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12 juillet 2023

Non, le groupe RENEW n’est pas le champion de l’écologie

C’était cousu de fil blanc. Après avoir torpillé le contenu de la Loi sur la restauration de la nature, le groupe RENEW s’est félicité d’avoir permis son adoption finale. Cette méthode est leur marque de fabrique et explique pourquoi, lorsque BLOOM a sorti son classement de la performance écologique des groupes politiques européens, RENEW avait fait mine de s’insurger contre notre méthodologie en disant que « ce qui comptait » c’étaient les votes finaux. Alors qu’évidemment, ce qui « compte », c’est l’ambition des amendements déposés et adoptés.

À défaut d’« écrire l’histoire », comme le clame le président du groupe RENEW au Parlement, avec l’adoption d’une Loi sur la restauration de la nature dépecée de sa force, les députés macronistes ont commencé à réécrire l’histoire.

Revenons donc aux faits sur ce que le groupe RENEW porte comme responsabilité dans l’amoindrissement de l’ambition de la loi, les votes qui ont été ceux des députés RENEW dans les trois Commissions du Parlement qui ont rejeté le texte avant la plénière du 12 juillet, et finalement leurs votes au cours de la plénière.

Au stratagème macroniste « words, words, words », nous opposons notre méthode : « facts, facts, facts ».

Les mots de la « victoire » selon Stéphane Séjourné

Force est de constater qu’au cours des derniers jours, M. Stéphane Séjourné a oeuvré pour éviter le rejet de cette législation dès le premier vote de plénière et son adoption au cours du vote final, une fois les amendements votés par les 649 députés votants.

Il aura fallu une pression citoyenne massive en amont de cet ultime vote au Parlement européen pour pousser les parlementaires du groupe RENEW, qui se caractérise par une absence manifeste de cohérence sur la question environnementale, à soutenir l’adoption de cette législation.

Que les citoyennes et citoyens en soient une nouvelle fois remerciés. Grâce à cette mobilisation citoyenne, M. Stéphane Séjourné annonçait ainsi, le 11 juillet au soir, à quelques heures du vote : « Nous soutiendrons aussi avec des nombreux collègues de la délégation @Ensemble_UE l’exclusion des navires de +25m des eaux côtières. »


    Déclaration de Stéphane Séjourné sur Instagram, le 11 juillet 2023, un peu avant 21 heures. 

De là à faire de l’adoption de la loi, comme le prétend M. Séjourné, « le jour le plus vert », il y a un monde.

Fact-checking des actes des députés RENEW

Voici dans les faits la « performance écologique » de RENEW sur la loi de restauration de la nature :

  • Deux votes de rejet dans les Commissions de l’Agriculture et de la Pêche (voir le détail dans les liens).
  • Un soutien obtenu in extremis en imposant aux groupes de l’arc écologiste des concessions massives en amont du vote de la Commission Environnement. En vain, car quatre parlementaires du groupe RENEW ont maintenu leur opposition à ce texte, empêchant l’adoption du texte en Commission Environnement.
  • Le dépôt par le président du groupe RENEW, Stéphane Séjourné, d’un copié-collé de la position du Conseil ! Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers des us institutionnels européens, le fait que le Parlement abaisse son ambition au point de se caler sur la position du Conseil est une négation même de son pouvoir, acquis de haute lutte, pour devenir co-décisionnaire des législations européennes avec le Conseil, via le Traité de Lisbonne.
  • Une incapacité totale, une fois au pied du mur, d’assurer une cohésion de groupe pour s’assurer que le rejet du texte soit écarté et que la loi soit bien adoptée en plénière. Ainsi, à 24 heures du vote, le Président du groupe RENEW Stéphane Séjourné renvoyait dos à dos l’axe antiécologique de la droite et de l’extrême-droite et l’arc de la gauche écologiste, et assurer que « jusqu’au dernier moment, nous serons là pour faire de ce texte une victoire »1À 24 heures du vote, lors du débat organisé à Strasbourg en amont du vote sur la Loi sur la restauration de la nature, M. Stéphane Séjourné concluait son discours dans l’hémicycle en ces termes : « Mesdames, Messieurs, nous allons faire le travail. Nous proposerons dans les 24 heures qui viennent une stratégie pour avoir une majorité, en tout cas pour éviter le rejet de ce texte. J’en appellerai avec l’ensemble des responsables politiques, avec ceux qui ont travaillé, avec les présidents de commission parlementaire, avec nos rapporteurs et nos rapporteurs fictifs, à une stratégie pour que ce texte puisse aboutir. J’en appelle à la responsabilité, à gauche comme à droite. En tout cas, jusqu’au dernier moment, nous serons là pour faire de ce texte une victoire ».
  • Mercredi 12 juillet, le message n’était semble-t-il pas passé. Le groupe n’a pas suivi ses champions tels que Catherine Chabaud, Karen Melchior, Róża Thun and Martin Hojsík.

Les votes des députés RENEW le 12 juillet en plénière :

  • Le premier amendement soumis au vote le mercredi 12 juillet concernait le rejet en bloc de tout le texte, sans même se pencher sur son contenu. Ce rejet, qui aurait constitué une véritable déflagration, a été évité à 12 voix près. Au sein de RENEW, sur un groupe comptant 101 parlementaires, 27 votes de rejet… !

… et 7 abstentions.

Et ce alors que les groupes politiques de l’arc de la gauche écologiste (The Left, Greens, S&D) comptent, en tout et pour tout, une abstention !

  • Sur le vote final d’adoption de la loi, rebelote : 19 votes de RENEW pour rejeter le texte amendé.

… et 10 abstentions.

Entre le vote de début et le vote de fin, la proposition de loi a été torpillée par une série d’amendements de la droite.

Nous allons analyser les votes RENEW sur ces amendements nocifs qui aboutissent au constat lamentable que la loi, telle qu’amendée par le Parlement en plénière ce matin, est plus faible encore que la position du Conseil.

Voici comment RENEW clame dans une offensive d’ampleur sur les réseaux sociaux avoir permis l’adoption du texte face à « une extrême-gauche qui voulait laver plus vert que vert », alors qu’un tiers de son groupe a voté tout de go le rejet de la loi puis de nouveau au moment du vote final, malgré un texte sérieusement amoindri sur le fond.

Cela est d’autant plus regrettable que ce groupe compte de « réels » champions de l’écologie comme la députée danoise Karen Melchior, le Slovaque Martin Hojsik, la Polonaise Róża Thun und Hohenstein et la députée française Catherine Chabaud, sincèrement concernée par l’état des océans. Les voix de ces députés dont les votes reflètent l’engagement pour l’écologie restent désespérément minoritaires au sein du groupe et ne parviennent pas à changer les consignes de vote de Renew.

À lire aussi :

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le détail des votes par amendement de tous les eurodéputés lors de la plénière du 12 juillet sur la Loi de la restauration de la nature.

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Notre évaluation arrive dans un contexte particulier au Parlement où une alliance entre la droite et l’extrême droite appuyée par les libéraux du groupe ‘Renew’ a empêché l’examen de la « Loi sur la restauration de la nature » dans les Commissions de l’Agriculture (le 23 mai) et de la Pêche (le 24 mai).

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