09 mai 2022
Aux côtés des pêcheurs artisans français et anglais, BLOOM se mobilise avant le vote d’un amendement au Parlement européen qui vise à interdire la senne démersale dans les 12 milles français.
Peu de sujets sont capables de rassembler pêcheurs français et anglais derrière une cause commune. Une technique de pêche réalise cet exploit. Il s’agit de la senne démersale, ou flyshooting comme l’appellent ses inventeurs néerlandais.
©Suzanne Plunkett/ Greenpeace
Les alertes des pêcheurs sur la senne démersale remontent à une quinzaine d’années mais elles sont restées inaudibles. L’inaction politique, face à la concurrence accrue avec les flottes industrielles néerlandaises, a poussé certains navires qui dénonçaient la senne démersale à s’y convertir pour rivaliser avec les navires dotés de cette technologie.
Cet investissement a temporairement permis de remplir les filets des navires nouvellement équipés mais il a augmenté la pression de pêche sur les écosystèmes, accéléré le déclin de la ressource et la faillite des pêcheurs. Lorsque les industriels peuvent déplacer leurs unités sur d’autres zones et perpétuer la surexploitation séquentielle de l’océan, les artisans sont à l’inverse ancrés à un territoire restreint, et ils subissent les conséquences de plein fouet de ces modèles de « pêcheries technologiques ».
Pêcheurs et ONG rappellent le besoin urgent de réglementer bien plus strictement l’efficacité technologique de certaines techniques de pêche dont on reconnaît, rétrospectivement et trop tardivement, qu’elles étaient néfastes pour la ressource, les écosystèmes et les équilibres socio-économiques d’un secteur artisan déjà fragilisé par des décennies de compétition avec les industriels. La foi aveugle des autorités dans l’innovation technologique, telle que la pêche électrique, a mené à des drames familiaux et à la précarité économique des pêcheurs côtiers.
Pour réparer les erreurs fatales générées par la puissance publique, les pêcheurs et les ONG demandent un acte politique prompt et clair : un moratoire européen immédiat sur la senne démersale. Après la pêche électrique, il n’est pas acceptable que l’environnement et les pêcheurs paient de nouveau le prix de politiques publiques n’ayant pas, au préalable, appliqué le principe de précaution, comme elles auraient dû le faire.
Alexandre Fournier pêcheur et l'équipe de BLOOM, au port de Boulogne-sur-mer (©BLOOM)
08 décembre 2021
BLOOM a adressé un courrier au Commissaire européen en charge de la pêche afin qu’il prenne des mesures urgentes contre le déploiement de la senne démersale : un moratoire général dans les eaux européennes. Cette technique de pêche est dénoncée par les pêcheurs pour son impact écologique et social en raison de son efficacité redoutable.
21 avril 2021
Après avoir épuisé les ressources en mer du Nord avec des méthodes de pêche particulièrement destructrices, l’industrie néerlandaise mène une offensive pour conquérir de nouvelles zones de pêche. C’est ainsi que depuis 10 ans des navires néerlandais (ou sous capitaux néerlandais) pratiquant la senne danoise ont fait leur apparition en Manche. La présence de ces navires industriels rencontre l’opposition des pêcheurs locaux qui ne cessent d’alerter sur le pillage des ressources et la destruction des écosystèmes, comme lors de l’action de blocage du bassin de Loubet en décembre 2020 à Boulogne-sur-Mer.
26 mai 2021
L’opposition et la pression des pêcheurs ont triomphé : l’accord sur la senne danoise appelé Gentleman agreement, qui voulait légitimer la présence de ces navires en Manche, n’a pas été signé, et ce, malgré la pression des lobbies industriels néerlandais. Une petite victoire mais le problème de fond n’est pour autant pas résolu : le modèle industriel destructeur se développe à grande vitesse.