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15 décembre 2023

Une COP28 qui sent le gaz

Les énergies fossiles ont encore de beaux jours devant elles. L’accord de la COP28 approuvé le 13 décembre 2023 est aligné sur le discours climaticide de TotalEnergies.

Durant deux semaines mouvementées, marquées par l’adoption dès son ouverture du fonds pertes et préjudices, les pays du monde entier ont essayé de s’entendre autour de la table à Dubaï, malgré la surreprésentation des intérêts des compagnies pétrogazières.

Le résultat ? Un pas en avant, trois pas en arrière : l’accord mentionne pour la première fois la nécessité d’opérer une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, une évidence scientifique connue depuis plus de 30 ans. Seulement, le texte a également ouvert de nombreuses échappatoires pour que l’industrie fossile n’ait pas à faire les efforts immédiats requis pour limiter le réchauffement planétaire nettement sous les 2°C.

« Engager la transition hors des énergies fossiles » mais acter qu’il existe des hydrocarbures « de transition » tels que le gaz, engager la transition hors des énergies fossiles seulement pour les systèmes énergétiques, n’incluant pas la pétrochimie et l’alimentation, ou encore faire la part belle à des technologies de capture de carbone, largement surestimées dans leur capacité de résoudre les émissions : tel est le contenu d’un accord « historiquement » anachronique et perpétuant le régime actuel à l’époque du début du chaos climatique.

La COP28 par et pour les intérêts de l’industrie fossile

On est en raison de se demander pourquoi l’accord final entérine certaines conclusions scientifiques comme la diminution des émissions de gaz à effet de serre de 45% en 2030, mais pas d’autres éléments du GIEC chiffrant le nécessaire déclin des énergies fossiles : 80 % des réserves de charbon, 50 % des réserves de gaz et 30 % des réserves de pétrole ne peuvent être exploitées si on souhaite limiter le réchauffement à 2°C.

Comment en aurait-il pu être autrement vu le contexte de cette COP28 ? Organisée par une des plus grandes puissances pétrolières au monde, les Émirats Arabes Unis, et présidée par le PDG de la compagnie nationale de pétrogaz ADNOC, jamais une COP n’avait autant ouvert ses portes aux représentants des intérêts des industries fossiles. 2500 lobbyistes du pétrole sillonnaient les couloirs, largement plus nombreux que les représentants des 10 pays les plus vulnérables au changement climatique (seulement 1500).

En amont des négociations, le Président Sultan Al-Jaber, a profité de sa position pour négocier des contrats de vente d’hydrocarbures pour son entreprise avec de nombreux pays. Pourquoi s’en priver lorsque ce dernier estimait aussi au début de la COP qu’il n’y a pas d’arguments scientifiques pour demander la sortie des fossiles, ce qui est évidemment faux comme l’ont rappelé des milliers de scientifiques le lendemain.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole a farouchement essayé de saboter les négociations en exhortant ses pays membres à refuser tout accord mentionnant une sortie des énergies fossiles. Une demande tellement ahurissante que la climatologue Valérie Masson-Delmotte a d’abord cru à un canular.

La France a de son côté choisi d’accréditer Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies pour participer à sa diplomatie climatique. Le symbole est terrible, et signe de l’incapacité du gouvernement de couper les ponts avec l’industrie fossile, alors que les salariés de TotalEnergies pouvaient accéder à la COP28 sans disposer d’un sésame délivré par les autorités françaises. L’entreprise était en effet déjà bien représentée dans les négociations avec la présence de 6 salariés accrédités pour la COP.

Dès lors, la COP28 s’est bornée à évoquer la nécessité de réduire les émissions, sans jamais ouvrir le débat sur la nécessité de couper court à l’expansion de l’industrie fossile, et les recommandations scientifiques internationales appelant à interdire l’ouverture de tout nouveau projet fossile.

Aucune surprise alors lorsque TotalEnergies et les autres majors pétrogazières se réjouissent de la teneur de l’accord qui « conforte » leurs stratégies…

Une peine de mort prononcée pour les plus vulnérables

Une avancée qui mérite d’être mentionnée est celle de la validation du fonds de pertes et préjudices pour dédommager les États les plus vulnérables des dégâts déjà engendrés par le changement climatique. Malheureusement, la participation à ce fonds n’a pas été rendue obligatoire, alors qu’il devrait atteindre plus de 400 milliards de dollars par an pour être réellement efficace. Les pays développés ne se sont accordés que pour débloquer quelques 400 millions de dollars au total, moins que le salaire des trois joueurs de foot les mieux payés.

Comme bilan, il faut ainsi écouter la dernière prise de parole des Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (Aosis) suite à la validation de l’accord : « Nous en concluons que la trajectoire de correction nécessaire n’a pas été sécurisée. Nous avons fait un petit pas de plus vers le business as usual alors que ce dont nous avons besoin est un pas d’une ampleur exponentielle vers le changement de nos actions. »

Se réjouir serait donc se contenter de très peu, et refuser de voir la victoire de l’industrie fossile qui vient d’assurer la poursuite de ses activités fossiles à l’époque où nous n’avons plus le temps du statu quo.

Un rapport de l’ONU estime que nous nous dirigeons toujours vers un monde à +2,5°C d’après les engagements actuels des États, +3°C s’ils ne sont pas tenus. Or, notre monde sera déjà méconnaissable, déréglé de manière irréversible pour des milliers d’années si nous atteignons un réchauffement de +2°C. Se permettre de jouer avec ces seuils est criminel. Le résultat, ou plutôt l’absence de résultat de cette COP signe la peine de mort pour les pays en première ligne du dérèglement climatique.

Que faire maintenant ?

Le débat n’est donc pas « est-ce une COP historique ou non ? » mais « son contenu permettra-t-il d’aligner notre trajectoire avec les conclusions de la science climatique » ? La réponse est non.

Quelle que soit la teneur de l’accord, l’Union européenne et la France doivent cesser leur hypocrisie et adopter des législations contraignantes pour stopper l’expansion fossile par les majors pétrolières et les investisseurs.

Il est également essentiel que soit mis en place un financement mondial pour assurer à tous les pays un développement décarboné, une adaptation face au chaos climatique, et un dédommagement pour les dégâts déjà survenus.

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