08 juillet 2020
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili présentera demain, jeudi 9 juillet, la Stratégie nationale 2030 en matière d’aires protégées, afin d’atteindre l’objectif de protection de 30% du territoire terrestre et maritime dont 10% de protection forte.
L’enjeu principal est de renforcer le niveau de protection, la cohérence et la représentativité territoriale des AMP existantes, afin d’atteindre les objectifs de conservation et de ne pas se cantonner à une simple approche surfacique. Ainsi, si sur le papier plus de 20% des eaux françaises ont un statut d’AMP, à peine 1.7% ont une protection forte : 0,05% en métropole et 1,65 % en Outre-mer (dont 80% sont dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF)). Par ailleurs une étude de 2019 a montré que près de 95% des AMP françaises n’avaient pas de plan de gestion.
Les AMP fortement protégées sont les plus efficaces pour restaurer la biodiversité marine et s’adapter aux changements climatiques, or la France en manque cruellement. Si l’ambition d’arriver à 10% de protection forte est bien affirmée, elle manque de précision dans sa définition et laisse la porte ouverte à des activités trop nombreuses. Le texte précise ainsi que les pressions engendrées dans ces zones seraient « significativement limitées », une notion floue. En outre, elle est très en deçà des recommandations et définitions des protections fortes établies par l’UICN.
Nos organisations demandent à ce que dans ces zones dites de protection forte, les activités humaines et spécifiquement les activités extractives soient interdites. Dans le reste des AMP, elles devraient déjà être fortement limitées. Le modèle d’AMP « à la française » gagnerait à être cohérent avec les définitions scientifiques internationalement reconnues et qui font référence. Nous déplorons aussi le retard pris par la France et le manque d’ambition en matière de création de réseaux de réserves marines strictement protégées.
Enfin, la stratégie se concentre davantage sur la quantité plutôt que sur la répartition équilibrée de ces zones de protection forte, sur l’ensemble du domaine maritime. Atteindre 10% de protection forte en termes de surface, sans s’engager sur la représentativité des AMP sur l’ensemble des façades et écorégions qui constituent le domaine maritime français n’aurait pas de sens. C’est pour cette raison que nous demandons que ce soit chaque façade de la métropole et chaque région maritime des territoires d’outre-mer qui bénéficient de 10% de protection forte. La constitution de zones de protection forte dans les TAAF est évidemment importante, mais ne peut substituer à elle seule à ce qu’il faudrait faire sur l’ensemble du domaine maritime. La Méditerranée ou l’Atlantique, mais aussi le Pacifique sont, entre autres, des territoires bien plus menacés par les activités humaines et pour l’instant opportunément exclus du plan d’action à 2023 de la stratégie.
Nous demandons donc qu’au moins 10 % de chaque écorégion du territoire national de métropole et d’outre-mer soit couverts par des mesures de protection forte d’ici 2022.
→ Signez notre pétition pour des aires marines vraiment protégées
[1] BLOOM, Fondation Bertarelli/Pew Charitable Trusts, France Nature Environnement, Greenpeace France, Ligue pour la Protection des Oiseaux, Mediterranean Recovery Action Network, Oceana Europe, Pleine Mer, Sea Shepherd France.
04 octobre 2016
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