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13 novembre 2024

Le nouveau ministre de la pêche pris dans les filets du plus grand chalutier pélagique du monde

A peine installé dans ses fonctions, le nouveau ministre de la Pêche Fabrice Loher, également maire de Lorient, a commencé par se prendre les pieds dans les filets géants du plus grand navire du monde : l’Annelies Ilena. Alors que son prédécesseur Hervé Berville avait répondu à la pression citoyenne orchestrée par BLOOM en assurant en mai dernier que ce navire-usine de 145 mètres ne serait pas exploité par la Compagnie des pêches de Saint-Malo pour faire du surimi, le nouveau ministre a enchaîné une série de faux pas et de mensonges qui peinent à masquer sa difficulté à assumer publiquement le soutien qu’il vient d’accorder au gigantisme industriel et dont BLOOM a trouvé la preuve, malgré ses premières déclarations. Le premier acte politique de Fabrice Loher aura ainsi réussi à lui mettre à dos en un seul mouvement les ONG, les pêcheurs, les syndicats et les politiques.

BLOOM et le collectif citoyen que nous avions réuni contre le plus grand chalutier pélagique du monde, l’Annelies Ilena, mesurant 145 mètres de long pour une capacité de pêche de 400 000 kg par jour, pensaient l’affaire classée. En mai dernier, Hervé Berville, Secrétaire d’État à la mer avait officiellement annoncé qu’il retirait son soutien à ce navire-usine que la Compagnie des pêches de Saint-Malo souhaitait commencer à exploiter pour fabriquer du surimi. Seul hic : le surimi est fait d’une pâte de poisson composée de merlan bleu… or le navire-usine géant, immatriculé en Pologne, ne pouvait pas commencer à pêcher pour le compte d’une société localisée en France alors que la Pologne ne dispose d’aucun quota pour la pêche du merlan bleu en Europe. Le « navire de l’enfer », tel qu’il a été baptisé en Afrique pour ses ravages colossaux, attendait donc que la France accepte de céder du quota de merlan bleu à la Pologne. C’est ce transfert de quota qu’Hervé Berville a suspendu et qui a maintenu l’Annelies Ilena à distance des eaux européennes.

Pour s’assurer que le transfert de quotas de merlan bleu vers la Pologne n’ait jamais lieu, BLOOM a écrit au nouveau ministre de la Pêche Fabrice Loher, au début du mois d’octobre. Sans réponse à notre courrier, BLOOM a alerté les médias et les politiques.

Mensonge du ministre devant le Sénat

Interrogé sur la question des transferts de quotas de la France par M. Guillaume Gontard, sénateur écologiste de l’Isère, le 5 novembre dernier, M. Loher a d’abord commencé par démentir tout transfert de quota pour le compte de l’Annelies Ilena, déclarant : « Je démens clairement l’information diffusée par une ONG bien connue et reprise dans la presse ou sur les réseaux sociaux : aucune décision de transfert de quotas n’a été prise à ce jour, tout simplement parce que je n’ai à aucun moment rencontré les dirigeants de la Compagnie des pêches Saint-Malo. »

Or dès le lendemain, BLOOM a détecté un nouvel arrêté ministériel en date du 6 novembre, rédigé de ce fait bien avant l’intervention de M. Loher au Sénat, prouvant le mensonge du ministre. Notre analyse détaillée de l’arrêté, qui modifie la répartition des quotas de pêche, a révélé que plus de 22 000 tonnes de merlan bleu, le poisson utilisé pour fabriquer le surimi, avaient été retirées des quotas français1Le 13 mars 2024 : 53 862 tonnes de merlan bleu (la quasi-totalité attribuée au FROM Nord) sont réparties entre les organisations de producteur. Voir l’arrêté du 13 mars 2024
Le 6 novembre 2024, il n’y a plus que 31 261 tonnes de merlan bleu attribuées à l’ensemble des organisations de producteur en France. Voir l’arrêté du 6 novembre 2024
. Ces 22 000 tonnes de merlan bleu, revenant de droit aux pêcheurs français, ont ainsi été cédées à un autre pays, en l’occurrence la Pologne, dans l’opacité la plus totale et sans qu’aucune justification publique ne soit donnée.

En cédant ces 22 000 tonnes de merlan bleu à la Pologne, le gouvernement français accorde, de fait, un permis de destruction des eaux européennes à l’Annelies Ilena.

Amnésie foudroyante

Le 11 novembre, lors de la manifestation contre l’Annelies Ilena organisée par Extinction Rebellion et les Soulèvements de la Terre, Laetitia Bisiaux, chargée de campagne à BLOOM, a été reçue par le Ministre Fabrice Loher à la mairie de Lorient. Cette rencontre n’a pas permis de faire la lumière sur les mensonges gouvernementaux et les contradictions politiques autour de cette affaire, mais de mieux cerner l’ethos politique du nouveau ministre.

« Lors de notre entrevue à Lorient le 11 novembre, M. Loher a tenu des propos contradictoires. Il a commencé par dire qu’il n’était pas au courant du dossier » relate Laetitia Bisiaux, qui poursuit : « alors qu’il maintenait n’avoir aucune connaissance de cette affaire de quotas, j’ai été obligée de contrer sa mauvaise foi en lui montrant l’arrêté daté du 6 novembre sur la modification des quotas de pêche. C’est au moment où j’ai laissé entendre que ce transfert de quotas était illégal, puisque les lois de l’Union européenne interdisent un transfert de quotas sans contrepartie, que la mémoire lui est subitement revenue pour préciser qu’il ne s’agissait pas d’un “transfert“ mais d’un “échange“… » M. Loher a fini par admettre une parfaite connaissance du dossier pour mieux se défausser sur son prédécesseur Hervé Berville : il a reconnu que les 22 000 tonnes de merlan bleu avaient été échangées avec la Pologne en mars et en septembre avant qu’il ne prenne ses fonctions, mais sans préciser les contreparties exactes ni les bénéficiaires de ces quotas.

Une pratique de dupe

Tout au long de ce processus, M. Loher a mimé l’incompétence mais BLOOM n’est pas dupe : M. Loher met tout en œuvre pour tenter de passer ce sujet sous silence, pour le plus grand bénéfice de la Compagnie des pêches de Saint-Malo, une entreprise française propriété de la multinationale néerlandaise Parlevliet & van der Plas, également propriétaire de l’Annelies Ilena.

« A l’heure de l’urgence climatique et de l’effondrement de la biodiversité, le gouvernement français choisit de se soumettre aux exigences des lobbies de la pêche industrielle néerlandaise, au détriment des écosystèmes et des animaux marins qui vont voir fondre sur eux ce monstre marin qui avalera tout sur son passage » conclut Laetitia Bisiaux.

L’Annelies Ilena devrait partir pour sa campagne de pêche dans les eaux européennes en fin de semaine. Il est encore temps pour le Ministre Loher de revenir sur cette décision et de se conformer à l’engagement pris par M. Hervé Berville, secrétaire d’État en charge de la mer. Celui-ci avait justifié ainsi sa position : « Ils s’étaient engagés à faire un navire français. On est dans une situation où on ne débarque plus ces tonnes à Saint-Malo mais aux Pays-Bas. Notre but est de réduire nos importations ». Il avait également précisé dans Ouest France : « Pas de quotas à un pavillon qui n’est pas français ». La demande citoyenne est claire : la France ne doit pas faire le jeu du géant néerlandais Parlevliet & van der Plas et laisser une poignée d’industriels détruire les pêches comme les eaux européennes.

À lire aussi :

Retrouvez notre dossier sur l’Annelies Ilena.

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