Alors que 3/4 des poissons sont achetés en grandes surfaces, quelle est la politique d’achat de poissons de ces supermarchés ? En 2013, BLOOM a mené l’enquête auprès des six principaux groupes de distribution alimentaire (Auchan, Carrefour, Casino, E. Leclerc, Intermarché et Système U). Découvrez les résultats de notre enquête.
Les français consomment beaucoup de poisson et l’achètent principalement en grandes surfaces alors que près de 90% des stocks de poissons dans le monde sont surexploités ou pleinement exploités (FAO 2012). En outre, un certain nombre de ces stocks est pêché à l’aide de méthodes industrielles destructrices.
En tant que consommateur, comment s’assurer de ne pas encourager, par le biais de ses achats, l’épuisement inexorable des ressources marines et la destruction des milieux océaniques les plus vulnérables ?
La responsabilité incombe aux distributeurs d’assurer à leurs clients qu’ils ont séparé pour eux le bon grain de l’ivraie et que le poisson vendu à l’étal n’a pas contribué à une logique de surexploitation ou de destruction des écosystèmes marins.
En 2013, BLOOM a évalué la politique générale d’achat de poissons des six principaux groupes de distribution alimentaire (Auchan, Carrefour, Casino, E. Leclerc, Intermarché et Système U) ainsi que leur approvisionnement spécifique en poissons profonds, issus de pêches particulièrement destructrices et non durables. Relevés de terrain, questionnaires et entretiens ont complété la revue exhaustive par BLOOM de la documentation publiquement accessible.
La conclusion de cette enquête menée pendant cinq mois est qu’aucune enseigne ne satisfait entièrement les critères d’évaluation de BLOOM. Cependant, sur une échelle optimale de 100, certaines enseignes s’approchent quasiment aux trois quarts du score, tandis que d’autres ne dépassent pas la barre des 10%.
Alors que les trois quarts du poisson frais en France est acheté en grandes et moyennes surfaces, il est un peu effrayant de voir que la moitié des enseignes que nous avons évaluées ont des politiques d’approvisionnement faibles ou carrément inexistantes
Victoire Guillonneau, auteur de l'enquête
Nous avons également révélé que les marques les plus engagées dans la mise en œuvre de politiques respectueuses de l’environnement, Casino, Carrefour et Système U, communiquent très peu sur leur démarche, à l’inverse d’Intermarché, qui matraque les Français avec une opération publicitaire nationale destinée à « noyer le poisson » sur ses pratiques de pêche destructives et… à prendre des parts de marché à la concurrence.
BLOOM a porté une attention particulière à l’approvisionnement en espèces profondes des groupes étudiés. Là encore, Casino et Carrefour sont les meilleurs élèves grâce aux mesures qu’ils ont prises vis-à-vis de certaines espèces profondes particulièrement vulnérables comme la lingue bleue. Toutefois, la fondatrice de BLOOM se dit « déçue » par des mesures qu’elle juge « largement insuffisantes et inadaptées à l’urgence de la situation des océans profonds », impactés de façon sans doute irréversibles par les navires de pêche industrielle.
Intermarché, qui possède la plus grande flotte de chalutiers profonds industriels de France, est l’acteur de la grande distribution le moins éco-responsable et se situe de façon non surprenante en queue du classement. Pourtant, la note attribuée à Intermarché ne prend pas en compte le fait que le groupement des Mousquetaires possède des navires engagés dans la méthode de pêche décrite par les chercheurs comme la plus destructrice de l’histoire.
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