15 novembre 2023
Alors que notre classement de la politique d’approvisionnement en thon des grandes chaînes de supermarchés européens démontre une ignorance délibérée généralisée, BLOOM a spécifiquement choisi de mettre en demeure Carrefour le 8 novembre 2023 pour manquement à son devoir de vigilance. Sa position de leader de la grande distribution en France et dans le monde lui confère en effet une responsabilité toute particulière, ainsi que le pouvoir de tirer vers le haut tout le secteur en établissant de nouvelles normes globales et ambitieuses.
Depuis le début de notre campagne « Tuna Gate », le bilan des graves problèmes liés à la pêche industrielle au thon tropical ne cesse de s’alourdir. Aucune facette de ce commerce n’est épargnée. Le système dans son ensemble est désastreux, que ce soit pour les écosystèmes marins, les pays côtiers du Sud, les finances publiques, ou encore la santé des consommateurs.
Il est impératif d’accélérer et de renforcer les actions mises en œuvre pour protéger les populations de thon, les droits des travailleurs et la santé des consommateurs. BLOOM a donc demandé aux enseignes européennes d’expliquer et de prouver les mesures qu’elles prennent pour contrecarrer les risques associés à leurs offres de thon. Ce travail a été réalisé en collaboration avec l’ONG Blue Marine Foundation, ainsi qu’avec Greenpeace UK pour les enseignes britanniques.
Malgré les nombreuses alertes documentées des scientifiques et ONGs sur les conséquences de la pêche au thon tropical — alertes connues de la grande distribution depuis des années — trop peu d’actions, trop peu ambitieuses, ont été prises par les enseignes, qui restent « Délibérément ignorantes ». Marks & Spencer et Système U sont les deux seuls distributeurs des 36 interrogés à avoir des pratiques relativement respectueuses de l’environnement. Intermarché est la seule enseigne à voir pris des engagements à la suite de nos demandes, mais ceux-ci restent très insuffisants.
Pour empêcher les marques de fuir leurs responsabilités et faire cesser ces pratiques destructrices, nous nous saisissons de la loi sur le devoir de vigilance pour mettre l’enseigne Carrefour en demeure.
La loi sur le devoir de vigilance, adoptée en 2017, impose aux grandes entreprises françaises de publier un plan de vigilance comportant des mesures pour identifier les risques et prévenir les « atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement » résultant de leurs activités.
Elle s’applique à toutes les entreprises enregistrées en France en tant que société anonyme (SA), société européenne (SE), société en commandite par actions (SCA) ou société par actions simplifiées (SAS) et comptant au moins cinq mille salariés en France, ou au moins dix mille salariés en France et dans le reste du monde.
Les entreprises concernées par cette loi doivent établir un plan de vigilance qui comprend les cinq mesures suivantes :
Plus grande entreprise de distribution en France et 7ème mondiale, Carrefour ne dispose d’aucune excuse car elle possède les moyens les plus importants pour mettre en œuvre des pratiques exemplaires. Carrefour est aussi l’enseigne qui vend la plus grosse quantité de thon en France. Elle peut donc avoir un impact considérable si elle décide de changer ses pratiques.
Par ailleurs, comme il en est ressorti lors de nos échanges, Carrefour se targue d’avoir une « politique d’achat plutôt solide » et ne participe pas aux initiatives collectives prises par le secteur pour mettre en œuvre un approvisionnement durable en thon au prétexte qu’elle serait « trop avancée pour y consacrer du temps ». Son niveau de satisfaction est bien supérieur à la réalité de ses pratiques, qui sont loin d’être suffisantes. Il est temps pour Carrefour de mettre des actes derrière son exemplarité affichée, en instaurant des mesures ambitieuses à la hauteur des enjeux auxquels nous faisons face.
Cela étant dit, avec une note de 4,7/10 pour ses politiques d’achat, Carrefour n’est pas l’enseigne ayant les pires pratiques. Par exemple, l’enseigne E.Leclerc se distingue par une note extrêmement faible dans notre classement, n’étant ni collaborative ni ambitieuse. Malheureusement, même si E.Leclerc détient la plus grande part du marché français, cette enseigne n’est pas touchée par la loi sur le devoir de vigilance car sa forme juridique, une SARL, n’est pas comprise dans le périmètre d’application de la loi. Elle est ainsi juridiquement non-tenue de prévenir les risques et atteintes graves qui pourraient émaner de ses activités. C’est également le cas d’autres chaînes de supermarchés comme LIDL et Aldi.
Nous pensons que pour avoir un impact systémique et durable, il est primordial que les politiques d’achat des enseignes de la grande distribution changent radicalement et de manière permanente. La loi sur le devoir de vigilance a un pouvoir double en agissant avant et après que les dégâts soient faits :
Un boycott citoyen sera peut-être nécessaire à terme si les enseignes se montrent totalement imperméables à nos demandes. Pour le moment, nous faisons le choix de leur donner une dernière chance de prendre leurs responsabilités et de changer radicalement leurs pratiques d’achat.
Elles sont maintenant prévenues, nous ne les lâcherons pas.
08 novembre 2023
Après des mois de recherches et de révélations sulfureuses sur la destructivité et les abus multi-dimensionnels des pêches thonières tropicales (voir notre série « TunaGate »), BLOOM franchit aujourd’hui une étape décisive pour que les enseignes de la grande distribution, et en premier lieu la plus importante d’entre elles, Carrefour, prennent les mesures urgentes qui s’imposent pour mettre fin au drame humain et écologique qui se joue derrière les boîtes de thon tropical.
08 novembre 2023
Aujourd’hui, BLOOM dévoile dans le rapport « Délibérément ignorants » comment la grande distribution est complice d’un massacre de la vie marine et de violations graves des droits humains. L’objet du crime ? Les boîtes de thon vendues dans les rayons des supermarchés en Europe.
Le rapport établit un classement inédit des plus grandes enseignes européennes en fonction de leurs pratiques d’approvisionnement en thon tropical. Les résultats sont sans appel : la grande distribution vend aux consommateurs européens des produits à base de thon associés à des drames humains et écologiques. Pour faire cesser cette brutalité intolérable, BLOOM s’appuie d’une part sur la justice en mettant Carrefour en demeure pour manquement à son devoir de vigilance, et d’autre part sur la puissance citoyenne en lançant une pétition.