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05 juin 2025

Harcèlement des militants : une ligne rouge a été franchie

Ces dernières semaines, la guerre des lobbies de la pêche industrielle contre BLOOM a changé d’ampleur et de nature.

Elle se déroule désormais à haute intensité et à une échelle inédite : en mer où nous sommes pourchassés par des navires, dans les institutions politiques où nous sommes attaqués par le RN, sur les réseaux sociaux où des campagnes de diffamation et de désinformation sont organisées à base de techniques d’astroturfing, ou encore physiquement, avec des méthodes poutino-trumpistes déployées lors des événements que nous organisons. Mais dans la nuit du 3 au 4 juin, les lobbies de la pêche industrielle ont franchi une ligne rouge.

Un ou plusieurs individus se sont introduits dans l’immeuble où réside la fondatrice de l’association BLOOM, Claire Nouvian, et ont vandalisé la porte de son appartement, taguant des messages orduriers et diffamatoires, dans la même veine de ceux qui égrènent les campagnes de harcèlement que des individus déploient contre BLOOM depuis des semaines. Claire Nouvian a immédiatement appelé la police et porté plainte pour qu’une enquête soit ouverte.

Ce déchaînement de violences et d’intimidations n’est pas un hasard : les lobbies de la pêche industrielle essaient de déstabiliser et de neutraliser BLOOM qu’ils considèrent comme leur principal adversaire, à quelques jours seulement de la Conférence de l’ONU sur l’océan qui s’ouvre à Nice le 9 juin prochain. Les lobbies savent en effet que depuis 20 ans, BLOOM gagne ses combats contre la première cause historique de destruction de l’océan : la pêche industrielle.

→ En 2016, après une campagne de sept années, BLOOM a arraché de haute lutte l’interdiction du chalutage en eaux profondes et réussi à préserver les écosystèmes multimillénaires de l’océan au-delà de 800 mètres de profondeur dans toute l’Union européenne et l’Atlantique Nord-Est.   

→ En 2019, après un combat d’une violence sans bornes contre les mastodontes de la pêche industrielle des Pays-Bas, BLOOM a réussi l’impossible et fait interdire la pêche électrique en Europe.  

→ En février 2022, Claire Nouvian dénonce l’imposture du “One Ocean Summit” de Brest et des aires marines protégées “à la française”, c’est-à-dire nullement protégées. C’est le coup d’envoi d’une campagne de BLOOM qui changera tout le débat public autour des aires marines faussement “protégées”.  

→ En juin 2022, BLOOM obtient, avec une large alliance citoyenne et scientifique, à la 2ème conférence des Nations Unies sur l’océan à Lisbonne, le ralliement d’Emmanuel Macron au moratoire international sur l’exploitation des grands fonds. Un post de Claire Nouvian devenu viral sur Instagram change, en l’espace d’une nuit, la position de la France sur le sujet. 

→ En juillet 2022, BLOOM et les pêcheurs côtiers avaient gagné le vote du Parlement européen interdisant une méthode de pêche destructrice utilisée par les industriels néerlandais et causant la ruine des pêcheurs en Manche : la senne démersale. Mais l’État français avait trahi les petits pêcheurs et choisi, comme toujours, le parti des puissants industriels, en détricotant l’issue du vote au cours des négociations opaques de trilogue. 

→ En juillet 2023, la campagne de BLOOM au Parlement européen participe à sauver, in extremis, la Loi sur la restauration de la nature qui oblige les États à restaurer 20% des terres et des mers d’ici 2030 et l’intégralité des écosystèmes en besoin de restauration d’ici 2050. 

→ En octobre 2024, BLOOM révèle la contamination généralisée des boîtes de thon au mercure, ce qui déclenche une chute de 10 à 20% des ventes de thon et une campagne acharnée des pêcheries thonières contre nos révélations.

Les lobbies industriels savent que nous sommes en mesure de remporter deux victoires décisives à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’océan : d’une part, l’interdiction du chalutage — la technique de pêche la plus destructrice de l’histoire — dans les aires marines dites « protégées », et d’autre part l’exclusion des navires industriels de plus de 25 m des eaux côtières, afin de protéger les écosystèmes et pêcheurs côtiers des ravages occasionnés par la pêche industrielle.  

Le chalutage désigne des méthodes de pêche qui consistent à tirer des filets de grande taille et qui peuvent atteindre, pour les chalutiers pélagiques, deux fois la hauteur de la tour Eiffel. Le chalutage pélagique comme le chalutage de fond sont des pêches « fossiles », leur puissance de destruction des écosystèmes et des animaux marins n’étant rendue possible que par leur forte consommation d’hydrocarbures, payée en grande partie par l’argent public, et la détaxe gasoil en particulier. Le chalutage de fond cumule les tares écologiques, économiques et sociales : il est responsable de 77% des émissions de CO2, de 93% des rejets de poissons, de 88% de la surexploitation des ressources, de 90% de l’abrasion des fonds et de plus de la moitié des captures de juvéniles. Il crée jusqu’à 2 à 3 fois moins d’emplois que la petite pêche artisanale en étant trois à quatre fois moins rentable, et jusqu’à cinq fois plus subventionné.  

BLOOM demande une protection immédiate, efficace et réelle de nos aires marines dites “protégées”, en y interdisant, en conformité avec les recommandations scientifiques internationales, les techniques de pêche destructrices telles que le chalutage de fond, le chalutage pélagique et autres engins traînants, afin que 30% des fonds et écosystèmes marins soient effectivement “protégés”. Ce qui est bien loin d’être le cas aujourd’hui, puisque ce sont moins de 0,1% de nos eaux métropolitaines qui répondent à ces critères internationaux sur la protection de l’océan.  

BLOOM défend par ailleurs une demande qui fait consensus auprès des pêcheurs français, avec l’exclusion des navires de plus de 25 mètres de la bande des 12 milles nautiques : ceci constitue une brique fondamentale pour protéger les pêcheurs côtiers de la concurrence déloyale imposée par les méga-chalutiers qui, conçus pour opérer au large, réalisent de véritables razzias dans les eaux côtières, laissant un véritable désert dans leur sillage. 

L’incroyable mobilisation citoyenne et politique aussi à l’œuvre en faveur de véritables aires protégées et de la fin de la pêche industrielle en leur sein ne peut être ignorée.  Dans la plus vaste pétition pour l’océan signée par des citoyens sous la Présidence d’Emmanuel Macron, 277 000 signataires demandent au Président de la République d’interdire les méthodes de pêche destructrices et les activités et infrastructures industrielles dans les aires marines dites « protégées ». En mars 2025, un collectif de personnalités politiques refusait de définir la protection marine au « cas par cas » en exigeant de suivre le consensus scientifique qui recommande d’interdire la pêche industrielle sur 30 % des surfaces maritimes planétaires. Après la chanteuse Björk en novembre 2024, les voix d’artistes et figures du cinéma se sont élevées il y a quelques semaines pour demander une protection réelle et urgente des aires marines dites protégées en France dans un “Appel de Cannes” vibrant. 

L’enjeu pour la conférence des Nations unies sur l’océan est simple. Les États, et la France en particulier, doivent s’attaquer aux deux principales menaces qui pèsent sur l’océan : la pêche industrielle et l’exploitation des énergies fossiles.  

Or, ce sont pour l’instant les grands absents de ces négociations : si le dérèglement climatique est évoqué dans les différents textes et dans le cadre des négociations, l’objectif de sortir du monde des énergies fossiles en mettant fin au développement de nouveaux projets dans le charbon, le pétrole et le gaz brille par son absence. De la même manière, aucun débat ne porte sur la pêche industrielle, en dépit des ravages écologiques, économiques et sociaux qu’elle occasionne.  

Face à un tel aveuglement, BLOOM rappelle au Président de la République le consensus scientifique et les demandes sur lesquelles citoyens et ONG se mobilisent depuis des années : 

1. Mettre fin de façon équitable et multilatérale à l’expansion fossile par le biais d’un Traité de non-prolifération des énergies fossiles. Depuis 2019, ce sont 16 États, des institutions telles que l’Organisation mondiale de la Santé, le Parlement européen, des centaines de scientifiques du climat et plus d’une centaine de lauréats du Prix Nobel qui se sont prononcés en faveur de l’ouverture de négociations internationales pour un traité de non-prolifération. La France, si elle veut être sérieuse sur sa volonté de protéger l’océan, doit s’engager, avec les autres États participant à l’UNOC, à soutenir l’initiative pour un Traité de non-prolifération des énergies fossiles.

2. Faire de la protection des aires marines une priorité, pour le climat, la biodiversité et les pêcheurs artisans. La mise en œuvre de véritables aires marines protégées, loin des effets d’annonce et des cache-misères portés par Emmanuel Macron, requiert :  

  • L’interdiction des techniques de pêche destructrices, comme le chalutage, et de l’ensemble des activités et infrastructures industrielles dans les aires marines dites « protégées », afin de couvrir 30% de nos eaux sur chaque façade maritime et chaque bassin ultramarin.  
  • Une protection « stricte », sans aucune activité extractive, dans 10% de nos eaux, et en abandonnant le concept de protection « forte » à la française qui laisse la porte ouverte aux exploitations diverses.  

3. S’affranchir du chalut, protéger la pêche côtière et mettre fin aux subventions néfastes à la biodiversité marine. La France ne peut pas accueillir un sommet international sur l’océan tout en subventionnant sa destruction et en l’autorisant jusque dans les aires marines dites « protégées ». Le monde attend de l’exemplarité, pas des contradictions. Il est temps de rompre avec un modèle industriel prédateur, de protéger réellement les écosystèmes marins et de soutenir la petite pêche côtière en engageant une véritable transition sociale et écologique du secteur de la pêche française et européenne.

C’était impossible, mais à quelques heures de l’ouverture de l’ONUC, la France est en train de réaliser l’impensable : accueillir le monde entier à Nice sous prétexte de vouloir “protéger l’océan” sans parler de ce qui compte. 

Afin de combler ce vide abyssal et son inconséquence, la France multiplie les lieux communs, enfonce les portes ouvertes et s’accroche aux branches des processus onusiens déjà en cours pour tenter de masquer l’incurie du gouvernement français qui n’a mis ni les moyens, ni la volonté politique pour obtenir une victoire diplomatique significative pour la sécurité de l’humanité. Au gouvernement, on évoque ainsi sans conviction le traité sur la pollution plastique, sans que personne ne soit dupe : on sait que ce processus onusien suit un agenda qui lui est propre, et que les négociations de Busan en décembre dernier n’ayant pas abouti, elles reprendront en août prochain à Genève. On ressasse l’engagement du Président en faveur du moratoire international sur l’exploitation des minerais en haute mer, décidé unilatéralement par Emmanuel Macron en 2022, mais sans avoir trouvé de nouvelles choses à en dire malgré le risque que représente la décision de Donald Trump d’accorder des permis d’exploitation à des entreprises minières. 

L’équation est donc simple pour Emmanuel Macron : annoncer une véritable protection pour nos aires marines dites “protégées”, et emmener l’Union européenne dans son sillage, ou acter le fait qu’UNOC sera un échec complet. Emmanuel Macron doit sortir de son double standard océanique : on ne peut pas être contre le plastique et ne jamais mentionner l’impact plastique de la pêche industrielle, on ne peut pas appeler à un moratoire sur l’exploitation minière des grands fond marins sans vouloir s’affranchir du chalutage, alors que la flotte française de chalutiers de fonds pulvérise chaque année 670 000 km2 de fonds marins avec le soutien du gouvernement. On ne peut pas défendre un traité sur la haute mer sans balayer devant sa porte et protéger effectivement ses propres eaux. 

Parce que nous documentons cette réalité depuis plus de 20 ans, les lobbies ont peur. Et nous mènent en conséquence une guerre sans merci.   

Il faut mettre fin à cette culture de l’intimidation et mettre fin la culture de l’impunité des lobbies industriels.  

Il est du devoir moral de l’État de mettre fin à sa liaison toxique avec le lobby de la pêche industrielle, et de faire alliance avec les scientifiques et les citoyens qui, unanimement, demandent aux responsables politiques de faire preuve de responsabilité, et de choisir le camp de l’intérêt général.   

Ressources additionnelles 

Dossier de presse BLOOM consacré au décryptage de la politique française dans le cadre de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC 3) :

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Le Nouvel Observateur publie la tribune ce vendredi 23 mai. 

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