09 juin 2025
Aucune nouvelle annonce par rapport à la communication officielle du gouvernement ce week-end : le Président de la République braque les projecteurs sur la Polynésie et le traité sur la haute mer pour masquer l’escroquerie environnementale des annonces concernant la métropole.
Désormais embarrassé par le fact-checking de BLOOM révélant la vacuité des annonces faites sur la soi-disant « protection forte » dans les eaux métropolitaines, Emmanuel Macron, dans son discours officiel d’ouverture de la conférence UNOC ce matin a soigneusement évité de mentionner le chiffre de 4% de zones supposées être protégées du chalutage de fond d’ici fin 2026. Après une analyse réalisée dans la nuit par notre équipe d’experts, nous avons en effet démontré, cartes à l’appui, que ces aires marines se situaient presque exclusivement dans des zones où le chalutage de fond était déjà interdit.
C’est la plus grande escroquerie environnementale du mandat présidentiel.
Le Président de la République s’est donc replié sur la seule annonce qui ne présentait aucun risque : celle qui est le fruit du travail sérieux mené depuis plus de dix ans par le gouvernement polynésien, les acteurs locaux, l’initiative Pew Bertarelli, l’OFB etc.
Lorsqu’Emmanuel Macron explique que les annonces de la France permettront « de faire plus que doubler le niveau de notre protection forte dans notre zone économique exclusive », en passant de 4,8% à 14,8%, comme affirmé dans le dossier de presse du Ministère de la Transition écologique, le Président se repose en effet entièrement sur la Polynésie et les 900 000 kilomètres carrés de protection stricte.
Seule nouveauté annoncée ce matin, l’annonce de la ratification prochaine du traité sur la haute mer (BBNJ). Notons cependant que lorsqu’Emmanuel Macron affirme que « la moitié de la planète, les deux-tiers de nos océans vivaient sans véritables règles internationales », laissant ainsi entendre que la ratification de ce traité onusien constitue une révolution absolue de la gouvernance mondiale de l’océan : il s’agit d’un pur mensonge qui passe sous silence des dizaines de traités internationaux et mécanismes multilatéraux. Par ailleurs, ce traité est présenté par le Président comme « permettant de protéger 50% de la surface de la planète notamment contre la pêche illégale ». Malheureusement, ce traité ne pourra pas, structurellement, répondre aux destructions imposées à l’environnement par la pêche industrielle : aussi difficile à croire que cela puisse être, le traité ne mentionne en tout et pour tout la pêche qu’à… une seule reprise ! Les lobbies industriels ont œuvré durant des années auprès de l’ONU pour être exemptés du champ de ce traité.
C’est d’ailleurs pour cela que le Secrétaire général des Nations unies rappelait, suite à l’intervention des Présidents de la France et du Costa Rica, que le cadre sur la biodiversité de Kunming-Montréal doit nous permettre de préserver 30% des zones côtières d’ici 2030 pour éviter la mauvaise foi et l’inaction des États dans leurs propres eaux.
En juin 2022, en se prononçant pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins et en se portant simultanément candidat pour accueillir la prochaine conférence des Nations unies sur l’océan, Emmanuel Macron avait laissé entendre au monde qu’il présiderait une conférence d’ampleur pour prendre des mesures concrètes et rapides afin d’endiguer l’effondrement du vivant.
La France avait tout en mains pour réussir un tour de force et sauver, littéralement, l’humanité du désastre climatique et civilisationnel annoncé, alors qu’un océan surchauffé, acidifié et vidé de ses richesses biologiques ne peut générer que notre propre perte. Nous avons les richesses économiques, des fonctionnaires compétents, une diplomatie redoutable d’efficacité, des chercheurs, des penseurs, une société civile organisée et exigeante… Nous avions tout, y compris le mode d’emploi : l’exemple de Laurent Fabius et de la COP21 en 2015 avait montré comment s’y prendre pour réussir majestueusement une négociation internationale.
Mais non, à un enjeu historique, Emmanuel Macron aura ce matin multiplié les lieux communs et enfoncé des portes ouvertes tout en s’accrochant aux branches des processus onusiens déjà en cours pour tenter de masquer l’incurie du gouvernement français qui n’a mis ni les moyens, ni la volonté politique pour obtenir une victoire diplomatique significative pour la sécurité de l’humanité.
Ainsi, alors que l’expansion de l’industrie des énergies fossiles fait peser sur l’océan, le climat et l’humanité une menace existentielle, alors que 145 parlementaires issus de 39 pays appellaient le Président de la République Emmanuel Macron et le Président de la République du Costa Rica Rodrigo Chaves Robles à se prononcer en faveur d’un traité de non-prolifération des énergies fossiles et à enclencher une dynamique internationale pour concrétiser l’engagement de la COP28 sur le climat à sortir des énergies fossiles, Emmanuel Macron a fait l’impasse sur ce sujet dans son discours, laissant entendre que la question des énergies fossiles demeurait une prérogative abordée lors de la COP30 décisive sur le climat au Brésil.
Le gouvernement français n’a pas travaillé, et cela se voit. S’il ne veut pas être consacré champion de l’hypocrisie environnementale à l’issue de cette semaine, le Président Emmanuel Macron ferait bien de reconsidérer à la hausse ses ambitions et de prévoir des annonces concrètes : interdire les techniques de pêche destructrices telles que le chalutage dans 30% de nos eaux dont un tiers sous protection stricte sans activité extractive, protéger les pêcheurs et écosystèmes côtiers en excluant les navires industriels de plus de 25 mètres de la bande côtière des 12 milles nautiques, défendre la fin des subventions aux énergies fossiles au sein de l’Union européenne dans le cadre de la révision de la directive sur la taxation de l’énergie.
Swann Bommier, directeur du plaidoyer de BLOOM, concluait : « Nous tenons tout d’abord à féliciter le gouvernement polynésien pour le travail sérieux et exemplaire pour réellement protéger les trésors de biodiversité des mers du Pacifique. Nous aimerions pouvoir adresser des félicitations aussi sincères au gouvernement français. Mais force est de constater qu’à ce jour, le gouvernement a fait le pari de l’enfumage médiatique, ne protégeant réellement que le lobby des pêches destructrices. BLOOM en appelle à un sursaut médiatique pour que le niveau d’imposture du gouvernement n’ait plus l’espace de se déployer sans un contradictoire journalistique qui soit à la hauteur de l’urgence climatique et environnementale ».
09 juin 2025
Avant même l’ouverture officielle le 9 juin de la troisième conférence des Nations Unies sur l’océan, le Président de la République Emmanuel Macron a déjà pris la parole à trois reprises, entre les 7 et 8 juin, pour faire des annonces présentées comme « importantes » et « concrètes, préparées avec les associations » (1). Il aura fallu attendre la diffusion du dossier de presse produit par le Ministère de la transition écologique dans la soirée du 8 juin pour comprendre que les aires marines dites « protégées » dans lesquelles le chalutage de fond serait interdit passeraient de 0,1% à soi-disant 4% des eaux métropolitaines, selon la communication officielle. Mais en procédant à l’analyse détaillée des cartes fournies dans le dossier de presse intitulé « Protéger la biodiversité marine », BLOOM a découvert le pot-aux-roses : les 4% de nouvelles aires marines supposées être « fortement » protégées d’ici fin 2026 et dans lesquelles le chalutage de fond serait interdit, se trouvent… dans des zones dans lesquelles le chalutage de fond est déjà interdit !
08 juin 2025
Aujourd’hui, la France accueille le sommet des Nations unies pour l’océan, fruit de trois années de mobilisation de l’appareil diplomatique français. Après l’adoption en décembre 2022 de l’accord de Kunming-Montréal établissant un objectif de 30 % de protection de l’océan, cette conférence doit marquer un tournant pour la protection de l’océan. En tant que première puissance maritime européenne, deuxième puissance maritime mondiale et pays hôte de ce sommet historique, la France est sous le feu des projecteurs.
07 juin 2025
« UNOC3 », le sigle de la troisième conférence des Nations Unies sur l’océan, sera donc associé au naufrage du politique en France. Dans un entretien donné à la PQR en amont de la journée mondiale de l’océan pour écraser de la communication présidentielle tout l’espace de mobilisation citoyenne du 8 juin, Emmanuel Macron a consacré son impuissance et son inutilité : il a confirmé aux lobbies de la pêche industrielle que c’étaient bien eux les maîtres du jeu, qu’ils pourraient continuer à régner sur l’océan contre l’intérêt général et poursuivre, sans encombre, la destruction inexorable de la biodiversité et du climat. Le Président a mis en scène l’annonce… du statu quo ! Il a en effet confirmé que l’imposture de la politique de protection maritime de la France se poursuivrait, à savoir qu’il n’existerait jamais de cadre contraignant pour protéger véritablement les aires marines dites « protégées. La fausse protection « à la française » continuera à se faire au cas par cas, confetti par confetti, si et seulement si elle recueille un « consensus » entre scientifiques et pêcheurs. Ce qu’a annoncé le Président correspond à ce que la France fait déjà, c’est-à-dire rien.