11 septembre 2022
Les aires marines protégées (AMP) sont l’outil le plus efficace pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité et la catastrophe climatique, malgré cela, les AMP actuelles de l’UE sont à peine protégées et ne présentent donc aucun bénéfice écologique.
La semaine prochaine à Bruxelles, deux événements pourraient changer cette situation déplorable.
Depuis le printemps 2021, la Commission européenne est censée publier son « Plan d’Action pour l’Océan« , mais les pressions intenses exercées par les lobbies de la pêche industrielle ont jusqu’à présent réussi à retarder la publication de cette feuille de route hautement stratégique. Le Plan d’action pour l’Océan devrait proposer des réformes systémiques pour protéger les écosystèmes marins et les ressources halieutiques des activités humaines destructrices et freiner la perte de biodiversité, la destruction des habitats et le dérèglement climatique.
Après un été de records de sécheresse, d’incendies, de tempêtes et d’inondations, le moment est venu pour la Commission européenne de tracer, avec son « Plan d’Action », un chemin résolument ambitieux pour la conservation de l’océan de façon à sortir du désastreux statu quo actuel.
Les États membres de l’UE se réunissent la semaine prochaine à Bruxelles pour arrêter leur position commune en matière de protection de la nature en vue de la quinzième réunion de la Convention sur la Diversité Biologique (Montréal, 5-17 décembre 2022). L’UE forme la 1ère zone économique exclusive du monde et devrait tirer l’ensemble de la communauté internationale vers le haut, en interdisant le chalutage de fond dans son réseau d’aires marines faussement ‘protégées’, malheureusement ce n’est pas ainsi que cela se passe.
En toute logique et cohérence avec la Stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030, le Conseil devrait déjà s’être accordé sur un minimum de 30% de véritables aires marines protégées, dont 10% en zones strictement protégées, sans aucun prélèvement (zones de « no-take »). Malheureusement, la Belgique est actuellement le seul État membre à plaider haut et fort pour un tel niveau d’ambition. Le silence de la France, 2ème puissance maritime mondiale, est d’autant plus remarquable qu’il s’inscrit à l’opposé de la communication appuyée d’Emmanuel Macron sur la protection marine avant l’élection présidentielle.
En savoir plus sur l’imposture écologique d’Emmanuel Macron sur les aires marines protégées
À ce jour, les méthodes de pêche hautement destructrices telles que les chalutiers de fond, les dragueurs ou les senneurs démersaux sont toujours autorisées à opérer dans les soi-disant « aires marines protégées » de l’UE, appauvrissant ainsi la biodiversité marine et libérant le dioxyde de carbone des sédiments océaniques.
En 2020, la Commission européenne avait déjà prévenu que moins de 1% des eaux européennes étaient strictement et efficacement protégées. De même, la Cour des comptes de l’UE soulignait que « les zones marines protégées de l’UE offrent en pratique peu de protection« . Une étude a même révélé que 86 % des eaux européennes « protégées » faisaient l’objet d’un chalutage intensif, tandis qu’une autre publication scientifique a montré que dans plus de deux tiers des AMP d’Europe du Nord, le chalutage était 1,4 fois plus intense à l’intérieur de la zone dite « protégée » qu’à l’extérieur.
En 2021, le GIEC et l’IPBES ont averti dans un rapport coparrainé sur la biodiversité et le changement climatique que « la perturbation du carbone des sédiments marins jusqu’alors non perturbés par le chalutage était estimée libérer l’équivalent de 15 à 20% du CO2 atmosphérique absorbé annuellement par l’océan« . Une fois encore, la science est claire. Ce dont nous avons maintenant besoin, ce sont des actions fortes, claires et concrètes pour sauver le climat et la biodiversité.
Signez la pétition de BLOOM pour des Aires marines réellement ‘protégées’