : « la pêche […] est l’activité ayant eu l’impact le plus important sur la biodiversité [marine] (espèces ciblées, espèces non ciblées et habitats) au cours des 50 dernières années, aux côtés d’autres facteurs significatifs ».30Citation originale en anglais: “fishing has had the most impact on biodiversity (target species, non-target species and habitats) in the past 50 years alongside other significant drivers”. Source: IPBES, The Global assessment report on biodiversity and ecosystem services. Summary for policymakers, Bonn, 2019, p. 28. Disponible ici : https://www.ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_en.pdf Quelques exemples de publications scientifiques qui s’accumulent pour décrire l’effondrement de la biodiversité marine (au cours du 20ème et 21ème siècle sous les coups de boutoir d’une flotte de pêche engagée dans une course en avant technologique :

  • Dans l’Atlantique Nord, ce sont 90% des espèces marines de prédateurs qui ont disparu depuis 1900 ;31Christensen et al. (2003) Hundred-year decline of North Atlantic predatory fishes
  • En mer du Nord, la biomasse actuelle des poissons pesant entre 4 et 16 kilogrammes a chuté de 97,4% par rapport à la période préindustrielle. L’effondrement atteint 99,2% pour les poissons pesant entre 16 et 66 kilogrammes ;32Jennings Simon, Blanchard Julia L., “Fish abundance with no fishing: predictions based on macroecological theory”, Journal of Animal Ecology, 73, 2004, pp. 632-642
  • Une étude scientifique estime qu’à effort de pêche constant, les captures des chalutiers opérant dans les eaux britanniques ont chuté de 94% depuis 1890, témoignant de l’épuisement des fonds marins britanniques.33Thurstan et al., “The effects of 118 years of industrial fishing on UK bottom trawl fisheries”, Nature Communications, 1 (15), 4 May 2010, DOI: 10.1038/ncomms1013

Nous gageons que le plastique n’a pas grand-chose à voir avec ces tendances, mais soyons clairs : BLOOM ne nie absolument pas le problème de la pollution plastique dans l’océan. Ce problème vient cependant derrière la surpêche et le réchauffement climatique, et des associations comme Surfrider — que nous soutenons bien évidemment — mènent des actions très concrètes contre ce désastre écologique. M. Seznec rapporte d’ailleurs des déclarations de Claire Nouvian sur la pollution plastique des grands fonds marins, mais choisit d’y voir une stratégie de diversion, dans une conclusion hâtive typiquement complotiste. C’est au contraire une volonté de concentrer nos moyens limités sur des fronts prioritaires, alors que les lobbies aimeraient que nous nous dispersions.

Pour appuyer sa démonstration fallacieuse, M. Seznec n’hésite pas à dégainer un rapport de l’IFREMER publié en janvier 2023, « Diagnostic 2022 sur les ressources halieutiques débarquées par la pêche française hexagonale »34https://peche.ifremer.fr/content/download/165644/file/Diagnostic_2022_d%C3%A9barquements_fran%C3%A7ais_Vdef.pdf pour expliquer que la situation en France n’est pas si grave : « Un rapport de l’Ifremer publié en janvier 2023 souligne « l’évolution positive de l’état des ressources et de leur exploitation au cours des vingt dernières années », avec 51 % du poisson débarqué en 2022 issus de stocks en bon état, contre 20 % seulement en 2000. » Personne ne conteste ces chiffres, mais la tournure de M. Seznec est fallacieuse, car le rapport de l’IFREMER parle bien de « populations estimées non surpêchées (i.e. en bon état ou reconstituables) » et non de « stocks en bon état ». Prétendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors que l’on parle de la moitié des « populations estimées non surpêchées » est très fort. La situation s’améliore, certes, mais nous sommes encore très, très loin des objectifs affichés de la politique commune de la pêche de 100% des populations non surpêchées en… 2020.35Voir la très bonne analyse annuelle de Didier Gascuel, professeur d’halieutique à l’Institut Agro, sur les tendances scientifiques : https://halieutique.institut-agro-rennes-angers.fr/files/images/actualites/2022_Gascuel_Bilan_CSTEP_Etat_des_stocks_europ%C3%A9ens_La%20surexploitation_recule.pdf

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