20 mars 2017
« La planète se réchauffe beaucoup plus que ce que l’on pensait ». C’est ce que déclarent les auteurs d’une nouvelle étude.
La majorité de l’excès de chaleur de la Terre capté par les gaz à effets de serre est stockée dans l’océan, mais l’estimation du réchauffement de ses eaux, causé par ce stockage, représente un défi de taille pour les chercheurs.
Dans les années 2000, les scientifiques ont développé Argo, un système mondial de localisation et de collecte de données géo-positionnées par satellites. Ce système est composé de balises collectant la température de l’océan jusqu’à 2000 mètres de profondeur, mais estimer précisément ses données est laborieux car la couverture des données recueillies par les balises est insuffisante et irrégulière.
L’enjeu de la nouvelle étude a donc été de corriger les biais causés par cet échantillonnage hasardeux afin de fournir une estimation plus robuste des changements de températures que connait l’océan. La conclusion des chercheurs : « plus de chaleur est susceptible d’avoir été absorbée par l’océan au cours des 50 dernières années que ce que nous pensions jusqu’alors. »[1]
Cette étude souligne l’importance de mieux connaître le réchauffement de l’océan afin d’anticiper au mieux ses potentielles conséquences écologiques et économiques. On voit déjà des changements importants dans la distribution des espèces marines, ainsi qu’un impact important sur les populations humaines qui en dépendent. Comme les humains, les autres êtres vivants ont une température optimale pour leur physiologie. Les espèces mobiles migrent déjà vers les pôles en quête d’une température plus fraiche. La faune vivant aux pôles va disparaître (comme celle ne pouvant pas migrer) car les eaux ne seront plus assez froides. À cause de ces migrations, des scientifiques prévoient une diminution de 40% des captures de poisson autour de l’équateur. Ainsi, leur impact sera le plus fort pour des pays pauvres dont l’économie repose en grande partie sur la pêche! Ironiquement, les captures augmenteront de 30 à 70% aux hautes latitudes, c’est-à-dire là où les pays sont les plus riches ! (Consultez notre petit-guide-Océan-Climat).
[1]https://www.theguardian.com/environment/climate-consensus-97-per-cent/2017/mar/10/earths-oceans-are-warming-13-faster-than-thought-and-accelerating