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23 mars 2025

Avis aux supermarchés : BLOOM publie la liste rouge des navires destructeurs

Pour la première fois, BLOOM publie un outil clé en main permettant aux enseignes de la grande distribution de s’engager pour la protection de l’océan et des pêcheurs artisans : la liste rouge des navires destructeurs dont il est urgent de s’affranchir. Cette liste recense près de 4000 chalutiers ayant pêché dans les aires marines protégées à l’échelle internationale en 2024.

Le chalut est l’une des pires techniques de pêche qui existe (1), et les scientifiques sont clairs : si les aires marines protégées sont essentielles pour protéger l’océan, il y a urgence à véritablement les protéger en y interdisant le chalutage. Le manque d’engagement des États à ce sujet est irresponsable. En France métropolitaine, moins de 0,1% des eaux sont véritablement protégées (2). En publiant la liste rouge des navires, BLOOM demande à la grande distribution d’adopter une politique de tolérance zéro face au chalutage dans les aires marines protégées. Carrefour, Leclerc, Intermarché et leurs pairs ont maintenant un outil infaillible pour s’assurer qu’elles ne participent pas à la destruction des aires marines protégées par leurs achats.

Le chalut est l’un des pires techniques de pêche qui existe

De nombreux scientifiques dénoncent les destructions silencieuses de cette technique de pêche. L’ensemble des navires chalutiers, en particulier ceux supérieurs à 12 mètres de long, ont des impacts sociaux et écologiques délétères. Notre rapport Changer de Cap dévoilait en 2024 le premier bilan de la performance écologique, sociale et économique des pêches françaises. On y démontrait l’écrasante responsabilité des grands chaluts et sennes pélagiques dans la baisse de biomasse : 84% de leurs débarquements sont issus de populations surexploitées. Selon cette même étude, les chaluts de fond industriels et hauturiers émettent la moitié des émissions de CO2 des pêches françaises. Au niveau social, l’ensemble des chaluts pélagiques industriels génèrent 10 fois moins d’emplois par tonne de poisson débarquée que la flottille des filets, lignes et casiers côtiers. La rentabilité des chaluts est aussi artificielle, largement dépendante des subventions publiques.

Des décennies de pêche acharnée ont vidé l’océan, notre plus précieux allié contre le changement climatique

L’océan est un pilier essentiel de notre planète : il produit notre oxygène, régule le climat, capte le carbone et abrite une biodiversité exceptionnelle. Pourtant, il est aujourd’hui dans un état critique, épuisé et amené au bord de l’effondrement par une pêche acharnée en quête de profits. En 2019, les scientifiques de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité), ont reconnu que la pêche était le premier facteur de dégradation de l’océan. En cinquante ans, l’état de l’océan a chuté de manière dramatique :

  • 90 % des grands poissons ont disparu depuis 1950 dans l’Atlantique Nord (Christensen et al., 2003) ;
  • Depuis 1970, le nombre de requins et de raies océaniques dans le monde a diminué de 71% à cause d’une pression de pêche relative multipliée par 18 (Pacoureau et al., 2021) ;
  • Plus de 90 % de nos océans sont exploités à leur pleine capacité ou au-delà (Teh et al., 2017) ;
  • La pêche mondiale exploite aujourd’hui une surface quatre fois plus grande que celle exploitée par l’agriculture (Kroodsma et al., 2018).

Les aires marines protégées ont été créées pour protéger l’océan

Les scientifiques du GIEC et de l’IPBES recommandent explicitement la mise en place d’un réseau d’aires marines protégées cohérent et représentatif de la diversité des écosystèmes pour accroître la résilience de l’océan et préserver ses fonctions de régulateur du climat. En 2010, la communauté internationale adoptait pour la première fois un objectif allant dans ce sens : les objectifs d’Aichi qui visaient 10% de protection de l’océan mondial d’ici à 2020. Lors de la COP15 en 2022, face à l’inaction des États et à l’effondrement continu de la biodiversité, la communauté scientifique a poussé à rehausser cette ambition. La communauté internationale s’est alors fixé un objectif de protection de 30% de l’océan d’ici à 2030. Malheureusement, cette ambition internationale s’est traduite par l’émergence d’aires marines protégées « de papier », qui n’ont de protégées que le nom. En effet, selon les scientifiques de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une aire marine protégée est interdite à toute infrastructure ou activité industrielle, dont le chalutage. Ce n’est pas la définition qui est mise en œuvre par les États. En France hexagonale par exemple, moins de 0,1% des eaux sont interdites aux activités industrielles, telles que le chalutage, face aux 30% de protection clamés par le gouvernement.

Plus de 1,6 millions d’heures de chalutage dans les AMP en 2024

La liste rouge des navires destructeurs publiée par BLOOM aujourd’hui est un n-ième exemple de la faillite de la politique internationale de protection de l’océan : en 2024, près de 4000 chalutiers présumés ont pêché plus d’1,6 millions d’heures et dévasté plus de 600 000 km2 d’aires protégées de par le monde. Et ce chiffre se base sur une quantité limitée de données. Il est donc très certainement sous-estimé ! Face à l’ampleur des dégâts de cette pratique de pêche, jusque dans les zones désignées pour protéger la biodiversité marine, nous appelons la grande distribution à se saisir de la liste ci-dessous et à s’engager pour une véritable protection de l’océan.

Les supermarchés sont en partie responsables et doivent s’engager pour la protection de l’océan

En fermant les yeux sur la destructivité des pêches auprès desquelles elles s’approvisionnent, les enseignes de la distribution nous rendent complices, par nos achats de poisson, du déclin de l’océan. Les distributeurs peuvent exiger que leurs fournisseurs ne leur vendent plus de poisson provenant de pêche au chalut dans les AMP. Et ce levier est colossal. La grande distribution vend deux tiers du poisson en Europe, et ce sont six enseignes qui se partagent 90% des parts du marché. Chaque enseigne, à elle seule, a donc un poids très important sur les industriels de la pêche.

Nous demandons aux distributeurs de se saisir de cet outil clé en main et de :

  1. Vérifier si les navires identifiés par BLOOM font partie de leurs approvisionnements (pour les produits de marque nationale et de marque distributeur) ;
  2. S’assurer qu’il s’agit bien de chaluts (nos données sont fiables la très grande majorité des cas mais il existe un risque d’erreur) ;
  3. Si c’est le cas, exiger que ces chaluts ne pêchent plus dans les aires marines protégées ;
  4. Si le navire ou fournisseur refuse, le distributeur cessera de s’approvisionner auprès des chaluts concernés

Nous demandons également aux distributeurs d’adopter une politique de tolérance zéro concernant le chalutage dans les aires marines protégées et de prendre les mesures nécessaires, au-delà de la liste rouge qui n’est pas exhaustive (certains navires ne partagent pas leurs données de localisation), pour s’assurer qu’aucun chalutier de leur chaîne ne pêche dans les aires marines protégées dans le monde.

(1) Rapport « Changer de cap »

(2) Rapport « Les AMP françaises, un réseau de coquilles vides »

 

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