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28 septembre 2022

143 députés et 98% des pêcheurs réclament l’interdiction de la senne démersale

A la veille d’un trilogue qui scellera le sort de centaines de pêcheurs côtiers, 143 députés de tous bords politiques se mobilisent pour l’interdiction de la senne démersale en signant une proposition de résolution européenne qui fait écho aux alertes environnementales de BLOOM à propos de cette technique de pêche dévastatrice et à l’urgence sociale des pêcheurs côtiers confrontés à la concurrence féroce des navires industriels. La France, qui défend une position désastreuse au profit des industriels néerlandais, dispose de moins de 24 heures pour changer sa position et éviter de trahir ses promesses environnementales comme les intérêts économiques de ses propres pêcheurs côtiers. La France ne dispose d’aucun argument pour soutenir des intérêts industriels, étrangers de surcroît, au détriment d’une vision de la pêche permettant d’épargner le climat et la biodiversité et pérenniser ses communautés de pêcheurs artisans et côtiers.

Le 12 juillet 2022, le Parlement européen votait l’interdiction de la senne démersale dans les eaux territoriales françaises afin de protéger les écosystèmes marins et l’avenir de la pêche côtière. Mais, depuis ce jour, et en dépit du consensus inédit exprimé par les pêcheurs côtiers, les parlementaires et l’association BLOOM, la France s’obstine à défendre au Conseil de l’UE une position désastreuse en faveur des industriels néerlandais, aux dépens du climat, de la biodiversité et des pêcheurs côtiers. Ce jeudi 29 septembre la Commission européenne, le Conseil de l’UE et le Parlement européen se réuniront en trilogue à Bruxelles pour trancher cette question hautement politique. La France va-t-elle honorer les lobbies industriels ou la volonté citoyenne exprimée par les pêcheurs, les parlementaires et les signataires de la pétition de BLOOM ? Le trilogue du 29 septembre sera un moment de vérité.

Un sujet européen à l’Assemblée nationale

Ce matin, le député Sébastien Jumel (GDR) a présenté sa proposition de résolution européenne, cosignée par 143 députés de tous bords politiques, qui « invite le Gouvernement à soutenir, pour la durabilité des ressources halieutiques et du modèle de pêche artisanale français, l’interdiction de la senne démersale dans les eaux territoriales françaises entre Dunkerque et Grandcamp‑les‑Bains dans les prochaines discussions du Trilogue européen ».

Lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale organisée par Sébastien Jumel (GDR), les députés François Ruffin (LFI), Gérard Leseul (PS), Richard Ramos (MoDem) et Charles Fournier (EELV), le représentant de l’Organisation de producteurs « les pêcheurs normands » Mathieu Vimard, les pêcheurs Philippe Calone et Jean-Baptiste Houchard ainsi que la fondatrice de BLOOM Claire Nouvian ont alerté sur l’urgence à interdire la senne démersale, et appelé le gouvernement à cesser de défendre l’indéfendable : « Le lobby suppose une pression de l’extérieur. Je pense qu’il y a en vérité une colonisation de l’appareil d’État par des intérêts privés. Comment se fait-il que l’État soit raccord avec la pêche industrielle qui n’est même pas de chez nous ? Que défend-il ? Est-ce qu’il défend les Français ou il défend l’argent, y compris l’argent qui vient d’ailleurs ? Je pose la question sincèrement. J’aimerais avoir une réponse franche : pourquoi est-on complice ou complaisant à l’égard de cette pêche-là ? », s’interroge François Ruffin (LFI).

Cette initiative provenant de l’Assemblée nationale s’ajoute à une série de lettres ouvertes et de tribunes qui témoignent de l’urgence à laquelle la pêche côtière et les écosystèmes marins de la Manche font face : une lettre ouverte de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, et d’Olivier Leprêtre ; une tribune cosignée par 130 députés, eurodéputés et sénateurs publiée dans le Monde dans laquelle les parlementaires appelaient la France à « élever sa voix pour sauver les pêcheurs français des pratiques destructrices des industriels néerlandais » ; une tribune dans le journal Libération de Claire Nouvian ; une pétition de l’association BLOOM signée par plus de 40 000 personnes et une plateforme d’interpellation via les réseaux sociaux.

Malgré cette mobilisation inédite, le gouvernement français maintient sa détermination à défendre les intérêts industriels et l’a même défendue très activement, ce que Claire Nouvian a révélé sur Twitter.

Contrairement à ce qu’affirme le secrétaire d’Etat à la mer Hervé Berville, il y a du côté des travailleurs de la mer un consensus écrasant : 98% des pêcheurs de Normandie et des Hauts-de-France demandent l’interdiction de cette méthode de pêche dévastatrice. Il est inconcevable que le gouvernement français se range du côté des 2% et continue d’ignorer la volonté des pêcheurs français. « Ce n’est pas simplement un silence, il y a une action. (…) Le ministre a pris son téléphone, il est proactif. Le gouvernement qui devient lobbyiste de la pêche industrielle, c’est quand même une nouveauté. Et les arguments qui ont été opposés sont des arguments fallacieux », a expliqué Claire Nouvian pendant la conférence de presse.

Pour le climat, pour la biodiversité, pour la survie de la pêche côtière et de ceux qui en vivent, la France doit gagner l’interdiction de la senne démersale au cours trilogue.

N.B : le trilogue aura lieu à Bruxelles au Conseil de l’UE à 16h le jeudi 29 septembre. Il intervient dans le cadre d’une négociation de l’article 5 de la PCP (politique commune de la pêche) régissant l’accès aux eaux territoriales des Etats membres.

Citations des personnalités présentes à la conférence de presse

 

Sébastien Jumel, en ouverture de la conférence de presse a déclaré : « Aujourd’hui, il s’agit d’agir pour un partage des eaux qui garantisse la pérennité de notre pêche artisanale en lui réservant la bande côtière (…) la zone des 12 milles nautiques dans les Hauts-de-France. (…) Je rappelle qu’en Atlantique, en Bretagne, cette interdiction a déjà été obtenue sans que cela n’ait de conséquences sur la politique commune des pêches. »

Richard Ramos a expliqué les problèmes de représentation des pêcheurs au sein des organisations :

« Au plus haut niveau de l’Etat, [les lobbyistes] sont là pour faire prendre des décisions avec le pot de fer contre le pot de terre. Vous avez dans vos propres organisations des gens plus puissants que vous. Et le problème des organisations en France, je le dis et je répète, c’est que les gens paient leur cotisation au chiffre d’affaires, ce qui veut dire que, quand ils vous font croire qu’ils ont 300 personnes et qu’ils disent représenter tout le monde, c’est faux. Leur belle moquette à Paris est payée sur le chiffre d’affaires, donc ce sont toujours les gros qui décident. »

Charles Fournier a déclaré à propos de la position française au Conseil de l’UE :

« Quand le ministre justifie sa position par « une absence de consensus » , mais qu’on entend le résultat du sondage que vous avez évoqué, qu’on entend la mobilisation générale autour de ce sujet, c’est évidemment un consensus qui se fait à quelques-uns, toujours au même endroit, et sans ceux qui sont directement concernés. »

Gérard Leseul a expliqué que les décisions européennes proviennent des Etats membres :

« Il n’est pas raisonnable que le gouvernement français n’appuie pas l’ensemble de sa pêche et qu’il nous dise, demain, « c’est l’Europe ». Ce n’est pas l’Europe. Ce sont les positions que chaque pays va défendre demain dans le cadre du trilogue. Je regrette vraiment qu’il n’y ait pas un signe positif de la part du gouvernement sur ce sujet. »

Mathieu Vimard a expliqué l’importance de préserver les eaux côtières de la pêche industrielle :

« On sait que c’est une technique qui est très efficace et peu sélective, une technique qui a une emprise spatiale très importante et souvent pratiquée par des gros bateaux, ce qui décuplent ses impacts. Ça l’est d’autant plus quand on est dans des eaux côtières où il y a déjà beaucoup de bateaux, qui sont souvent petits, pas très mobiles et inféodés à ce secteur-là. L’urgence est d’agir d’abord sur ces zones qui sont aussi des zones de reproduction et de nourricerie. »

Philippe Calone témoigne de son expérience de pêcheur :

« Il y a de moins en moins de ressources. Très clairement, si on n’arrête pas la pêche industrielle, c’est la fin de la pêche artisanale. Par contre, les industriels ne vont pas s’arrêter, ils vont changer de mer, ils vont aller ailleurs. La question à poser à notre gouvernement c’est « qu’est-ce qu’ils veulent ? » On ne comprend plus nous à la fin, d’autant plus qu’ils veulent nous aider pour le Brexit, mais ils n’ont pas fait grand-chose. »

Jean-Baptiste Houchard explique son ressenti :

« Plus de la moitié de la pêche française a disparu en 30 ans. Or, la Manche est toujours autant exploitée, si ce n’est même plus, par le biais de cette technique de pêche à la senne démersale. Nous avons besoin de faire prendre conscience qu’il y a un réel problème sur la technique de la senne démersale, que je qualifie de redoutable, et aussi par la manière dont elle est pratiquée, que j’appelle industrielle, en total inadéquation avec notre modèle français. »

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur la senne démersale, lire notre plaidoyer

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