18 novembre 2024
Alors que les « Assises de l’économie de la mer » se tiendront à Bordeaux les 19 et 20 novembre, en plein scandale des quotas de pêche français que le ministre de la mer et de la pêche Fabrice Loher vient d’accorder au plus grand chalutier pélagique du monde, BLOOM revient sur les mensonges et les trahisons du gouvernement et organise avec l’écosystème Darwin-Climax-Coalitions et de nombreuses ONG, les 19 et 20 novembre, un contre-événement citoyen, « Les Assises de l’Amer », pour dénoncer la destruction de l’océan à grande échelle soutenue par la France.
Samedi 16 novembre, BLOOM publiait une vidéo sur les réseaux sociaux, totalisant déjà plus d’un million de vues, montrant des images inédites de la démesure du navire-usine de 145 mètres immatriculé en Pologne et possédé par le consortium industriel néerlandais Parlevliet & van der Plas.
BLOOM, les ONG, les pêcheurs et les citoyens n’ont pas dit leur dernier mot sur l’affaire du plus grand chalutier pélagique du monde, l’Annelies Ilena, qui a pris cette semaine une tournure de scandale. Dans une séquence révélatrice de son absence d’éthos politique, M. Fabrice Loher a dénié, accusé autrui puis finalement assumé sa trahison à la pêche française en faveur de lobbies industriels étrangers.
Voici les principales étapes de cette saga :
Au total, ce sont donc 37 000 tonnes de quota français de merlan bleu que le gouvernement Barnier vient d’octroyer à un pillard des mers, décrié par le secteur dans son ensemble et condamné par la branche CGT des marins du Grand Ouest.
Rappelons que sans ces attributions de quotas français, le plus grand navire pélagique du monde ne pourrait pas saccager les eaux européennes et les quotas pourraient servir à soutenir les flottes et les pêcheurs français.
M. Loher défend que les 37 000 tonnes de merlans bleus accordés à la Pologne pour le compte de l’Annelies Ilena ont été échangées contre des quotas de cabillaud. Mais BLOOM dénonce le pot-aux-roses : le quota de cabillaud ne va pas profiter aux petits navires côtiers qui font vivre les criées et les territoires, mais à un méga-chalutier industriel de 81 mètres appelé l’Émeraude, un bulldozer des mers pratiquant le chalutage de fond, l’une des méthodes de pêche les plus destructrices au monde qui dévaste les écosystèmes marins avec des filets lestés. Comble de l’ironie, ce navire, bien que battant pavillon français, appartient également au consortium néerlandais Parlevliet & van der Plas via ses filiales françaises Euronor et la Compagnie des pêches Saint Malo.
“Le scandale du navire de l’enfer a fait tomber les masques : M. Loher est le serviteur des très puissants lobbies industriels de la pêche qui dominent la politique européenne et désormais française en matière de pêche. C’est donc officiel : il ne se soucie pas des pêcheurs artisans français. Il œuvre pour les multinationales industrielles telles que Parlevliet & van der Plas. Si nous étions en démocratie, il serait invité par le Premier ministre à démissionner” explique Laetitia Bisiaux, chargée de projet à BLOOM.
Le Ministre Loher détaillera aux Assises de l’économie de la mer sa feuille de route pour l’année de la mer en vue de la conférence des Nations Unis qui se tiendra à Nice en juin prochain. Pour porter haut et fort la voix de l’océan et des citoyens contre la course destructrice de la pêche industrielle, BLOOM organise avec Darwin « Les Assises de l’Amer », un contre-événement citoyen au cours duquel nous proposerons des mesures fortes pour lutter contre la destruction de l’océan et le dérèglement climatique.
“Cet événement est l’occasion de dénoncer le modèle de dévastation de la pêche industrielle et proposer des mesures à la hauteur de l’urgence écologique et sociale, afin de restaurer les écosystèmes marins et défendre une petite pêche soutenable, les pêcheurs et les territoires qui en vivent.” explique Philippe Barre, fondateur de Darwin Climax Coalitions.
Nos principales demandes sont :
A sept mois du sommet des Nations Unies sur l’Océan (UNOC) que la France va accueillir, le gouvernement n’est toujours pas à la hauteur de ses responsabilités. L’océan est un allié essentiel pour faire face au dérèglement climatique : il absorbe près d’un tiers de nos émissions de CO2 et a déjà absorbé 90% des excédents de chaleur produits par les activités humaines. Il est inconcevable qu’en 2024, un navire destructeur comme l’Annelies Ilena puisse continuer à sillonner l’océan à travers le monde grâce à des décisions politiques opaques et contraires à l’intérêt général.
8h30 : Rassemblement citoyen devant l’Hôtel de Ville de Bordeaux
18h30 : Soirée citoyenne à Darwin, lieu alternatif emblématique de Bordeaux.
Interventions de plusieurs représentants d’ONG (Seastemik, Défense des milieux aquatiques) et de pêcheurs.
20h : Projection du documentaire « Aires marines protégées : une imposture française », réalisé par Jean-Pierre Canet, aux Chantiers de la Garonne. Débat avec le public en présence de l’équipe de BLOOM.
04 novembre 2024
Alors que le gouvernement avait pris position en mai dernier contre le plus grand chalutier pélagique du monde, l’Annelies Ilena, 145 mètres de long, initialement destiné à fabriquer de la pâte de surimi pour le compte de la Compagnie des Pêches de Saint-Malo, le nouveau ministre Fabrice Loher serait en train d’œuvrer pour que ce navire-usine puisse finalement recevoir le quota de pêche français lui permettant d’exploiter le merlan bleu (la principale espèce composant le surimi). Une décision incompréhensible et indéfendable pour la biodiversité et les pêcheurs français, que plusieurs associations et syndicats, BLOOM, Pleine Mer, Mor Glaz, Bretagne vivante, AL LARK et Seastemik, dénoncent fermement.
11 janvier 2024
Pour marquer le début de l’année 2024, décrétée « Année de la Mer » par Emmanuel Macron, l’administration française n’a pas trouvé mieux que d’autoriser la « Compagnie des pêches de Saint-Malo » à investir 15 millions d’euros pour exploiter le plus grand chalutier pélagique du monde, l’ « Annelies Ilena », surnommé « Navire de l’Enfer ». Ce navire-usine ciblera le merlan bleu, un petit poisson « pélagique » c’est-à-dire vivant entre-deux-eaux et qui entre dans la composition du surimi industriel. Le navire actuellement propriété de Parlevliet & van der Plas aux Pays-Bas (1) remplacera le chalutier français « Joseph Roty II » de 90 mètres d’ici la fin du mois de janvier 2024. Cette décision aberrante contredit totalement l’engagement pris en juillet 2023 par Stéphane Séjourné, homme de confiance d’Emmanuel Macron à Bruxelles et président du groupe politique européen « Renew » au Parlement européen, d’exclure les navires de plus de 25 mètres des eaux côtières françaises (12 milles nautiques, soit 22 km) (2).
23 mai 2024
Dès janvier 2024, BLOOM alertait l’opinion publique à propos du projet d’investissement de l’entreprise bretonne dans un navire-usine pour fabriquer du surimi : l’Annelies Ilena. Nous avons également mis en lumière le fondement illégal au regard du droit européen sur lequel reposait ce projet. En quelques semaines, le sujet a enflé : des dizaines d’articles sont parus dans la presse, des milliers d’interpellations directes ont été adressées par les citoyens au ministre de la transition écologique Christophe Béchu. Les associations environnementales, les pêcheurs artisans, et un arc politique large, comprenant même les socialistes bretons, se sont opposés au productivisme suranné qu’incarne un tel gigantisme industriel.