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15 février 2024

Mauvaise foi et langue de bois

Le président de la région Bretagne, M. Chesnais-Girard a répondu à vos nombreuses interpellations. D’abord en privé, avant de faire un communiqué public.

Mauvaise fois, langue de bois…

Il s’est enfoncé.

Ses arguments prouvent que les “responsables” politiques sont prêts à tout pour défendre la destruction de l’océan par les industriels.

Vendredi 16 février, le Conseil régional de Bretagne doit voter une « feuille de route pêche » dont le contenu est catastrophique.

La Feuille de route halieutique va fixer le pilotage et le financement du secteur de la pêche en Bretagne jusqu’en 2027 et ainsi déterminer la politique de la France pour les trois prochaines années. « Mais ce document supposé être stratégique s’enferme dans un productivisme débridé digne de l’après-guerre, et rate entièrement l’enjeu de la transition sociale et écologique du secteur », a réagi Valérie Le Brenne, chargée de programme chez BLOOM.

Dès mercredi 14 février, BLOOM a interpellé Loig Chesnais-Girard (président du Conseil régional) et Daniel Cueff (vice-président « Mer et Littoral ») pour demander le retrait de cette feuille de route irresponsable. La mobilisation a été massive : plus 30000 signataires de la lettre ouverte, des milliers de partages sur les réseaux sociaux et des dizaines de messages envoyés par notre communauté aux deux élus.

M. Chesnais-Girard a d’abord une réaction de crise par messages privés, avant de faire un communiqué public… qui reprend tous les éléments de langage des lobbies industriels.

Décryptage de ses erreurs, approximations et mensonges.

« Je milite pour une pêche durable »

Revenons aux définitions. Tout d’abord, « militer » = s’engager activement et de façon souvent passionnée dans une cause…

Quant à la notion de « pêche durable », elle ne correspond à rien si elle n’est pas définie précisément. D’un point de vue réglementaire européen, le concept de « pêche durable » est basé sur sur des indicateurs productivistes, notamment le très contesté « rendement maximum durable ».

BLOOM a par ailleurs démontré que le label « MSC », qui domine les ventes de « pêche durable » dans le monde, est une imposture. Les méthodes de pêche les plus destructrices au monde, comme les chaluts de fond, pélagiques et les dragues, représentent 83% des captures certifiées MSC entre 2009 et 2017.

Sous l’impulsion de BLOOM, des chercheurs ont évalué les performances écologiques, économiques et sociales des différentes méthodes de pêche. C’est, sans aucune contestation possible, la petite pêche côtière qui ressort, loin devant, de cette évaluation.

 

« Combattre les énergies fossiles » et « diminuer l’impact environnemental »

NON décarboner ne signifie pas se battre contre les énergies fossiles, à moins que Loïg Chesnais-Girard ait décidé d’attaquer Total en justice. Il y a une confusion entre « impact environnemental » et « empreinte carbone ».

L’impact environnemental englobe tous les effets, positifs ou négatifs, qu’une activité humaine peut avoir sur l’environnement (destruction de l’habitat, pollution, rejet, destruction d’espèce, consommation de carburant, etc).

L’empreinte carbone est la quantité totale de gaz à effet de serre (principalement du CO2) émis directement ou indirectement par une activité. La « décarbonation » du secteur de la pêche est le cheval de Troie de l’industrie, qui a bien compris que les enjeux climatiques avaient pris le pas sur les enjeux liés à la biodiversité, alors que les deux sont intimement indissociables.

Pour faire simple : un engin destructeur restera destructeur, qu’il soit opéré avec du gasoil ou de l’hydrogène. Prétendre que la transition énergétique du secteur de la pêche suffira à répondre à la destruction des écosystèmes marins et des économies littorales est un mensonge éhonté, que l’on retrouve abondamment sur les sites internet des plus grands lobbies de la pêche industrielle tels qu’Europêche et l’Union des Armateurs à la Pêche en France (UAPF).

Le renouvellement de la flotte ne peut se faire que s’il est profondément ancré dans le changement des pratiques de pêche, avec des bateaux plus petits, moins puissants et utilisant exclusivement des méthodes de pêche douces, « passives » telles que la ligne et le casier.

 

Confondre « capacité » et « quotas », est une erreur grossière pour un président de région.

La « capacité de pêche » et les « quotas » sont deux concepts distincts liés à la gestion de la pêche. La capacité de pêche se concentre sur la capacité intrinsèque de la flotte et des équipements à capturer du poisson, tandis que les quotas sont des limites réglementaires établies pour contrôler la quantité de poisson pouvant être prélevée dans une pêcherie donnée.

La capacité de pêche peut prendre en compte la taille et la puissance de la flotte de pêche, le nombre de jours de pêche disponibles et les engins de pêche utilisés.

Les quotas sont établis au niveau européen pour certaines espèces uniquement, puis alloués au sein des « organisations de producteurs », qui peuvent ensuite se les échanger, y compris entre pays. La région Bretagne n’a rien à voir là-dedans.

Surtout, la question n’est vraiment pas là : M. Chesnais-Girard veut financer la construction de nouveaux navires, plus grands (pour des raisons fallacieuses, cf. ci-dessous) et plus efficaces. Il est donc évident que la capacité de pêche va augmenter, quotas ou non. C’est le principe du « rampement technologique », qui cause une augmentation de pêche de l’ordre de 2% à 4% par an, à navires constants.

Par ailleurs, une grande partie de ces nouveaux navires aura vocation à cibler des espèces qui ne sont pas soumises à quota, donc l’excuse de M. Chesnais-Girard est hors sujet. C’est par exemple déjà le cas de certains navires de la Scapêche (du groupe Intermarché) et des armements APAK et SCAPAK, basés à Lorient, qui ont misé sur les espèces « hors quotas » et des méthodes de pêche absolument catastrophiques pour les pêcheurs artisans, notamment la senne démersale.

 

« Agir pour » : concrètement, M. Chesnais-Girard peut-il développer ?

Agir signifie prendre des mesures concrètes pour atteindre un objectif. Cela implique de passer de la réflexion à la mise en œuvre effective. Notamment, « Agir pour l’emploi et les conditions de travail de nos marins ». Il s’agit d’une belle promesse mais qui reste en l’air si un changement radical des pratiques de pêche n’est pas mis en œuvre. Depuis des décennies, la pêche industrielle n’a fait que détruire l’emploi, donc en quoi la construction d’un nouveau navire fonctionnant à l’hydrogène changerait-elle la donne ? C’est illusoire et fondé sur aucune donnée concrète.

Ce que les chiffres concrets disent, c’est que 84% des volumes capturés d’espèces surpêchées proviennent de la pêche industrielle (chaluts et sennes de plus de 12 mètres). Par exemple, un grand chalutier pélagique créé dix fois moins d’emplois par kilo de poisson débarqué qu’un petit navire côtier.

 

« La pêche la plus durable du monde »

Quelle est la référence, l’auteur ? Même le dernier rapport en date de l’Ifremer, qui ne regarde que la productivité du secteur et aucunement son impact, démontre très clairement que la France est très, très loin d’être la pêche la plus durable du monde.

 

La pêche durable ne nécessite pas d’agrandir les bateaux de pêche.

  1. Le moteur à hydrogène est une chimère.
  2. Se convertir aux méthodes de pêche sélectives, faiblement consommatrice de carburant et peu abrasive des fonds marins ne nécessite pas d’agrandir les bateaux de pêche, mais de revoir le modèle en permettant un accès aux quotas aux navires qui ont les meilleures performances écologique, sociale et économique.

 

75% des navires bretons font moins de 12 mètres

Enfin une vraie information ! C’est dommage que M. Chesnais-Girard ait accompli l’exploit « d’oublier » la petite pêche côtière dans les 112 pages de la feuille de route halieutique. De son propre aveu, suite à la publication de cette feuille de route par le média Splann !, le vice-président de la région, M. Cueff, avait d’ailleurs avoué que « l’absence de mention faite à la petite pêche au cours des 112 pages [était] un simple « oubli » qui sera corrigé l’oral vendredi ». Mais le mal est fait, et les écrits restent alors que les paroles s’envolent.

Si l’Annelies Ilena, un navire-usine de 145m de long pouvant pêcher 400 tonnes par jour est vraiment un modèle que vous ne défendez pas, soyez pro-actif et venez le combattre à nos côtés. M. Chesnais-Girard n’était pas présent à la manifestation contre ce navire.

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