29 novembre 2023
Le 28 novembre pourrait bien être la date retenue par les futurs manuels scolaires comme le moment où tout a été perdu pour la protection de l’océan.
Hier, à l’occasion des Assises de l’économie de la mer qui se tenaient à Nantes, le Président de la République Emmanuel Macron a tenu un discours fleuve d’une heure et quart aux représentants du secteur de la pêche industrielle qui contenaient mal leur joie exaltée devant le flot de bonnes nouvelles venant du chef de l’État. En plus de garantir son appui indéfectible à un modèle de pêche destructeur et climaticide, le Président a promis aux lobbies de la pêche industrielle une manne financière absolument colossale provenant de la taxe sur l’éolien offshore, tout en reprenant mot pour mot leurs discours sur la transition écologique. Discours qu’ils tentaient, jusqu’à présent en vain, d’imposer dans le débat public afin de circonscrire l’enjeu de la transition du secteur à la seule question de l’empreinte carbone des activités de pêche et au besoin d’équiper les grands filets ravageurs de la biodiversité et des habitats marins de moteurs à hydrogène pour être débarrassés du sujet « écologie ».
Emmanuel Macron n’a pas eu un mot pour la biodiversité et les écosystèmes marins, pas un mot pour que la France s’aligne enfin sur les recommandations scientifiques relatives aux aires marines protégées, pas un mot sur la fin du chalutage et la défense de la pêche artisanale. Dans la soirée, son secrétaire d’État à la mer Hervé Berville bouclait l’opération de communication du gouvernement en mentant ouvertement aux Français.es lors de l’émission « Super pouvoirs de l’océan » présentée par Léa Salamé et Hugo Clément sur France 2 (BLOOM a immédiatement procédé au fact-checking à retrouver ici).
En s’affirmant désormais comme le « super-destructeur de l’océan », Emmanuel Macron réalise le rêve des armateurs industriels et des défenseurs des méthodes de pêche les plus destructrices, comme le chalutage de fond, mais promet les écosystèmes, la biodiversité, la pêche artisanale et le climat à la ruine. Il signifie également par là le souverain mépris dans lequel il tient la connaissance scientifique, les recommandations des panels intergouvernementaux d’experts sur le climat et la biodiversité (GIEC et IPBES) ainsi que le cadre règlementaire européen.
L’ensemble de l’équipe de BLOOM est atterré de voir un Président de la République tomber aussi bas.
Alors que la Commission nationale du débat public vient d’ouvrir un grand débat national sur notre rapport à l’océan, Emmanuel Macron a livré sa vision des choses : des investissements massifs pour alimenter la croissance et l’emploi autour du développement de grands projets éoliens offshore et ports industriels, et une manne financière pour que la pêche industrielle se convertisse aux moteurs à hydrogène et poursuive son entreprise de destruction méthodique des eaux européennes.
Pas un mot pour la biodiversité et la nécessité pour la France de mettre en œuvre les recommandations scientifiques internationales, de respecter le droit européen relatif aux aires marines protégées et à la primauté à accorder à la pêche artisanale dans l’allocation des quotas de pêche et des subventions publiques, malgré le cadre posé par la Politique commune de la pêche.
M. Macron a également annoncé le versement de 700 millions d’euros aux comités des pêches d’ici 2035 via la taxe sur l’éolien en mer. « Une bonne opération », selon ses propres mots, étant donné que l’argent a déjà commencé à tomber dans l’escarcelle des comités sans que l’on sache, à ce stade, comment cet argent va être utilisé, ni que l’on ait aucune garantie en matière de transparence. Dans une séquence ahurissante, Emmanuel Macron a en effet directement interpellé le président du comité régional des pêches des Pays de la Loire, Monsieur José Jouneau, au sujet du « million et demi » que ce dernier a déjà touché.
« L’éolien en mer va nous permettre de financer 700 millions d’euros pour la pêche […] Et je pense que M. Jouneau qui était aussi avec nous, du comité régional des pêches, à Saint Nazaire il y a quelques mois maintenant… il a dû toucher son million et demi déjà. Donc c’est une bonne tombée… J’ai dit ça avant de dire 700 millions… Les premiers sont là. Le président Le Nézet peut le dire. Donc ce n’était pas que des promesses. L’argent tombe. Grâce à l’éolien en mer. Donc c’est une bonne opération. »
Le développement de l’éolien offshore va ainsi permettre d’arroser de sommes faramineuses le secteur de la pêche industrielle qui porte comme simple et unique réponse à l’enjeu crucial de la lutte contre l’effondrement de la biodiversité et des habitats l’installation de moteurs à hydrogène à bord de navires conservant toutes leurs propriétés destructrices.
Il n’y a que dans la bulle de la pêche industrielle, hermétique aux constats scientifiques alarmants sur l’état de dégradation de la santé de l’océan, qu’un chalutier à hydrogène devient tout à coup écologiquement acceptable. La transition du secteur passe en effet par sa décarbonation mais ne se limite pas à celle-ci. Les lobbies de la pêche industrielle s’en sont en tous cas saisis pour repartir à l’assaut avec leurs demandes répétées de renouvellement des flottes. En effet, ils espèrent faire sauter les règles européennes sur les aides à la construction de navires ainsi que les restrictions concernant l’augmentation de la capacité des navires de pêche. La décarbonation du secteur est devenue le cheval de Troie des industriels pour pérenniser un modèle ayant mené à la ruine des écosystèmes marins et des emplois. Au lieu de mettre fin à ce modèle de faillite sociale et écologique, la France décide de l’exporter. C’est ainsi que Lorient, premier port industriel de France, se tourne désormais vers Oman et la mer d’Arabie pour y reproduire son entreprise de destruction en investissant des millions dans le développement d’un nouveau port de pêche industrielle. Cela permettra à Lorient d’importer le fruit de cette razzia sur ces eaux encore préservées… par avion !
Les industriels et Emmanuel Macron ne sont pas à une incohérence près. Pour le pays qui doit accueillir la 3ème Conférence des Nations unies sur l’océan en 2025, le programme est tout tracé : ce sera le sommet de la honte.
29 septembre 2022
C’est une trahison aux intérêts de la nation. Une trahison aux promesses faites à la jeunesse sur le climat. Un « accord sale » – un « dirty deal » – dont la France a l’habitude à Bruxelles. Aujourd’hui, lors de la réunion de trilogue qui s’est conclue au Conseil de l’UE à Bruxelles à 20h ce soir, la France s’est entêtée à défendre une technique de pêche dévastatrice, la senne démersale, contre la demande unanime des pêcheurs français, des citoyens et de 143 députés. L’interdiction de la senne démersale était une mesure urgente très attendue par les pêcheurs côtiers face à l’urgence de sauvegarder les ressources marines et leur fragile équilibre économique.
26 septembre 2023
Lundi 25 septembre, le président Emmanuel Macron a présenté le programme de “planification écologique” censé permettre à la France de devenir une “grande nation écologique”. Après une année de travail interministériel, le gouvernement a réussi l’exploit de créer le concept creux “d’écologie à la française” et d’oublier souverainement l’océan, à peine évoqué, alors que la France forme la deuxième puissance maritime internationale et que l’océan gouverne le climat mondial. Dès le lendemain, 26 septembre, deux réunions organisées par le gouvernement ont confirmé une feuille de route absolument dénuée de volonté politique de protéger le milieu marin. Le « La » est donné pour la Conférence des Nations unies sur l’océan que la France accueillera en juin 2025 à Nice. A moins d’un revirement spectaculaire de l’État, la grand messe internationale accueillie par la France s’apprête à être un sommet de plus de l’hypocrisie et de l’irresponsabilité politiques.
08 juin 2022
Paris, le 8 juin 2022 – Journée mondiale de l’océan. BLOOM engage, en cette journée mondiale de l’océan, une procédure contre un décret gouvernemental dangereux pour la biodiversité marine et le climat.