20 mars 2024
À quelques mois des élections européennes du 9 juin 2024, BLOOM dévoile une analyse exhaustive sans précédent : un bilan approfondi et détaillé de la performance environnementale des groupes politiques du Parlement européen ainsi que des délégations nationales formées par les députés issus de 27 nationalités différentes au cours de la mandature 2019-2024.
Nous avons analysé les votes de l’ensemble des eurodéputés en retenant au total 150 amendements et votes d’une importance cruciale répartis en quatre thématiques : la préservation de l’océan et la pêche artisanale, la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité et l’agriculture durable et enfin, la promotion de la justice et des droits environnementaux.
Sur la base des votes exprimés par les 853 eurodéputés (ils sont 705 à siéger mais un jeu de chaises musicales a lieu au cours de la mandature augmentant le nombre d’individus à évaluer), nous avons ainsi pu établir avec précision la performance environnementale des huit groupes politiques siégeant au Parlement européen et de l’ensemble des délégations.
L’outil interactif « iPolitics » mis en place par BLOOM permettra de confronter à la réalité les discours des candidats à leur réélection et de répondre aux futurs électeurs et électrices cherchant à savoir qui, parmi les élus, a véritablement défendu les enjeux écologiques essentiels au sein du Parlement européen au cours des cinq dernières années.
Le résultat de l’analyse longue et complexe de BLOOM est sans appel : le Parlement est divisé en trois groupes très polarisés.
D’un côté, les « bâtisseurs » : le groupe de la gauche écologique formé des Verts, des Sociaux et Démocrates et de The Left dont les notes oscillent entre 16,6 et 19,8 sur 20.
C’est grâce à eux que l’Union européenne a pu obtenir des avancées importantes, telles que des normes d’émission plus strictes pour les véhicules à moteur à combustion, une réglementation pour lutter contre l’importation en Europe des produits liés à la déforestation ou encore l’élaboration d’une loi sur le devoir de vigilance pour les entreprises européennes.
Le groupe des Verts occupe la première place, avec un score presque parfait de 19,78/20.
Le groupe The Left suit de près le groupe des Verts avec un score presque aussi élevé de 19,04/20.
Le groupe des Socialistes et Démocrates européens obtient une note de 16,65/20.
A l’opposé du spectre parlementaire, les groupes d’extrême-droite et de la droite conservatrice ont utilisé leurs votes pour bloquer toutes les mesures en faveur de la planète, de la santé et des droits des citoyens et des travailleurs, dont les agriculteurs et les pêcheurs. Ceux que nous avons en conséquence de leur comportement irresponsable baptisés les « casseurs » affichent une performance environnementale effroyable.
Les groupes d’extrême droite Conservateurs et Réformateurs Européens (ECR) – que Reconquête ! a récemment rejoint – et Identité et Démocratie (ID) – où siège le Rassemblement National – se retrouvent en bas de notre classement. Ils obtiennent respectivement les notes de 2,53/20 et 3,34/20.
Le groupe du Parti Populaire Européen (PPE) – où siège entre autres la délégation française des Républicains – ne fait guère mieux avec une note globale de 3,79/20.
Aucun des deux blocs, ni les bâtisseurs ni les casseurs de la planète, ne peut à lui seul obtenir une majorité au Parlement européen pour faire passer ses textes. C’est là qu’entre en jeu, alors qu’il a entre ses mains l’avenir de toutes les législations européennes par sa position centrale et son rôle pivot, le groupe Renew, dans lequel siègent les députés macronistes, et qui était dirigé jusqu’en janvier dernier par Stéphane Séjourné, désormais ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
Bien qu’ils aiment se présenter comme les promoteurs de l’écologie et des défenseurs de l’environnement, notre analyse montre que Renew est une coalition sans boussole stable et sans conviction sur les questions environnementales, mettant ainsi en péril des projets de loi essentiels et conduisant parfois même à leur rejet.
Avec une note globale de 11,91/20, le groupe Renew compte en effet dans ses rangs des délégations aux positions écologiques radicalement opposées.
Les députés Renew se divisent sur la plupart des textes cruciaux. Sans pouvoir compter sur les députés Renew pour porter une politique environnementale ambitieuse, chaque vote au Parlement européen devient une roulette russe. Le groupe politique des eurodéputés libéraux a ainsi été un frein à l’adoption de mesures véritablement ambitieuses en matière environnementale au cours de la dernière mandature.
La délégation française dans laquelle siègent les députés Écologistes émerge comme la deuxième la plus performante de l’Union européenne, avec 19,88/20, juste après la délégation danoise qui décroche un score de 19,92/20.
La délégation française du groupe The Left, constituée en partie des députés de La France Insoumise obtient quant à elle un score de 19,71.
La délégation française socialiste, composée de parlementaires du Parti Socialiste, de Nouvelle Donne et de Place Publique, se place en tête du groupe des S&D avec une note de 19,03/20.
Le Palmarès des pires délégations nationales du Parlement européen se répartit entre les groupes de droite et de l’extrême-droite. On retrouve dans ce pêle-mêle antiécologique certains des visages les plus connus de la galaxie réactionnaire et climatosceptique européenne, et certains des principaux alliés de la droite et de l’extrême-droite française : la délégation hongroise du PPE (1,81/20), la délégation espagnole ECR composée exclusivement du parti VOX (avec 1,82/20), les ECR polonais (dont Prawo i Sprawiedliwość, l’ancien parti du gouvernement polonais jusqu’en 2023, est le principal membre) avec un score de 1,86/20, la délégation italienne du PPE (avec 1,99/20 et dont fait partie Forza Italia, le parti fondé par Berlusconi) et, enfin, les ID italiens, alliés du Rassemblement National, la Lega (2,06/20).
L’arc de l’incohérence du groupe Renew va de délégations qui refusent toute avancée en matière de protection de l’environnement, comme les délégations tchèque (5,41/20) et allemande (5,52/20), jusqu’aux délégations ayant des performances quasiment exemplaires, comme les slovaques qui obtiennent une note de 16,95/20 ou les polonais avec 17,27/20.
La délégation française du groupe Renew (composée de Renaissance, MoDem, Horizons), obtient la note honorable de 14,63/20, mais se trouve tout de même tiraillée entre défense du statu quo et urgence climatique et environnementale.
Notre étude, basée sur l’activité législative concrète des députés, ne permet pas d’évaluer les agissements des élus en amont des votes. Tout un pan potentiellement néfaste de leurs manoeuvres et tractations passe ainsi sous le radar du quantifiable.
« Notre évaluation est un guide précieux pour nos concitoyens, mais de toute évidence elle ne rend pas compte des stratagèmes tortueux et des alliances anti-écologiques qui ont lieu en dehors de l’espace visible, dans les négociations de compromis, dans la rédaction des amendements etc. » indique Alessandro Manzotti, chercheur chez BLOOM, coordinateur de l’étude.
« Par exemple, la note de la délégation macroniste française est tout à fait honorable, mais elle masque des stratégies d’amoindrissement de l’ambition écologique, comme on a pu le constater au quotidien sur le terrain avant les votes sur la loi sur la restauration de la nature. Ils ont certes fini par voter la loi mais sous la pression insensée des citoyens et de BLOOM, et après avoir désossé sa portée. De la même façon, la note des socialistes relativement élevée indique qu’ils s’alignent souvent sur les consignes de vote des Verts, ce qui est une bonne chose, mais ne permet pas de savoir qu’en réalité, on manque souvent d’alliés qui portent véritablement les sujets en leur sein. Dans le Parlement précédent, les Socialistes étaient encore une force néfaste pour les sujets écologiques. Ils ont beaucoup évolué et ont encore de la marge pour s’améliorer. »
L’outil conçu par BLOOM permettra aux citoyens d’évaluer leurs futurs élus européens sur la base d’actes concrets pour l’écologie, au-delà des annonces et promesses. Les résultats détaillés et les notes générales de la performance écologique des groupes politiques et des délégations nationales pour les différents sujets que nous avons considérés (Océan, Climat, Biodiversité et Justice) sont consultables sur le site avec un détail pays par pays et une évaluation par thématique.
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Hier, le Parlement européen a donné son accord final à la Loi sur la Restauration de la Nature, mais ce n’est pas la fin du parcours d’embûches pour cette loi qui génère depuis des mois une opposition faramineuse des lobbies de l’agro-alimentaire et de leurs alliés politiques.
17 juillet 2023
Mercredi 12 juillet, les députés européens ont finalement adopté in extremis, par 336 voix contre 300, une Loi sur la restauration de la nature (« Nature restoration law » ou NRL) très affaiblie. Les objectifs de restauration des écosystèmes que la loi instaure (20% des terres et des mers d’ici 2030 et l’intégralité des écosystèmes en besoin de restauration d’ici 2050) constituent une victoire politique incontestable de la gauche écologiste sur la droite, qui s’était juré de faire tomber le texte.
Mais à quel prix ?
La prochaine mandature européenne sera cruciale pour protéger l’océan et amorcer une véritable transition sociale et écologique. BLOOM propose aux candidats de s’engager publiquement à allier justice sociale et volontarisme écologique au cours de la mandature 2024-2029 pour mettre en œuvre les recommandations suivantes.