03 septembre 2024
Après le Royaume-Uni, la Grèce et la Suède, l’Écosse s’attaque à son tour au chalutage de fond et s’apprête à interdire cette pratique dévastatrice pour les fonds marins dans une partie de ses aires marines protégées. Alors que cette tendance européenne se précise pour protéger réellement l’océan, le silence de la France est assourdissant.
Face à la dégradation sans précédent du milieu marin, à l’effondrement des populations de poissons et à l’aggravation du dérèglement climatique, le Gouvernement écossais a décidé d’agir « afin de soutenir le rétablissement et la résilience de notre environnement marin ». Depuis le mois d’août 2024, ce dernier a lancé une consultation publique afin d’interdire le chalutage de fond dans vingt aires marines protégées (AMP) écossaises.
Se reposant sur la littérature scientifique abondante démontrant le bilan dévastateur du chalutage sur les fonds marins, les écosystèmes, l’emploi et les finances publiques, l’Écosse souhaite mettre en place de nouvelles mesures d’interdiction de cette technique de pêche dans vingt aires marines protégées ayant subi plus de 6 000 heures de chalutage de fond l’année dernière.
Dans un territoire pour lequel la mer est non seulement un trésor de biodiversité, mais aussi un bien commun social et culturel, la protection de zones maritimes est une priorité qui a déjà fait ses preuves : à la suite de la mise en place d’une réserve maritime en 2008 où toute activité de pêche ou d’extraction a été interdite, la réserve a vu le retour de nombreuses espèces d’algues qui ont permis le rétablissement de plusieurs espèces comme la coquille saint jacques, une espèce à forte valeur commerciale qui bénéficie donc aux pêcheurs de la région.
Cette annonce fait écho aux appels répétés des associations environnementales qui alertent depuis des années sur l’urgence à protéger les eaux écossaises. Dénonçant le laxisme du Gouvernement en matière de protection, de nombreuses organisations écossaises se sont mobilisées ces dernières années, l’ONG Open Seas rappelant que « depuis plus de 10 ans, de nombreuses aires marines protégées (AMP) d’Écosse ne sont que des lignes sur une carte, des parcs de papier sans protection réelle ».
A la suite de la mobilisation de la société civile sur ces enjeux, le Gouvernement écossais vient donc d’annoncer le lancement d’une consultation proposant d’interdire complètement le chalutage de fond dans cinq AMP. Dans quinze autres AMP, les citoyens sont amenés à donner leur avis entre deux options : une interdiction complète du chalutage de fond sur toute la surface des AMP, ou bien sur certaines portions identifiées par le gouvernement comme prioritaires au regard des enjeux environnementaux qu’elles présentent, tels que les récifs.
Alors que les écosystèmes marins sont plus mal en point que jamais et que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) rappelle que la pêche industrielle est la première cause de destruction de l’océan au cours des cinquante dernières années, la seule option acceptable pour retrouver un océan sain et en bonne santé doit être celle de l’interdiction totale du chalutage de fond dans les AMP, comme n’a de cesse de le répéter la communauté scientifique internationale.
En lançant cette consultation publique, l’Écosse rejoint le rang des pays européens ayant déjà sauté le pas en faveur d’une meilleure protection de leurs eaux.
En avril dernier, la Grèce ouvrait la voie lors de la Conférence internationale Our Ocean à Athènes, en devenant le premier pays européen à annoncer l’interdiction du chalutage de fond dans ses parcs nationaux d’ici 2026, et son interdiction dans toutes les aires marines protégées du pays d’ici 2030, s’alignant ainsi sur les standards internationaux définis par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) selon lesquels toute activité ou infrastructure industrielle est interdite au sein d’une AMP.
Peu après, en juin dernier, c’est la Suède qui faisait sensation en annonçant son intention d’interdire le chalutage de fond dans toutes les aires marines protégées et dans l’ensemble des eaux territoriales suédoises. Une décision historique, puisque le Gouvernement souhaite également étendre à 30 % la surface des aires marines protégées et interdites au chalutage d’ici 2030, conformément aux objectifs européens.
Mais loin de cette ambition européenne en faveur d’une réelle protection de l’océan, la France continue de faire des pieds et des mains pour contenter le lobby de la pêche industrielle qui consacre près de la moitié de son temps de pêche à opérer dans les aires marines “protégées” de France métropolitaine.
A moins d’un an de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan que la France accueillera à Nice, il est plus qu’urgent que le gouvernement se ressaisisse et interdise immédiatement le chalutage dans l’ensemble de ses AMP.
Crédit image : Pixabay – CC0 license
30 juillet 2024
Alors que les chalutiers continuent d’opérer à quelques encablures des îles de Houat et Hoëdic, au sein d’une aire marine censée être protégée, bénéficiant du silence complice de la Préfecture de Bretagne, les associations BLOOM, Pleine Mer et Eau & Rivières de Bretagne déposent un recours devant le tribunal administratif de Rennes pour mettre fin à l’impunité des chalutiers qui opèrent au détriment de la biodiversité marine et des pêcheurs artisans de Houat et Hoëdic.
18 juillet 2024
BLOOM engage une procédure auprès de la Commission européenne pour s’attaquer au chalutage sur les herbiers de posidonie de Méditerranée et faire respecter le droit européen.
Véritable joyau de la grande bleue, la posidonie constitue un habitat exceptionnel et particulièrement vulnérable. Mais, alors que la France accueillera dans moins d’un an la troisième conférence des Nations unies sur l’océan, elle met tout en œuvre pour déroger au droit européen et maintenir le statu quo pour permettre à des chalutiers d’opérer dans le Parc national de Port-Cros et la rade d’Hyères, quitte à sacrifier des écosystèmes marins exceptionnels dans la manœuvre.
La Commission européenne doit révoquer cette dérogation illégale et mettre fin à l’imposture chaque jour plus criante de la « protection à la française ».
16 février 2024
Malgré la forte mobilisation des pêcheurs artisans, des associations, des élus de divers bords et des citoyens sur les réseaux sociaux et à Saint-Malo en matinée du 15 février (environ 200 personnes présentes), le Président de région Loïg Chesnais-Girard n’a toujours pas annoncé retirer ce qui est devenu la pomme de discorde : la « feuille de route halieutique ».