04 juin 2018
Le 29 mai, BLOOM a officiellement demandé à l’IFREMER l’accès à un rapport confidentiel sur l’impact de l’électricité sur les larves.
L’immense efficacité de la pêche électrique pour capturer les poissons attise les convoitises des pêcheurs industriels, notamment néerlandais, mais aussi français, espagnols, écossais… Ils font pression sur les pouvoirs publics pour obtenir que le courant électrique puisse continuer à être utilisé dans le milieu marin. Les États comme la Commission européenne, première coupable de l’autorisation de cette méthode de pêche, vont dans le sens des industriels en produisant une recherche orientée, à la méthodologie douteuse, comme on en voit bourgeonner en cette fin de mois de mai alors que les négociations européennes sur l’interdiction de la pêche électrique touchent peut-être à leur fin.
> Lire notre actu sur l’instrumentalisation de la science
Mais si un institut de recherche a en sa possession des données critiques sur l’impact du courant électrique sur la vie marine et qu’il ne les rend pas publiques, la faute est tout aussi grave que de produire des données biaisées.
Or, l’IFREMER a en sa possession de telles données mais elles ne sont pas publiques. Pis, toute mention à ce rapport d’expertise a disparu du site de l’IFREMER.
L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer a produit un rapport d’expertise en 2016 à la suite de mortalités importantes de larves de bar de la société Aquastream située à Plœmeur dans le Morbihan. Cette écloserie française bénéficiait d’un savoir-faire unique et fournissait de nombreux clients dans plusieurs pays, essentiellement situés autour du bassin méditerranéen. Elle a malheureusement été placée en liquidation judiciaire en 2017 à la suite de pertes importantes liées à des mortalités de larves de bar. Il semblerait que ces mortalités importantes aient été dues à la présence de faibles courants électriques dans les bassins.
Dans le contexte actuel de négociation européenne sur l’avenir de la pêche électrique et à la suite du vote du Parlement européen en janvier 2018 visant à interdire définitivement l’usage du courant électrique pour capturer des organismes marins, ce rapport d’expertise pourrait apporter des éléments cruciaux permettant de comprendre les impacts de l’électricité sur les larves de poisson. Les effets du courant sur les premiers stades de la vie sont encore très peu connus et étudiés.
Or ce rapport, visiblement confidentiel, a en plus été retiré du site de l’IFREMER alors qu’il était encore mentionné en janvier 2018.
A travers cette demande officielle, BLOOM espère pouvoir obtenir rapidement ce rapport d’une importance majeure. Un refus d’IFREMER et de l’État serait coupable dans le contexte actuel de négociations intenses où chaque nouvel élément peut jouer un rôle déterminant pour l’interdiction de cette méthode de pêche en Europe. Rappelons que la survie des pêcheurs artisans dépend d’une interdiction totale et rapide de la pêche électrique.
Lire notre lettre de demande d’accès au rapport de l’IFREMER
Lisez la BD qui raconte le scandale de la pêche électrique en images, et n’hésitez pas à interpeller le Président Macron.
Retrouvez toutes les étapes de notre campagne, par ordre chronologique ainsi que des données sur la pêche électrique.
Vous voulez consommer « durable » ? Orientez-vous vers une méthode de pêche douce. Les étiquettes sur les étals doivent obligatoirement mentionner la façon dont a été capturé le poisson, alors au lieu de connaître des centaines d’espèces et leur saison (= mission impossible !) et de vous fier à des labels trompeurs, retenez simplement les méthodes de pêche à privilégier avec notre guide des engins.