20 septembre 2023
Jusqu’à 10 000 dauphins et marsouins meurent chaque année le long des côtes françaises, de la Bretagne au Pays basque. La situation est devenue si critique que les scientifiques estiment que les petits mammifères marins risquent l’extinction régionale.
Face à cette urgence absolue, que fait le gouvernement ? Il renonce à protéger les dauphins et laisse perpétrer le massacre !
Il reste quelques jours pour forcer le gouvernement à agir : une consultation est ouverte jusqu’au 28 septembre 2023 nous permettant de faire entendre nos voix.
Toutes et tous sur le pont pour sauver les dauphins !
Depuis des années, des dauphins et marsouins communs s’échouent par milliers sur nos plages atlantiques. Les chercheurs de l’observatoire PELAGIS à La Rochelle ont calculé que pour 1000 échouages visibles, entre 5 000 et 10 000 dauphins meurent en mer de façon « invisible » car leurs carcasses coulent à pic.
C’est une hécatombe.
Les dauphins vivent jusqu’à 40 ans mais ne se reproduisent qu’entre 8 et 15 ans. Ils ne font qu’un petit à la fois, après une gestation de 10 mois. Cette fertilité faible et tardive les rend extrêmement vulnérables. C’est pourquoi le dauphin et le marsouin communs sont menacés d’extinction au niveau régional
Pourquoi tant de dauphins échoués sur les plages ?, Journal du CNRS
Notre volonté de consommer du bar ou du merlu.
C’est tout.
En effet, 90% des dauphins meurent piégés dans les filets de pêche déployés dans le Golfe de Gascogne.
Alors qu’il est possible d’indemniser les pêcheurs pour qu’ils cessent leurs activités ou de les accompagner financièrement vers une conversion de leurs pratiques vers des engins de pêche doux, compatibles avec la préservation des populations de cétacés, il est impossible de sauver les dauphins autrement qu’en cessant de déployer des filets dans tout le golfe de Gascogne. Les mammifères marins évoluent depuis des millions d’années dans un océan libre de pièges, sans avoir à lutter contre des murs invisibles de fils de nylon dans lesquels il est impossible pour eux de ne pas finir mortellement emmaillotés.
Malgré deux mises en demeure par la Commission européenne et une situation devenue hors de contrôle, la France a fait la sourde oreille et n’a pris aucune mesure. Les ONG ont dû monter au créneau.
Les associations environnementales France Nature Environnement, Sea Shepherd France, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et Défense des Milieux Aquatiques ont dénoncé sans relâche le massacre en cours. Certaines ont même saisi le Conseil d’État pour mettre fin à la disparition programmée des petits cétacés dans le golfe de Gascogne. Et elles ont gagné la première manche !
Le 20 mars dernier, le Conseil d’État a enjoint au gouvernement de « prendre des mesures de fermeture de la pêche appropriées sous six mois, en complément des dispositifs de dissuasion acoustique » pour éviter l’extinction régionale du dauphin et du marsouin communs.
Le Conseil d’État relève que le nombre de décès par capture accidentelle imputable aux activités de pêche menace la conservation des dauphins et marsouins dans le golfe de Gascogne : depuis 2018, il dépasse chaque année la limite maximale permettant d’assurer un état de conservation favorable en Atlantique Nord-Est selon les différentes estimations disponibles. À ce jour, les trois espèces concernées sont dans un état de conservation défavorable, le dauphin commun et le marsouin commun faisant même face à un danger sérieux d’extinction, au moins régionalement.
Communiqué du Conseil d’État, 20 mars 2023
L’exécutif avait jusqu’au 20 septembre pour agir, mais malgré la mort de milliers de dauphins de plus que cela impliquait, le gouvernement a attendu la dernière minute pour sortir un projet d’arrêté honteux.
Celui-ci balaie tout simplement les recommandations des scientifiques.
Le Conseil International de l’Exploration de la Mer (CIEM), sollicité pour établir des scénarios de préservation des dauphins dans le golfe de Gascogne, a établi les conditions MINIMALES pour permettre de réduire assez fortement les captures et mettre les cétacés hors de danger :
Or le projet d’arrêté publié par le gouvernement tente de saboter la décision du Conseil d’État comme les injonctions scientifiques : le texte ne propose qu’une fermeture d’un mois des pêcheries à risques (de mi-janvier à mi-février) et uniquement dans certaines zones du golfe de Gascogne.
Non seulement ce n’est qu’un quart de la durée minimum identifiée par les scientifiques, mais cette fermeture est truffée d’exceptions, parmi lesquelles :
À nouveau, comme pour l’imposture des aires marines protégées « à la française », les mesures de protection proposées par le gouvernement ignorent les recommandations scientifiques et sont insuffisantes pour régler le problème identifié.
À la manœuvre pour protéger les intérêts des pêcheurs au mépris de la biodiversité marine : le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville… Encore lui.
Comment en sommes-nous arrivés à un projet d’arrêté si loin des recommandations scientifiques ?
Dans la chronique « Planète verte » du 15 septembre sur France Inter, la journaliste Célia Quilleret révèle que le comité des pêches a menacé « en off » de bloquer les ports si une fermeture plus longue était adoptée, la qualifiant de criminelle pour la filière.
Le comité des pêches affirme ainsi que l’extinction de plusieurs espèces marines est une conséquence normale des activités de la filière. Il semblerait que le dauphin et le marsouin, qui n’ont aucune valeur marchande pour les pêcheurs, ne soient pas concernés par les discours du comité pour une « gestion équilibrée et responsable des ressources marines ».
Célia Quilleret poursuit sur les coulisses du projet d’arrêté : « Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique, semblait ouvert à plus de restrictions, mais Hervé Berville, secrétaire d’État à la pêche, a gagné le bras de fer. Matignon a tranché. »
Ce projet d’arrêté scandaleux fait l’objet d’une consultation publique. C’est l’opportunité pour tous les défenseurs de l’océan de faire entendre leur voix : non, nous ne voulons pas voir les dauphins s’échouer année après année sur nos côtes jusqu’à l’extinction.
Pour participer, il suffit d’envoyer un mail avant le 28 septembre 2023 à l’adresse suivante : consultations-spmad@developpement-durable.gouv.fr.
France Nature Environnement propose une liste d’arguments pour permettre à tout un chacun de s’impliquer en quelques instants. Attention, les emails entièrement copiés-collés ne sont pas pris en compte.
Si vous le souhaitez, mettez BLOOM en copie de votre message (en utilisant l’adresse consultation@bloomassociation.org). Nous aurons alors une idée du nombre de personnes qui ont voulu s’exprimer lors de cette consultation, ce que le système d’envoi d’email ne permet pas actuellement de savoir.
Illustration : Dauphins communs, National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
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