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16 décembre 2022

Le péril français sur la biodiversité mondiale

Pendant que l’attention du monde entier se porte sur le ballon rond, la France en profite pour saccager, à Montréal, la conférence internationale sur la Biodiversité et rendre impossible un résultat à la hauteur du défi de la disparition du vivant. Un rôle sombre du gouvernement Macron qui ne fait pas la une des journaux alors que les enjeux pour notre avenir sur Terre sont à proprement parler existentiels.

La COP15 sur la biodiversité entre dans sa dernière ligne droite avec la négociation de « haut niveau » qui doit aboutir lundi 19 décembre à un accord mondial entre 196 États pour protéger la nature. En coulisses, loin des ambitions affichées dans une communication bien huilée, la France mène un travail de sape visant à faire capoter tout accord international qui instaurerait une véritable protection des aires marines dites « protégées » et qui donnerait aux pays en développement les moyens financiers de mettre en œuvre une politique de protection de la nature et du vivant. C’est une « ligne rouge » de l’Élysée que les diplomates français suivent à la lettre, quitte à créer l’esclandre et générer le départ de tous les pays en développement de la salle de négociation.

Pour sauver le lobby de la pêche industrielle, c’est l’avenir de l’humanité et du vivant qu’Emmanuel Macron est en train de sacrifier à Montréal. En trois étapes.

1ère étape : Avant la COP, la France a tué l’objectif de 10% de protection « stricte »

Depuis des mois, la France torpille les velléités européennes d’intégrer au mandat de négociation de l’UE pour la COP15 des objectifs ambitieux de protection de l’océan. Comme nous le révélions le 5 décembre dans un rapport inédit, la France s’est alliée aux Pays-Bas, contre la Belgique notamment, pour que l’UE abandonne l’objectif de 10% de « protection stricte » lors de la conférence mondiale sur la biodiversité, et ne conserve que l’objectif global de 30% d’aires marines protégées.

2ème étape : Débarrassée des 10% de protection « stricte », la France vide désormais de sa substance l’objectif de 30% de protection globale

A Montréal, le sabotage se poursuit. Débarrassée de l’objectif de 10% de protection « stricte », la France est désormais à pied d’œuvre pour que l’objectif de 30% reste lettre morte. Pour cela, la France s’oppose maintenant à l’adoption de critères précis de qualité qui permettraient d’assurer que les 30% de l’objectif global de protection correspondent à une protection réelle[1]. Sans ces critères qualitatifs, les chiffres de protection restent de la poudre aux yeux et les aires marines protégées (AMP) des coquilles vides inefficaces, à l’image des fausses AMP créées par la France.

Pour atteindre ses objectifs, la France procède de deux façons : d’une part, elle bloque la position de l’UE au sein de l’espace de coordination européenne, d’autre part, elle œuvre au niveau plus global en instrumentalisant la « Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples ». Lancée en grande pompe par Emmanuel Macron en 2021, la « haute ambition » de cette coalition semble surtout, sous l’influence de la France, de lutter contre une protection réelle des aires protégées. Emmanuel Macron a déjà glané les bénéfices de ses annonces spectaculaires de « plus de 30% des eaux françaises protégées » au moment du One Ocean Summit à Brest avant l’élection présidentielle. Il n’a pas la moindre intention de faire en sorte que la protection soit effective[2]. C’est l’objectif que la France s’est fixé pour cette COP. Pour le moment, elle parvient à ses fins.

Scandalisés, de nombreux participants à la COP15 ont alerté BLOOM sur l’entreprise de destruction éhontée de la France.

3ème étape : La France refuse catégoriquement le principe de solidarité pour la biodiversité

Mais le rôle indigne de la France ne s’arrête pas là. Emmanuel Macron s’oppose aussi fermement à la création d’un fonds mondial sur la biodiversité, destiné à aider les pays en développement à protéger la nature. Selon les négociateurs, la « ligne rouge » de l’Élysée est défendue par les diplomates français avec une telle inflexibilité et arrogance qu’elle met en péril la négociation mondiale. Étant donné que la France a réussi à bloquer la position de l’UE sur cet aspect, l’UE n’a pas été en capacité d’accueillir positivement l’esprit de compromis animant les délégations des pays en développement qui proposaient de faire évoluer le « Fonds pour l’environnement mondial[3] » au lieu de créer un nouvel instrument financier. L’indécence et la raideur de la position occidentale mettent les négociations sous tension : dans la nuit de mardi à mercredi, tous les pays en développement ont quitté la salle de négociation, ulcérés.

Si la France ne change pas radicalement et immédiatement sa position, l’échec de la COP15 est inéluctable et lui sera directement imputable. La détermination d’Emmanuel Macron à détruire le vivant et le climat entache en profondeur l’image de l’Hexagone et rend amère la décision de l’ONU d’attribuer à la France la responsabilité d’accueillir la prochaine conférence de l’ONU sur l’océan en 2025.

 

Notes

[1] L’objectif 3 du « Cadre mondial de la biodiversité » (« Global Biodiversity Framework – GBF).

[2] C’est pourquoi au préalable, la France a redéfini à sa sauce la protection « stricte » européenne qu’elle a transformée dans un décret en vaseuse protection « forte à la française ». C’est ce décret dangereux que BLOOM a dû attaquer devant le Conseil d’État pour juguler la détermination de la France à ne jamais protéger l’océan et contrarier les pêcheurs, qui ont accès à 99,9% des eaux métropolitaines françaises.

[3] Global Environment Facility – GEF.

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