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11 juin 2025

Sur France 2, Emmanuel Macron face au scandale d’État révélé par BLOOM

À l’occasion de la soirée spéciale « Urgence Océan » animée par Léa Salamé et Hugo Clément sur France 2, Emmanuel Macron a multiplié les mensonges, tentant de masquer ce qui est désormais un véritable scandale d’État.

En situation de communication de crise, le Ministère de la Transition écologique tente désormais de discréditer BLOOM et de semer le doute en appelant les journalistes qui s’expriment sur nos révélations.

Dans ce contexte, BLOOM rétablit les faits et décrypte les principaux mensonges présidentiels.

L’UNOC est un naufrage diplomatique. L’événement historique que la France voulait transformer en opération de greenwashing à 60 millions d’euros est devenu en scandale d’État qui a exposé au grand jour l’emprise du lobby de la pêche industrielle sur nos institutions publiques, jusqu’au plus haut sommet de l’État.

Sur France 2, ce mardi 10 juin, dans l’émission spéciale « Urgence Océan », rien ne nous aura été épargné. Tous les éléments de langage du lobby de la pêche industrielle auront été repris in extenso par le Président de la République Emmanuel Macron. 

Alors qu’il expliquait samedi soir dans la presse régionale qu’il n’avait « pas de leçon d’écologie à recevoir de qui que ce soit », Emmanuel Macron a versé dans le pur mensonge dans ses réponses à Léa Salamé et Hugo Clément et aux invités Heïdi Sevestre et Laurent Ballesta.  

Pressé de s’expliquer par les journalistes, le gouvernement est passé en gestion de crise et tente de semer le doute sur nos révélations.  

Nous rétablissons les faits.  

AMPgate : un accident industriel sur les aires marines protégées

« Qu’est-ce qu’on a fait ? On a concerté nos pêcheurs, et là où dans nos zones métropolitaines on était à 0,1% de protection forte, on est passés à 4%. » 

À la veille de la journée mondiale de l’océan et de l’ouverture de la conférence des Nations Unies sur l’océan, Emmanuel Macron annonçait dans la presse quotidienne régionale que l’UNOC serait l’occasion de faire “des annonces importantes” avec des “zones clairement identifiées” qui seraient ainsi protégées “du chalutage de fond en particulier”. 

Il aura fallu attendre la diffusion du dossier de presse produit par le Ministère de la Transition écologique dans la soirée du 8 juin pour comprendre, en analysant les cartes fournies en annexe, où le gouvernement envisageait de labelliser 4% des eaux métropolitaines en “protection forte” d’ici fin 2026.  

Nous révélions quelques heures plus tard le pot-aux-roses : les zones labelisées en “protection forte”, où le chalutage de fond serait interdit, se trouvaient… dans des zones dans lesquelles le chalutage de fond est déjà interdit

Pressé par les journalistes après la publication d’une carte hier, la cellule de crise de la Ministre Agnès Pannier-Runacher accuse désormais BLOOM de manipuler les journalistes en refusant de communiquer sur la Méditerranée : « Pourquoi BLOOM ne publie pas la carte pour la Méditerranée ? Est-ce parce qu’on y crée de nouvelles zones ? » feint ainsi de s’indigner le responsable de la communication du ministère. C’est le monde à l’envers. BLOOM ne publie pas cette carte sur la Méditerranée tout simplement car notre petite équipe — qui travaille déjà non-stop pour rétablir la vérité sur les annonces d’Emmanuel Macron et Agnès Pannier-Runacher — n’est pas en mesure de reproduire le travail manuel réalisé pour la façade Atlantique, tant les cartes produites par le Gouvernement sont de piètre qualité. Si le Gouvernement souhaite que BLOOM produise des carte précises pour identifier de potentielles nouvelles zones, qu’il cesse la rétention d’information et mette à disposition les coordonnées géographiques des zones candidates à la “protection forte”. 

Cette supercherie a été confirmée par les lobbies de la pêche industrielle, via Serge Larzabal, premier vice-président du Comité national des pêches, qui assume pleinement : “nous sommes plutôt satisfaits des annonces gouvernementales. Ce qui a été annoncé reprend le travail conduit par les professionnels dans des zones qui sont déjà interdites au chalutage de fond”.  

L’objectif international et européen de 30% de véritables aires marines protégées du chalutage, des techniques de pêche destructrices et des activités et infrastructures industrielles, dont un tiers sous “protection stricte”, sans aucune activité extractive, a disparu des radars. 

La faillite du gouvernement et de l’Élysée sur la question des aires marines protégées est totale. A l’opposé de l’imposture française, le Royaume-Uni a montré la voie du sérieux en annonçant interdire le chalutage de fond dans la moitié des aires marines protégées anglaises, et en engageant des consultations afin de poursuivre sur cet élan. 

Emmanuel Macron protège la pêche industrielle en l’invisibilisant

« On a une pêche qui est beaucoup moins prédatrice que les autres. Nous, on a un seul bateau de pêche industrielle, l’Emeraude. Le reste c’est une pêche aux trois-quarts de moins de 12 mètres, le reste entre 12 et 25 mètres. C’est pas des bateaux comme ça » 

Le déni est stratosphérique. Les navires de plus de 25 mètres représentent près de 4% de la flotte française et bénéficient d’une politique publique taillée sur mesure pour eux : la répartition opaque et inique des quotas leur permet de débarquer la moitié des captures, la politique de subventions publiques européenne leur permet de capter la moitié de la détaxe gasoil de tout le secteur. 

Ces navires de plus de 25 mètres pratiquent diverses activités destructrices. En particulier, nous pouvons citer :   

  • Chalutage de fond : la flotte d’Euronor est constituée de cinq chalutiers de fond mesurant entre 39 et 45 mètres. Euronor co-détient l’Emeraude, mesurant 81 m, avec la Compagnie des pêches Saint-Malo ;  
  • Chalutage pélagique, comme par exemple le Scombrus (81 m) et le Prins Bernhard (88m), appartenant à France Pélagique ;    
  • Senne démersale, une technique très décriée par les pêcheurs français, comme les navires Larche et Tourmalet (34 mètres) de France Pélagique;  
  • La senne coulissante, notamment pratiquée par les thoniers tropicaux de la CFTO, dont la longueur moyenne dépasse les 80 m de long. Ces navires, au nombre d’une vingtaine, capturent à eux seuls environ 20% des captures annuelles françaises.   

Les entreprises citées dans cette liste sont toutes sous capitaux néerlandais, comme nous l’avons révélé dans l’étude sur les Big Five. Le reporter Charles Villa a également enquêté sur cette omerta autour de la puissance de cette industrie dans son documentaire visionné près d’un million de fois. Cette emprise de l’industrie néerlandaise s’est illustrée dans les propos d’Emmanuel Macron qui a omis de citer les navires néerlandais parmi les navires qui viennent pêcher dans les eaux françaises et causer la colère des pêcheurs.  

« Notre problème, je vous le dis, dans nos eaux, les pêcheurs les plus industrialisés, les plus prédateurs, ce ne sont pas les pêcheurs français. Comme il y a une politique commune de pêche, vous avez des pêcheurs irlandais, danois, allemands, espagnols. » a cité Emmanuel Macron.  

Cette omission est une invisibilisation du problème majeur pour les pêcheurs artisans en Manche qui subissent cette concurrence déloyale en mer. En 2024, le journaliste d’investigation Jean-Pierre Canet avait enquêté sur l’imposture des aires marines protégées françaises livrées à la merci de la grande pêche industrielle. BLOOM a également enquêté sur le terrain et braqué les projecteurs sur les navires usines de plus de 100 mètres, tels que le Zeeland, filmé en train de pêcher dans les Bancs des Flandres, une aire marine protégée proche de Dunkerque. 

Le mépris d’Emmanuel Macron pour les ONG

“Moi je ne suis pas une ONG, je prends mes décisions basées sur la science” 

Le mépris est insondable. 

Depuis maintenant trois ans, nous martelons sans répit un chiffre : ce sont moins de 0,1% de nos eaux métropolitaines qui sont réellement protégées. Ce chiffre est issu d’une publication du directeur de recherche au CNRS Joachim Claudet. Il aura fallu attendre l’UNOC pour que le gouvernement la reprenne à son compte dans le dossier de presse du Ministère de la Transition écologique… 

Depuis maintenant trois ans, nous rappelons sans relâche les recommandations du GIEC et de l’IPBES, les recommandations de l’UICN, les critiques émises par la prestigieuse revue scientifique Nature dès septembre 2023, etc. Les chercheurs de BLOOM ont publié des rapports détaillés sur l’imposture de la “protection à la française” : la France a ainsi l’aire marine dite « protégée » la plus chalutée d’Europe, le talus du Golfe de Gascogne. En 2024, plus de 300 000 heures de chalutage ont eu lieu dans nos aires “protégées”, représentant 40% du temps de la pêche au chalut en France, dans des zones qui devraient être des sanctuaires pour la biodiversité et la pêche artisanale. Et depuis le 1er janvier 2025, ce sont 43 400 km2 de fonds marins qui ont été détruits par des chalutiers de fond dans les aires marines prétendument “protégées” de France métropolitaine.  

Depuis des années, nous nous faisons le relais des scientifiques dans l’espace public, scientifiques qui, il y a un an, alertaient sur la “défiance grandissante s’installe dans notre communauté scientifique vis-à-vis du pouvoir politique”, et qui étaient nombreux à avoir fait le choix de ne pas se rendre à Nice pour ne pas servir de caution scientifique à ce numéro de greenwashing. 

Emmanuel Macron porte-parole des destructeurs de l’océan

“Nous avons des gens qui vivent de ces pêches. Vous mangez de la coquille Saint-Jacques, vous mangez de la sole… Non mais c’est ça la réalité ! Parce que moi j’écoute mes pêcheurs aussi” 

Notons que la “réalité” est bien différente: non, la majorité des Français ne consomment pas régulièrement de la sole et de la coquille Saint-Jacques comme l’affirme Emmanuel Macron, toujours aussi déconnecté des Français. L’enjeu pour la transition sociale et écologique de la pêche française est ailleurs. 

Et en premier lieu sur l’enjeu de la représentation de la petite pêche dans les instances de gouvernance et les consultations avec le gouvernement. Car “mes pêcheurs”, pour Emmanuel Macron, ce sont les représentants de la pêche industrielle, une poignée d’armateurs industriels qui accaparent les postes de direction des institutions et trahissent jour après jour 74% de la flotte française, les petits pêcheurs français, qui représentent 74% de la flotte française. 

Charles Braine, petit pêcheur breton et président de l’Association Pleine Mer alertait dès la fin de l’émission sur cette “condescendance” du Président et le mépris des institutions publiques pour la majorité de la profession :  

Il n’y a pas « les pêcheurs », nous sommes divers et parfois avec des intérêts, des philosophies, des points de vue divergents. Il [le président Macron] a choisi son camp, celui du lobby majoritaire qui défend ceux qui ont les droits et quotas depuis des lustres et qui sont les moins disant en emplois, en valorisation au kilo et bien souvent en impact environnemental. Ils sont les rentiers de la pêche française dont beaucoup sont responsables de l’état des stocks et de la diminution de la flottille”. 

Les petits pêcheurs sont en effet les grands oubliés de la politique publique française, contraints de lancer des appels de détresse dans la presse spécialisée pour demander des aires marines protégées qui les mettent à l’abri des chalutiers qui ravagent les écosystèmes marins et laissent un désert dans leur sillage, et de revenir à la charge en amont d’UNOC dans la presse européenne pour souligner l’urgence de mettre en place de véritables aires marines protégées.  

C’est tout le sens des travaux que nous menons avec les scientifiques de l’Institut Agro de Rennes et le Muséum national d’Histoire naturelle pour “changer de cap” et “s’affranchir du chalut”, en construisant une véritable politique de transition sociale et écologique du secteur.  

Plutôt que de défendre les intérêts des destructeurs de l’océan, le gouvernement doit répondre au scandale d’État révélé par BLOOM en portant, enfin, une vision pour l’avenir de l’océan et de la pêche, fondée sur une protection immédiate des écosystèmes et la transition progressive vers la fin des méthodes de pêche destructrices tout en assurant la justice sociale pour le secteur.   

 

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Depuis nos révélations, les journalistes s’empressent de demander au gouvernement la carte des zones qui vont être nouvellement protégées du chalutage de fond.

Le gouvernement n’a toujours pas produit cette carte qui représente la carte de la honte et la preuve du procédé malhonnête de la France pour mettre en scène le statu quo et sa volonté farouche de protéger les lobbies de la pêche industrielle. Notre chercheur Raphaël Seguin l’a donc produite lui-même.

Voici en avant-première la carte du désastre, la carte de l’AMP-gate. C’est cette carte que nous espérons voir diffusée ce soir sur France 2 pour que le Président s’explique devant tous les citoyens français de ce mensonge d’État.

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