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04 août 2022

Un été meurtrier

Comme de coutume, l’été est meurtrier. En plus des sécheresses chroniques et des vagues caniculaires qui ont déclenché des incendies ayant entraîné la mort de plusieurs personnes et de milliers d’animaux et de plantes, les industriels en profitent pour organiser des charges contre la protection de la nature.

Intimidation et menaces des lobbies industriels main dans la main avec les Etats

Mardi 26 juillet 2022, les industriels de la pêche ont montré à quel point ils étaient des interlocuteurs irresponsables des pouvoirs publics et des dangers pour le monde naturel.

Lors d’une réunion organisée par la Commission européenne sur la protection des écosystèmes vulnérables qui existent dans les profondeurs de l’océan, la France, l’Espagne et le segment le plus destructeur de leurs flottes de pêche ont fait bloc pour s’opposer à la protection de l’océan. Les lobbies ont ainsi orchestré une véritable tentative d’intimidation dans une attaque coordonnée avec les autorités françaises et espagnoles.

Rembobinons le film jusqu’à notre victoire de 2016

En 2016, grâce à la mobilisation hors normes des citoyens, grâce à notre campagne de chaque instant, grâce à nos collègues ONG, grâce à des centaines de scientifiques, des politiques, des chefs cuisiniers, grâce à des artistes, des dessinateurs (tout le monde se rappelle la BD virale de Pénélope Bagieu), grâce à cette vague citoyenne d’exigence, contre vents et marées, BLOOM a gagné et le chalutage a été interdit au-delà de 800 mètres de profondeur.1 Article 9, paragraphe 6 du Règlement (UE) No 2016/2336 du Parlement européen et du Conseil du 14 décembre 2016 établissant des conditions spécifiques pour la pêche des stocks d’eau profonde dans l’Atlantique du Nord-Est ainsi que des dispositions relatives à la pêche dans les eaux internationales de l’Atlantique du Nord-Est : Au plus tard le 13 janvier 2018, sur la base des meilleures informations scientifiques et techniques disponibles et des évaluations et recensements effectués par les États membres et l’organisme consultatif scientifique, la Commission adopte des actes d’exécution afin de dresser une liste des zones qui abritent ou sont susceptibles d’abriter des EMV.
Article 9, paragraphe 9 : La pêche avec des engins de fond est interdite dans toutes les zones recensées conformément au paragraphe 6.

C’était trop profond mais c’était ce que nous pouvions obtenir de mieux. Et clairement, c’était mieux que de les laisser saccager l’océan jusqu’à 2000 mètres de profondeur, quotidiennement, sans contrainte.

La science disait que l’urgence était de protéger l’océan au-delà de 400 mètres de profondeur tant, à ces profondeurs, les dynamiques de vie sont différentes et comme disait Théodore Monod « Il fait froid, il fait noir, il fait faim, il fait profond. »

Le chalutage est une catastrophe écologique qui n’aurait pas dû exister. Des filets de 150 mètres de long raclent les fonds marins et détruisent des écosystèmes multimillénaires plus vieux que les pyramides d’Égypte, des animaux exceptionnels, des éponges fragiles, des poulpes à oreilles aux membranes délicates, des requins centenaires… En quelques minutes, et pour le caprice d’avoir quelques poissons broyés à mettre dans nos assiettes, on autorise les chalutiers industriels à raser des écosystèmes entiers de la carte.

C’est un massacre du vivant.

Une protection des écosystèmes fragiles inscrite dans la loi

C’est pourquoi en 2016, en plus de l’interdiction du chalutage profond au-delà de 800 mètres, nous avons obtenu du Règlement européen qu’au-delà de 400 mètres de profondeur, les zones où des écosystèmes marins vulnérables pouvaient exister seraient fermées à la pêche avec des engins qui touchent le fond. Et cela, d’ici janvier 2018.

Cela laissait déjà un répit de près de deux ans aux flottes de pêche les plus impactantes d’Europe.

Mauvaise foi des États et rétention de données

Mais pour procéder aux fermetures des zones contenant des « écosystèmes marins vulnérables », la Commission européenne avait besoin d’avis scientifiques et pour être formulés, les avis scientifiques avaient besoin de données. Et qu’ont fait les États membres les plus coupables, main dans la main avec leur secteur le plus destructeur ? Ils n’ont pas envoyé leurs données.

La France et l’Espagne n’ont pas envoyé les données permettant de protéger à temps les écosystèmes les plus fragiles de l’océan.

Sans données, pas de localisation des écosystèmes les plus fragiles.
Sans avis scientifiques, pas de fermetures des zones à la pêche.
Sans fermeture, pas de protection.
Que le massacre continue…

Nous voilà donc en 2022. Les écosystèmes marins vulnérables au-delà de 400 mètres de profondeur sont broyés, pillés, anéantis, de façon routinière.

La Commission a tapé du poing sur la table plusieurs fois et a obtenu l’envoi des données. Les chercheurs ont fait leur travail et ont proposé 87 zones fragiles à protéger en priorité. 

Avec QUATRE ANS DE RETARD par rapport à l’obligation légale, la Commission a donc formulé « un acte d’exécution » permettant de fermer ces 87 zones prioritaires. Fin juin, cet acte a été adopté par les États membres. Il doit entrer en vigueur en septembre prochain.

Terreur industrielle et complicité inacceptable

Et là… coup de théâtre… Que font les industriels AVEC les États ? Nous soulignons la complicité immorale à l’œuvre. Ils dénoncent l’avis scientifique et refusent la fermeture des zones bien que ce soit une obligation inscrite dans la loi !

Cerise sur le gâteau, les industriels menacent la Commission européenne de poursuites judiciaires si elle protège réellement les écosystèmes marins les plus vulnérables de l’océan !

Le 26 juillet, lors de la réunion en ligne organisée par la Commission européenne une  « sur la mise en œuvre du règlement relatif à l’accès aux eaux profondes » (145 participants), la France et l’Espagne ont fait leur numéro : un coup l’État, un coup un industriel de la pêche, un coup un chercheur d’État. Impossible de savoir qui était qui tant leurs discours étaient identiques. Ils ont commencé par s’aligner sur leurs éléments de langage et ont répété à l’unisson : « nous sommes très attachés à la protection de l’océan et au respect du cadre légal ». Un beau déclaratif d’ouverture pour mieux piétiner la loi, annoncer qu’ils ne la respecteraient pas et qu’ils iraient à la Cour de justice de l’UE si la loi était appliquée.

Le lendemain, le 27 juillet, les industriels espagnols ont confirmé leur intention de poursuivre les autorités européennes si elles osaient légiférer en faveur de l’intérêt général plutôt qu’en le leur.1 La menace des industriels espagnols portée dans les médias : Menso Chicote, Carlos, (26/07/2022) El sector pesquero se plantea llevar a los tribunales a Bruselas, abc Economía 

L’alliance État-science-industrie forme une trilogie toxique qui terrorise les décideurs publics qui auraient le front de s’écarter de la loi qu’ils ont pris la très mauvaise habitude de dicter.

Nous étions plusieurs membres d’ONG : la DSCC, Oceana, Ecologistas en Acción, Shark Project etc. à être atterrés face à cette énième tentative d’intimidation et à soutenir la Commission européenne dans sa démarche de protection de l’océan.

Les industriels ne semblent pas avoir compris que face à l’accélération du changement climatique et de la disparition des espèces vivantes sur terre, les citoyens attendaient d’eux une réflexion sur la façon dont ils vont mettre leurs activités de pêche en conformité avec l’impératif écologique. C’est leur défi et ils sont loin de pouvoir y répondre. C’est à ça qu’ils devraient s’atteler plutôt que de s’accrocher à leur modèle ravageur des écosystèmes.

Les industriels viennent une fois de plus de prouver que leurs méthodes ne détruisent pas que l’environnement. Ils ont une approche gloutonne et irresponsable qui les disqualifie comme interlocuteurs des institutions.

Les pouvoirs publics doivent maintenir les lobbies à distance. La planète brûle, l’océan brûle, les animaux sont massacrés par millions chaque jour, la pêche artisanale disparaît, l’argent public est principalement alloué aux destructeurs : ça suffit ! STOP à l’influence néfaste des lobbies industriels ! Stop à leur emprise sur nos démocraties !

BLOOM appelle les citoyens à exprimer leur soutien à la Commission européenne pour qu’elle ne flanche pas face aux pressions honteuses des lobbies industriels et de l’Espagne et de la France.

Le Commissaire à l’environnement, aux océans et à la pêche, M. Sinkevičius doit aller au bout de sa mission, appliquer la loi et protéger réellement l’océan.

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