30 juillet 2024
Alors que les chalutiers continuent d’opérer à quelques encablures des îles de Houat et Hoëdic, au sein d’une aire marine censée être protégée, bénéficiant du silence complice de la Préfecture de Bretagne, les associations BLOOM, Pleine Mer et Eau & Rivières de Bretagne déposent un recours devant le tribunal administratif de Rennes pour mettre fin à l’impunité des chalutiers qui opèrent au détriment de la biodiversité marine et des pêcheurs artisans de Houat et Hoëdic.
Les îles de Houat et Hoëdic et leurs abords abritent un patrimoine de biodiversité particulièrement remarquable. On peut y observer des bancs de maërl (une algue calcaire formant des récifs similaires à des coraux) qui constituent des zones riches en biodiversité marine.
Pour cette raison, le gouvernement a instauré en 2004 une aire marine protégée autour des deux îles de Houat et Hoëdic, et classé la zone comme site Natura 2000 au titre de deux directives européennes, la Directive Oiseaux et la Directive Habitats.
Mais contre toute attente, des chalutiers sont autorisés à venir aussi souvent qu’ils le souhaitent racler les fonds marins aux abords des îles, à quelques mètres de la rive. En effet, alors qu’une législation nationale interdit le chalutage dans la bande côtière des 3 milles nautiques, les chalutiers opérant autour des îles de Houat et Hoëdic bénéficient d’une dérogation datant de 1956 qui leur permet de saccager les écosystèmes locaux en toute légalité.
Détruisant les écosystèmes marins vulnérables, ramassant tout sur leur passage, y compris les espèces juvéniles ou non commercialisables, et consommant beaucoup plus de carburant qu’un pêcheur artisan pratiquant les arts dormants (tel que le filet, la ligne, le casier), les chalutiers constituent un désastre environnemental, climatique et social. Par ailleurs, il n’est pas rare qu’un trait de chalut arrache le matériel des pêcheurs artisans posé au même endroit, ruinant d’un seul coup tout le travail de ces derniers.
Face à cette aberration, les associations BLOOM, Pleine Mer et Eau & Rivières de Bretagne ont engagé un recours gracieux en mars dernier pour faire interdire le chalut dans la bande des 3 milles nautiques autour des deux îles. A ce jour pourtant, les pêcheurs artisans continuent à assister au spectacle accablant de chalutiers opérant à quelques mètres du rivage.
Alors que les écosystèmes marins sont plus mal en point que jamais, et en dépit de notre cri d’alarme, la Préfecture de Bretagne a entériné le statu quo dans un courrier en réponse en date du 29 mai 2024. Alors que la publication de l’étude évaluant l’impact des activités de pêche sur les écosystèmes marins, attendue depuis 2004 et annoncée pour juin 2023, est sans cesse repoussée, la Préfecture se borne à évoquer une étude « en voie de finalisation », sans plus de détails. Sans se prononcer officiellement en faveur d’une interdiction du chalutage dans la bande des 3 milles nautiques, la réponse de l’administration reste floue, avec d’éventuelles « mesures d’exclusion spatiale ou temporelle, ou techniques, pour tout ou partie des habitats et des espèces concernées ».
Face au refus du préfet de région d’annuler une dérogation vieille de plus d’un demi-siècle afin de suivre les recommandations scientifiques, d’appliquer le plan d’action pour l’océan de la Commission européenne et de protéger efficacement des écosystèmes précieux et les derniers pêcheurs artisans des îles de Houat et Hoëdic, BLOOM, Eau & Rivières de Bretagne et Pleine Mer saisissent le tribunal administratif de Rennes pour obtenir in fine l’interdiction du chalutage dans la bande côtière des trois milles marins autour des deux îles.
Alors que la France accueille dans moins d’un an la Conférence des Nations unies sur l’océan, elle se doit de se montrer exemplaire en termes de protection marine. A l’heure où l’océan est plus mal en point que jamais, le règne sans limites des chalutiers doit cesser.
Crédit photo ©Ricotta Mitsouko
18 juillet 2024
BLOOM engage une procédure auprès de la Commission européenne pour s’attaquer au chalutage sur les herbiers de posidonie de Méditerranée et faire respecter le droit européen.
Véritable joyau de la grande bleue, la posidonie constitue un habitat exceptionnel et particulièrement vulnérable. Mais, alors que la France accueillera dans moins d’un an la troisième conférence des Nations unies sur l’océan, elle met tout en œuvre pour déroger au droit européen et maintenir le statu quo pour permettre à des chalutiers d’opérer dans le Parc national de Port-Cros et la rade d’Hyères, quitte à sacrifier des écosystèmes marins exceptionnels dans la manœuvre.
La Commission européenne doit révoquer cette dérogation illégale et mettre fin à l’imposture chaque jour plus criante de la « protection à la française ».
27 juin 2024
Dans la continuité de la feuille de route halieutique votée en février 2024 au Conseil régional, la Région Bretagne multiplie les efforts pour soutenir financièrement le renouvellement de la flotte de pêche. En 2002, afin de lutter contre la surpêche, l’Union européenne a pourtant interdit les subventions à la construction de navires de pêche, considérées néfastes car elles encouragent la surcapacité chronique des navires (à la fois trop nombreux et trop puissants) et la surpêche. Mais le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a trouvé un stratagème pour contourner cette interdiction en proposant de créer un fonds privé de 3 millions d’euros nommé « Breizh Up pêche ». Le vote pour entériner sa création aura lieu le 28 juin 2024 au Conseil régional de Bretagne.
16 février 2024
Malgré la forte mobilisation des pêcheurs artisans, des associations, des élus de divers bords et des citoyens sur les réseaux sociaux et à Saint-Malo en matinée du 15 février (environ 200 personnes présentes), le Président de région Loïg Chesnais-Girard n’a toujours pas annoncé retirer ce qui est devenu la pomme de discorde : la « feuille de route halieutique ».