13 mars 2023
En Europe, 1% des plus gros navires pêchent la moitié des poissons et s’approprient le vivant au détriment de la santé de l’océan et des animaux marins, donc du climat, et des pêcheurs côtiers. Le lancement de « Trawl Watch » se complète ainsi d’une pétition adressée aux institutions et aux États membres de l’Union européenne contre les méga chalutiers et les navires-usines.
Pendant des mois, BLOOM a suivi l’activité de chalutiers mesurant jusqu’à 140 mètres de long dont les méthodes et les capacités de pêche ravagent l’océan. Hugo Clément, accompagné de Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM, a suivi ces méga chalutiers en Manche — près des côtes, dans les aires marines protégées — dans le cadre du programme de France 5 « Sur le front ». L’émission intitulée « Parcs naturels : la grande mascarade » sera diffusée le 13 mars à 21h.
Les images sont implacables : elles montrent qu’aucune contrainte ne pèse sur les engins destructeurs dans des zones sensibles. Pourtant, un seul de ces navires pêche jusqu’à 400 000 kilos de poissons en une journée1Principalement du hareng, du maquereau, du merlan bleu et du chinchard., soit l’équivalent des captures journalières de 1000 navires de pêche artisanale. En décembre dernier, huit navires-usines qui font partie des plus gros navires de pêche au monde ont pêché intensivement dans les eaux territoriales françaises de la Manche (dans une bande côtière de 12 milles nautiques, soit environ 22 km).
Chaque jour, des méga chalutiers de plus de 25 mètres de long pratiquent une pêche intensive dans les eaux côtières. « Des navires d’un tel gigantisme n’ont jamais été conçus pour venir pêcher proche des côtes. Cela relève du bon sens. Même en haute mer, des engins aussi désastreux ne devraient pas être permis par le droit européen. », explique Laetitia Bisiaux, chargée de projet à BLOOM. La bande côtière subit l’assaut répété de ces machines de guerre dont l’efficacité est inexorablement renforcée par des avancées technologiques. Une telle pression n’est pas soutenable pour les écosystèmes et les pêcheurs côtiers qui dépendent des eaux proches de la côte.
Au lieu d’agir, le gouvernement français a au contraire affirmé son intention de protéger les destructeurs de l’océan. De façon implacable, Hervé Berville a publiquement affirmé le 8 mars 2023 au Sénat son opposition à l’interdiction du chalutage de fond, une technique de pêche qui ravage l’océan et les animaux marins, dans les « aires marines protégées ».
Dans le cadre du projet de « Loi sur la Restauration de la Nature« , les députés EELV Marie Toussaint et Yannick Jadot ont déposé des amendements proposant l’interdiction des navires de plus de 25 mètres de longueur dans la bande côtière (12 milles nautiques) de l’UE.2Amendement n°1086 disponible à cette adresse : https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/ENVI-AM-740824_FR.pdf Le Comité régional des pêches de Normandie a lui-même déclaré dans la presse qu’il souhaitait également l’interdiction des navires de plus de 25 mètres en Manche.
L’Union européenne peut et doit mettre fin aux méga chalutiers dans sa bande côtière. Les amendements EELV le permettent. L’urgence sociale, l’effondrement écologique et climatique l’exigent.
Le rapporteur de la loi de la Restauration de la nature, le socialiste espagnol César Luena, tient entre ses mains une possibilité unique de restaurer et protéger efficacement l’océan de la pression constante que lui font subir les armateurs industriels avec leurs méga chalutiers.
César Luena examine en ce moment les centaines d’amendements déposés par les députés de la commission de l’environnement du Parlement européen sur le projet de Loi de Restauration de la Nature avec les eurodéputés responsables du texte (les rapporteurs fictifs Christine Schneider – PPE, Maria Soraya Rodriguez Ramos – Renew, Jutta Paulus – EELV, Alexandr Vondra – ECR, et Mick Wallace – GUE). Les citoyens et les pêcheurs comptent sur le rapporteur Luena pour garantir qu’un débat public et parlementaire ait lieu sur l’interdiction des méga chalutiers et des méthodes de pêche destructrices tels que les DCP, la senne démersale ou le chalutage de fond dans les aires marines protégées, comme le demandent les amendements déposés par EELV et LFI.3Les amendements pour l’interdiction de la senne démersale ont été déposés par les députés EELV Marie Toussaint et Yannick Jadot et par les députés GUE (LFI) Marina Mesure et Younous Omarjee (amendements n°1088 et n°1089) https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/ENVI-AM-740824_FR.pdf. Les amendements pour l’interdiction de la pêche aux DCP (dispositif à concentration de poisson) ont été déposés par les députés EELV Marie Toussaint et Yannick Jadot et par la députée GUE Anja Hazekamp (amendements n°1025 et n°1091). Les amendements pour interdire la pêche industrielle dans les aires marines protégées ont été déposés par les députés EELV Marie Toussaint et Yannick Jadot et par les députés GUE Anja Hazekamp, Marina Mesure et Younous Omarjee (amendements n°964, n°969 et n°1026).
Agir pour le climat et l’avenir ne se fera pas avec des déclarations mais avec des actes déterminés. Comme l’a déclaré Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe de travail du GIEC, le 8 octobre 2018 au Sénat : « Chaque degré compte, chaque année compte et chaque décision compte. Ne pas agir aujourd’hui c’est ajouter au fardeau des générations futures. Limiter le réchauffement à 1,5°C n’est pas impossible mais nécessite une politique forte et immédiate ».
Il est de ce fait impératif que les amendements EELV et LFI soient bien mis au vote en juin prochain.
06 février 2023
Le non-respect de la règlementation, encouragé par un manque de contrôle patent des navires industriels, cause la destruction de l’océan et des animaux marins. Dans une vidéo transmise par un lanceur d’alerte, l’impunité permanente des industriels, qui prennent le risque de frauder pour augmenter leur profit, est dévoilée au grand jour.1Voir l’article en néerlandais publié le 27 septembre dans NRC : https://web.archive.org/web/20220927163410/https:/www.nrc.nl/nieuws/2022/09/27/toezichthouder-geen-grip-op-frauderende-vissers-a4143336 En effet, une étude révélait que la fraude aux Pays-Bas rapporte jusqu’à 500 000 euros par an et par navire.
07 octobre 2022
Aujourd’hui, près de la moitié de la pêche industrielle ayant lieu dans la Zone économique exclusive française (ZEE) se déroule dans des zones dites « protégées », en dépit de l’urgence absolue de répondre à la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Ainsi, malgré les engagements de l’Union européenne et de la France de protéger 30% de leurs eaux, dont un tiers en « protection stricte », la vaste majorité des aires marines dites « protégées » françaises ne limite aucunement les pratiques de pêche les plus destructrices et les plus énergivores.