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16 mai 2023

Violations des droits humains : la brutalité du monde contenue dans une boîte de thon

Persistantes. Inlassables. Implacables. Les atteintes aux droits humains sont omniprésentes dans l’industrie thonière. C’est la conclusion d’un rapport que BLOOM publie aujourd’hui en collaboration étroite avec la clinique internationale de défense des droits humains de la faculté de droit de l’Université de Harvard, aux Etats-Unis.

De nombreux rapports publiés au fil des années ont dénoncé la traite des êtres humains, les violences physiques et verbales, la servitude pour dettes et les conditions de travail inhumaines qu’on trouve tout au long de la chaîne d’approvisionnement mondiale du thon, des bateaux de pêche jusqu’aux usines de mise en conserve. Le rapport « Violence en boîte » que nous publions aujourd’hui démontre quant à lui l’ignorance délibérée des États et des entreprises, ainsi que leur incapacité à lutter contre ces abus et à garantir la protection et le respect des droits des travailleurs de l’industrie thonière.

BLOOM demande aux industriels thoniers ainsi quaux distributeurs, aux restaurateurs et aux politiques de mettre immédiatement en œuvre des mesures efficaces pour mettre fin aux violations des droits humains dans leur chaîne de valeur.  

C’est indéniable : la science montre que la pêche industrielle du thon tropical est une catastrophe pour l’océan et la biodiversité marine. Dans notre précédent rapport intitulé « La guerre des thons », nous montrions l’assaut guerrier que les pêches industrielles  » high-tech » avaient lancé contre les populations de thons, aujourd’hui au bord de l’effondrement.1https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/04/guerre-des-thons.pdf Avec notre nouveau rapport  « Violence en boîte », BLOOM démontre que le thon que l’on retrouve sur la table de millions de consommateurs est entaché de violations des droits humains les plus fondamentaux. En collaboration avec la clinique internationale de défense des droits humains de la faculté de droit de Harvard, nous avons passé en revue les rapports faisant état d’une brutalité généralisée dans les pêcheries de thon tropical de l’océan Pacifique et Indien. Bien que le secteur ait été dénoncé dans le passé pour de graves manquements aux droits humains, notre étude n’a trouvé aucune preuve que la situation se soit améliorée de manière significative au cours des dernières années. 

Notre analyse nous a mis sur la piste du thon en boîte, depuis les eaux tropicales d’Afrique et du Pacifique jusqu’aux supermarchés européens, en passant par les usines de transformation d’Asie du Sud-Est et d’Amérique Centrale. Nous montrons comment la traite des êtres humains, les violences physiques et verbales, la servitude pour dettes et les conditions de travail inhumaines sont endémiques au processus industriel de capture et transformation du thon.

Les informations recueillies dans notre rapport démontrent que les entreprises ignorent délibérément les violations des droits humains dans le secteur thonier. Les principaux producteurs et distributeurs qui commercialisent le thon en France et dans toute l’Europe doivent mettre fin aux violations des droits humains dans leurs chaînes d’approvisionnement. Il est urgent que les distributeurs adoptent des pratiques commerciales responsables et des mesures de prévention dans leurs chaînes d’approvisionnement, qui garantissent qu’ils ne soient pas impliqués dans les violations des droits humains et le désastre écologique de l’industrie thonière.

Les manquements de l’UE : des abus non signalés

Les institutions européennes doivent veiller à ce que les produits vendus sur le marché de l’UE ne soient pas associés à des violations des droits des travailleurs et de l’environnement. Les mesures existantes sont sévèrement lacunaires car elles ne garantissent pas que le thon approvisionné auprès des distributeurs européens soit sourcé de manière humaine et durable. L’UE a mis en place un système destiné à contrôler la pêche illégale et non réglementée et à empêcher l’importation de tels produits.2https://www.iuuwatch.eu/the-iuu-regulation/eu-carding-decisions/ Cependant, notre analyse révèle que le système de contrôle européen est à la fois opaque et très inefficace, ne permettant pas d’identifier ni de pallier les violations des droits humains dans la chaîne d’approvisionnement du thon. Comme c’est trop souvent le cas, ce sont les citoyens et les travailleurs des pays du Sud qui paient le prix fort de ce laxisme, tandis que les intérêts économiques des producteurs de thon et des grands distributeurs sont protégés. Il est temps que l’Europe prenne des mesures réellement efficaces pour empêcher la vente de produits fabriqués et transformés dans des conditions inhumaines et destructrices pour l’environnement.

Les labels : une garantie contre les violations des droits humains ?

Les conserves de thon que nous trouvons dans nos supermarchés sont souvent estampillées de labels certifiant leur « durabilité ». Les certificats de pêche dite « durable » ne tiennent pas suffisamment compte des droits humains et nombre d’entre eux excluent ces considérations de leur processus de certification.3https://www.humanrightsatsea.org/what-we-do/law-reform-and-policy/hras-seafood-fisheries-and-aquaculture-certification-standards-and Le label « Marine Stewardship Council » (MSC), qui est l’un des plus répandus au monde, est également l’un des moins performants en ce qui concerne la vigilance du respect des droits humains. Rien d’étonnant à cela : BLOOM a précédemment montré que le label MSC certifiait comme « durables » les techniques de pêche les plus dévastatrices pour l’environnement, telles que le chalutage de fond ou la pêche à la drague.4https://bloomassociation.org/imposture-msc/ L’absence totale de prise en compte des droits humains ne fait que confirmer l’inadéquation de ce système de certification aux enjeux écologiques et humains du millénaire.

Le rapport « Violence en boîte » est le plus récent volet de notre campagne « Tuna Gate ». Ces derniers mois, les enquêtes de BLOOM ont mis en lumière le rôle des grands cartels de pêche européens dans le pillage du thon tropical5https://bloomassociation.org/nos-campagnes/peche-en-afrique/notre-campagne/ et leur ingérence inacceptable dans les processus politiques des pays côtiers de l’océan Indien.6https://bloomassociation.org/les-lobbies-industriels-destructeurs-de-locean-pris-la-main-dans-le-sac/ Notre nouveau rapport révèle une autre conséquence de l’impunité des entreprises : l’industrie thonière continue à générer du profit aux dépens des travailleurs à bord des navires de pêche et dans les usines de transformation de ce commerce mondial.

BLOOM demande à tous les acteurs de la chaîne du thon, de la capture jusqu’à la distribution, d’assumer l’entière responsabilité de leurs activités et de mettre en œuvre des mesures concrètes pour mettre fin aux violations des droits humains dans les chaînes d’approvisionnement en la rendant transparente et traçable, en mettant en place des systèmes de plainte efficaces accessibles à tous les travailleurs et en interdisant le transbordement des poissons en mer. Ces engagements constitueraient des premiers pas importants pour mettre fin au drame humain associé à notre consommation inconsidérée de thons.

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