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25 septembre 2013

L’Ifremer : alibi officiel des lobbies industriels de la pêche profonde

Avec un sulfureux papier de position politique, infondé scientifiquement, l’Ifremer est devenu l’alibi officiel des lobbies et se retrouve au centre du débat entre pêcheurs industriels, cabinets ministériels et ONG.

C’est désolant pour les nombreux chercheurs excellents de l’IFREMER dont le travail se trouve entaché par une sombre affaire politico-industrielle – et soi-disant – scientifique.

Explication de texte : lors de la Conférence environnementale, la députée Isabelle Thomas a brandi un « dossier d’actualité » de l’Ifremer au statut bâtard, totalement infondé scientifiquement et qui ne pèse pas plus que n’importe quel blog sur le Web, sauf qu’en l’occurrence, c’est sur le site de l’Ifremer que cet article a été posté. Cela « en jette ». Alors que contient ce document pour qu’il soit si fréquemment mis en avant par les lobbies de la pêche industrielle et leurs défenseurs politiques ?

Pour voir le plaidoyer de l’Ifremer pour le chalutage profond : http://wwz.ifremer.fr/content/download/62843/851949/file/Le%20point%20sur%20les%20p

Ce document ne représente ni l’état des connaissances actuelles ni l’avis des chercheurs de l’Ifremer sur la pêche profonde au chalut. En revanche, on y trouve un certain nombre de déclarations parfaitement fausses d’un point de vue scientifique et qui ne survivraient pas un instant à la relecture d’une revue scientifique sérieuse. Notons d’ailleurs que l’IFREMER s’est bien gardé de traduire ce document compromettant en anglais, mais BLOOM s’en est chargé. Voir :https://www.bloomassociation.org/download/English_%20IFREMER_19_Jun_2013.pdf

Ce document n’a donc pas d’autre vocation que de répondre aux besoins politiques du cabinet de Frédéric Cuvillier et des élus de Bretagne siégeant à la Commission de la pêche du Parlement européen (Alain Cadec – UMP  et Isabelle Thomas – PS) : ces quelques individus œuvrent ensemble pour faire dérailler, depuis le début, le règlement ayant vocation à protéger les écosystèmes marins les plus vulnérables du monde. Mais sans aucune munition scientifique, la tâche n’est pas aisée. Voilà ce à quoi ce document bâtard de l’Ifremer a cherché à pallier. Mais comme les ifremériens pro-pêche industrielle au chalut ne passeraient pas les fourches caudines de la relecture scientifique anonyme, ils ont opté pour la seule solution possible : un article Web, en français uniquement, sans relecture ni même approbation au sein de l’Ifremer.

Les propos scientifiquement erronés qui y sont tenus ont été épinglés par la revue « Nature » dans un éditorial qui met nommément en cause l’Ifremer et le sulfureux rôle politique que la science joue en France dans ce dossier.

Voir :http://www.nature.com/news/deep-sea-trawling-must-be-banned-1.13656

Ce n’est pas sans rappeler un autre contexte français de création de fausses controverses sur le climat…

Morceaux choisis du plaidoyer de l’Ifremer pro-pêche chalutière :

« La durabilité de l’exploitation de ces stocks (grenadier, sabre et lingue bleue) est aujourd’hui établie » => FAUX.

Nulle part n’est-il fait mention de « durabilité » pour les espèces profondes. Au contraire, à chaque fois que la durabilité monospécifique est envisagée pour une ou deux espèces de poissons profonds, elle est immédiatement contre-balancée par la non durabilité de l’exploitation d’un point de vue écosystémique (soit espèces capturées accidentellement, soit habitats marins).

« Les observations ont montré que les rejets sont largement dominés par deux espèces : le mulet noir et la  grande argentine, auxquelles il faut parfois ajouter la chimère, pour lesquelles les scientifiques n’expriment pas de préoccupations. » => FAUX.

Un éditorial de Nature montre au contraire que le mulet noir a chuté à seulement 6% de son abondance de 2002, ce qui le rend éligible à un statut d’espèce menacée d’extinction selon les critères de la Liste Rouge de l’UICN. Voir :http://www.nature.com/news/deep-sea-trawling-must-be-banned-1.13656

Mais encore :

« Les connaissances des poissons et écosystèmes profonds augmentent rapidement. L’aire  de répartition, la longévité et la croissance des poissons profonds exploités sont  aujourd’hui bien connues« ,

« Les écosystèmes profonds ont été étudiés et cartographiés, ce qui permet d’identifier les  zones les plus vulnérables et de les protéger »

et autres perles de ce genre…

Le décodage a été fait 1000 fois par BLOOM de ces mensonges assumés et très regrettables.

Il sera intéressant de voir comment le nouveau président de l’Ifremer, François Jacq, se positionnera par rapport à ce dossier peu reluisant pour la recherche française. Rupture avec son prédécesseur Jean-Yves Perrot ou complaisance renouvelée envers les cabinets ministériels ?

Lire l’article en anglais : IFREMER : an official alibi for deep-sea fishing industrial lobbies

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