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14 avril 2024

BLOOM infiltre l’inauguration secrète d’une machine d’extermination de l’océan

L’inauguration du « Jan Maria », un chalutier de fond flambant neuf de 88 mètres de long, était supposée se dérouler dans la plus grande discrétion le 5 avril dernier à Bremerhaven en Allemagne. Mais lorsque BLOOM a eu vent du baptême de cette nouvelle machine d’extermination de l’océan, notre équipe, menée par la chercheuse Laetitia Bisiaux, a sauté dans un train pour documenter l’ampleur du désastre orchestré par le consortium néerlandais géant Parlevliet & Van der Plas et labélisé « pêche durable » par le label industriel « MSC » (Marine Stewardship Council »). Un scandale.

Un nouveau prédateur marin

Le nouveau prédateur de l’océan, le « Jan Maria », est le sixième navire-usine à intégrer la flotte allemande. Chacun d’entre eux mesure entre 81 et 141 mètres de long. Le Jan Maria appartient à la multinationale néerlandaise Parlevliet & van der Plas, qui détient, entre autres, l’Annelies Ilena, le chalutier pélagique de 145 mètres contre lequel BLOOM a manifesté le 15 février dernier à Saint-Malo.

Le Jan Maria est un chalutier de fond, conçu pour attraper les animaux marins en raclant les fonds marins et en détruisant l’habitat. Ce bulldozer des mers est équipé de « rock hoppers », des énormes disques qui écrasent tout sur leur passage pour ne pas endommager le filet de pêche. Pour maximiser ses profits, ce navire s’est équipé d’une innovation redoutable : le triple chalutage, lui permettant de ratisser une surface trois fois plus grande qu’avec un chalut classique. « Ce n’est rien d’autre que de la déforestation sous-marine. Il faut se représenter que cette technologie brutale sert à capturer des animaux aussi fragiles que des crevettes. Cela ne pose pas que le problème de l’inadéquation d’une telle efficacité technologique, mais celui de l’éthique des pêches industrielles », dénonce Laetitia Bisiaux.

Le prix du gigantisme  

Cette course au gigantisme a un prix exorbitant pour la biodiversité, le climat et les pêcheurs artisans. Le Jan Maria aura besoin de quotas et pas des moindres : 100 000 kilos par jour, capturés sans aucune sélectivité et qui concernent des espèces cruciales pour les petits pêcheurs, comme par exemple, le cabillaud, la crevette et le flétan noir. La voracité du Jan Maria ne s’arrête pas là. Il produira aussi de la farine de poisson destinée à l’élevage aquacole et participera à la destruction des équilibres océaniques globaux en retirant des poissons essentiels à la chaîne alimentaire de tous les animaux marins, y compris les oiseaux et les mammifères.

Des industriels discrets mais pas honteux

Contrairement à l’inauguration du Scombrus en 2020 à Concarneau qui avait fait les gros titres de la presse bretonne, la date du baptême du Jan Maria a été gardée secrète. Les industriels redoutaient très certainement une mobilisation des ONG et des pêcheurs. Leur crainte était fondée car BLOOM avait prévu d’organiser une manifestation avec les pêcheurs artisans et les ONG pour protester contre cette machine d’extermination de la nature au moment où l’océan se porte plus mal que jamais. « Même si nous avons été pris de court, nous tenions à être sur place pour documenter cette inauguration scandaleuse. Nous avons réussi à nous infiltrer parmi les invités, à assister aux discours et même à visiter ce navire-usine », explique Laetitia Bisiaux.

Des politiques du 20ème siècle aux côtés des industriels

Parmi les invités, dans leurs plus beaux atours pour célébrer une nouvelle machine de destruction du monde au moment où l’océan se meurt, se trouvaient aux côtés des industriels des politiques au logiciel dépassé tels que la sénatrice Kristina Vogt du parti Die Linke et les maires socialistes de Bremen (Andreas Bovenschulte) et Bremerhaven (Melf Grantz). « Investir 55 millions d’euros dans de telles machines alors que la biodiversité s’effondre, que l’océan se réchauffe et que les pêcheurs artisans disparaissent est une honte. Les personnalités politiques devraient utiliser leur pouvoir pour s’y opposer fermement, défendre l’intérêt général et les pêcheurs artisans qui se voient confisquer du quota par ces énormes navires » s’insurge Laetitia Bisiaux.

La destruction de l’océan labélisée MSC « pêche durable »

Comble du cynisme, ce navire industriel arborait fièrement le drapeau du label se prétendant de « pêche durable » MSC (Marine Stewardship Council), dont nous avons déjà, à de très nombreuses reprises, dénoncé les dérives. Pendant les discours d’inauguration, les industriels ont annoncé fièrement que 90% des captures du Jan Maria seront certifiés par le MSC. C’est déjà par exemple le cas pour le lieu noir en Mer du Nord, pour lequel le tout nouveau Jan Maria est déjà mentionné comme étant certifié « durable ».

> Lire notre dossier sur le label MSC, ainsi que notre dossier spécifique aux pêches thonières.

Détruire la nature dans le luxe

Le navire est luxueusement équipé d’écrans géants, d’une salle de sport et d’un sauna. Au dernier étage, le capitaine est confortablement installé devant des technologies militaires sophistiquées, dignes de la NASA, radars et GPS, pour traquer les poissons sans répit. Aux étages inférieurs, la démesure se poursuit : l’usine de transformation et le pont du navire sont dotés de filets géants. C’est là que seront massacrés et débités les animaux marins par centaines de milliers.

Agir contre ces navires de l’enfer

Pour lutter contre les industriels sans foi ni loi qui détruisent l’océan en toute impunité, BLOOM a lancé une pétition et une grande coalition citoyenne pour la protection de l’océan. Elle réunit à ce jour 90 ONG, plus de 100 personnalités et 28 000 citoyens autour de 15 mesures urgentes, parmi lesquelles :

  • L’interdiction des méthodes de pêche destructrices comme le chalutage dans les aires marines dites « protégées » (qui ne le sont pas du tout).
  • L’utilisation de l’argent public pour permettre la transition sociale, écologique et solidaire du secteur de la pêche vers des méthodes de pêche qui cessent de brutaliser l’océan et de le déforester.
  • La protection des écosystèmes et des pêcheurs côtiers en excluant les navires industriels de plus de 25 mètres et pouvant faire jusqu’à 145 mètres du littoral français (une bande de 12 milles nautiques, soit environ 22 km).

À lire aussi :

Une enquête réalisée par Jean-Pierre Canet sur l’imposture des aires marines protégées « à la française »

Navire Jan Maria et ses panneaux de plusieurs tonnes (©BLOOM Association)

Écrans radars dans la cabine du capitaine du navire Jan Maria (©BLOOM Association)

(©BLOOM Association)

"Rock hoppers" à l'avant du filet pour écraser le fond marin (©BLOOM Association)

"Rock hoppers" à l'avant du filet pour écraser le fond marin (©BLOOM Association)

Usine de transformation à bord du Jan Maria (©BLOOM Association)

Usine de transformation à bord du Jan Maria (©BLOOM Association)

Usine de transformation à bord du Jan Maria (©BLOOM Association)

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