05 octobre 2023
Ce vendredi 6 octobre se déroulera à Bruxelles une réunion importante entre les institutions européennes pour préparer la mise en œuvre du Plan d’action de l’UE pour l’océan. L’enjeu est capital pour le climat, les écosystèmes marins et l’avenir de la pêche.
Mais, alors que BLOOM a demandé dans une lettre adressée à la Première ministre Elisabeth Borne d’avoir accès aux documents de préparation de cette réunion pour connaître la position de la France, toujours aucune réponse du gouvernement. Dans un flagrant déni de démocratie, aucune transparence, aucune modalité de concertation ou de co-construction ne semble prévue sur LE document qui va déterminer la politique française de protection de l’océan pour les années à venir.
Dans un an, la France lancera une « Année de la Mer » pour préparer l’accueil en juin 2025 de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan. Quand il s’agit d’inventer un agenda de festivités autour de la mer, force est de reconnaître une puissance de frappe exemplaire à la France en marketing écologique et communication événementielle. Mais lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les recommandations européennes pour la protection de nos eaux, la France compte parmi les pires élèves européens.
Le 21 février 2023, la Commission européenne publiait, avec deux ans de retard, son Plan d’action pour l’océan. L’urgence climatique et environnementale commandait de publier une proposition de règlement pour fonder notre relation à l’océan sur de nouvelles bases.
Cependant, sous la pression des lobbies, la Commission européenne laissait via ce Plan d’action la responsabilité d’agir aux Etats membres de l’UE. Néanmoins, en rappelant le droit européen existant, et en fixant un calendrier pour sa mise en application effective, la Commission établissait un cadre clair pour orienter les politiques de protection de l’océan et la transition du secteur de la pêche :
Au lieu de voir dans ces recommandations une opportunité pour engager, enfin, une transition du secteur de la pêche vers des pratiques socialement et écologiquement vertueuses, les lobbies du chalut et les tenants du statu quo ont voué ce Plan d’action aux gémonies. En porte-parole fidèle du lobby du chalut, le Secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville, s’est lancé dans une opération de communication mensongère de grande ampleur, présentant ce plan comme « une condamnation pure et simple de la pêche artisanale française, de la pêche artisanale européenne, pas dans 20 ans, pas dans 10 ans, demain, en 2024 » et annonçant que la France était « totalement, clairement, et fermement » opposée à l’interdiction du chalutage de fond et des techniques de pêche destructrices dans les aires marines protégées. Aux termes d’un mois de mensonges qui ont mis le feu aux poudres, les bureaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) à Brest partaient en fumée à la suite d’une manifestation de pêcheurs. Le Secrétaire d’État Hervé Berville tentait alors de clore cette séquence désastreuse en clamant vainement victoire après avoir obtenu confirmation auprès du Commissaire européen Sinkevičius que « l’interdiction des engins mobiles de fond ne serait pas imposée aux États membres ». Rien de neuf jusque-là puisque le Plan d’action est bien… un plan d’action, à mettre en œuvre par les Etats eux-mêmes.
Depuis, c’est le silence radio qui prévaut au sein du gouvernement sur ce sujet.
Ce qui nous amène à la réunion qui se tiendra ce vendredi 6 octobre 2023 à Bruxelles, où les représentants des ministères de l’Environnement et de la Pêche des divers États membres de l’UE et la Commission européenne se retrouveront pour présenter et finaliser leurs feuilles de route respectives en vue de la mise en œuvre du Plan d’action de l’UE pour l’océan.
Afin de suivre ce processus crucial pour la protection des écosystèmes marins européens et préparer l’échéance fixée par la Commission européenne à mars 2024, BLOOM a envoyé le 28 septembre 2023 une lettre à la Première Ministre Elisabeth Borne, au Ministre de la Transition écologique Christophe Béchu et au Secrétaire d’État chargé de la Mer Hervé Berville pour prendre connaissance de la feuille de route française en la matière et demander l’ouverture d’une concertation afin de s’assurer que la France sera bien au rendez-vous.
A ce jour, aucune réponse.
Aucune nouvelle de la feuille de route française pour la mise en œuvre du Plan d’action de l’UE pour l’océan.
Le 7 septembre 2023, la prestigieuse revue scientifique internationale Nature dénonçait dans un éditorial « l’hypocrisie des champions auto-proclamés de l’océan » et épinglait tout particulièrement la France pour avoir exprimé son refus d’interdire le chalutage de fond dans ses aires marines dites « protégées », alors que nous accueillerons la prochaine Conférence des Nations unies sur l’océan en juin 2025.
Nous veillerons dans les prochains mois à ce que ce Plan d’action de l’UE pour l’océan ne soit pas jeté aux orties par le gouvernement français, alors que s’ouvre une séquence cruciale pour l’avenir de nos eaux, entre adoption d’une Stratégie nationale Mer et Littoral, révision des Documents stratégiques de façade, lancement de l’« Année de la Mer » et accueil de la Conférence des Nations unies sur l’océan.
Nous réitérons notre demande d’accès aux documents de préparation de la feuille de route française sur ce Plan d’action, et appelons le gouvernement à engager une concertation ouverte aux citoyens et à l’ensemble des parties prenantes pour que la politique française en matière de protection et restauration des écosystèmes marins se construise de manière transparente et démocratique.
03 avril 2023
Tout ça pour ça.
Après avoir vociféré pendant près de trois semaines des mensonges pyromanes et apocalyptiques à propos de l’interdiction supposément immédiate des méthodes de pêche destructrices dans les aires marines dites « protégées » qui « condamnerait la pêche artisanale française et l’amènerait à disparaître, pas dans 10 ans, demain », le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, a ENFIN compris que le « Plan d’action pour l’océan » de la Commission européenne sorti le 21 février dernier était un PLAN D’ACTION et non pas une PROPOSITION LÉGISLATIVE contraignante, comme on l’expliquait dans notre note de décryptage.
31 mars 2023
Dans la nuit du 30 au 31 mars 2023, les bureaux de l’Office français de la biodiversité (OFB), l’administration publique en charge de la protection de la biodiversité et de la gestion des aires marines protégées (AMP), brûlaient à Brest.
21 février 2023
Deux ans.
Deux ans que le « package » de quatre documents dont le fameux « Plan d’action pour l’océan » de la Commission européenne est attendu par les ONG et les citoyens comme le Graal qui permettra de sauver l’océan et le climat d’une mort annoncée. Aujourd’hui, c’est le deuil de l’ambition des institutions politiques pour sauver la nature et notre avenir climatique que les citoyens doivent entamer.